La triche aux échecs : les différentes techniques et les moyens pour l’empêcher

Triche aux échecs

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Hans Niemann passé au détecteur de métaux avant le début de sa partie en Sinquefield Bup - photo Lennart Ootes

En bref

Le jeu d’échecs est souvent associé au fair-play, à l’excellence intellectuelle et à la noblesse de la compétition. Pourtant, derrière l’esprit chevaleresque se cachent parfois des tentatives de triche qui peuvent prendre de multiples formes. Qu’il s’agisse de stratégies frauduleuses “à l’ancienne”, comme les parties truquées, ou de méthodes sophistiquées reposant sur des technologies modernes (ordinateurs, écouteurs dissimulés, etc.), la triche inquiète tous les amateurs et professionnels. Quelles sont les différentes méthodes utilisées par les tricheurs ? Comment les détecter pour que l’affrontement reste honnête et juste ? Dans cet article, nous faisons un tour d’horizon de la triche aux échecs.

1. Les techniques de triche traditionnelles

Avant même l’avènement des ordinateurs et d’internet, le jeu d’échecs n’a pas été épargné par la triche. Les subterfuges pouvaient prendre différentes formes, certaines relevant d’arrangements bien connus dans la pratique sportive (faire exprès de perdre ou conclure une partie arrangée) et d’autres plus isolées (reprendre discrètement son coup en espérant ne pas être repéré).

Ces techniques traditionnelles sont parfois considérées comme « artisanales » par rapport aux méthodes modernes et informatiques, mais elles n’en demeurent pas moins dangereuses pour l’intégrité de la compétition, et restent d’actualité.

Faire exprès de perdre contre de l’argent

L’une des formes de triche les plus anciennes et peut-être l’une des plus simples à mettre en œuvre consiste à perdre volontairement contre un adversaire en échange d'une rémunération financière. Cette technique peut se rencontrer dans certains tournois ou même dans des rencontres amicales, sans prix ou impact sur le classement Elo des joueurs.

L’acheteur obtient un point au tournoi, ce qui lui permet de remonter au classement et véentuellement de gagner un prix. Le joueur acheté, lui, encaisse un billet !

Cette pratique moralement condamnable et bien entendu interdite existe dans de nombreux sports, et les échecs n’y échappent pas. Heureusement, elle reste relativement marginale et sévèrement sanctionnée lorsqu’elle est découverte. Les joueurs doivent en effet s’organiser, en préparant à l’avance une partie crédible, et qui n’éveillera pas la suspicion de l’équipe d’arbitrage ou des autres participants.

Se faire tatouer des variantes d’échecs, est-ce de la triche ? Ce cas de figure n’a encore jamais été rencontré ! photo Lennart Ootes

Arranger la nulle, est-ce tricher ?

Une autre technique consiste à arrange à l'avance un match nul. L’objectif peut être d’économiser de l’énergie dans un tournoi à rondes, d’assurer un certain classement ou tout simplement d’éviter une confrontation directe risquée. Dans certains cas, des nulles de salon (c’est-à-dire discutées à l’avance) peuvent permettre à deux joueurs de maintenir leurs positions respectives au classement et de se concentrer sur d’autres adversaires.

La nulle arrangée fait moins scandale que la partie perdue contre rémunération, car le résultat est beaucoup moins choquant qu’une défaite pure et simple. De plus, le match nul est un résultat fréquent et même logique aux échecs. Il est ainsi possible, dans la plupart des tournois, de proposer de terminer la partie par un match nul : une simple poignée de main scelle alors le résultat, et ce de façon tout à fait licite.

Cependant, cette pratique n’en reste pas moins un biais pour la compétition et a souvent fait l’objet de polémiques dans l’histoire des échecs. Des instances comme la Fédération internationale des échecs (FIDE) ont tenté de limiter la multiplication des nulles rapides en introduisant diverses règles (notamment la règle de Sofia, qui interdit la proposition de nulle avant un certain nombre de coups), mais cela ne peut pas empêcher toutes les ententes clandestines.

Lors du Championnat du monde de blitz 2023, Daniil Dubov et Ian Nepomniachtchi avaient joué une drôle de partie nulle, avec un véritable ballet de cavaliers menant à une répétition de coups, et donc la nulle. 

Le GM norvégien Jon Ludvig Hammer : « Il s'agit d'une partie truquée au-delà de tout doute raisonnable. C'est idiot de la part de Dubov et Nepo de risquer leur carrière pour ça. » Mais évidemment il n'y a eu aucune sanction. Car hormis la forme très provocante de cette nulle, rien ne la distingue d’une nulle pré-arrangée classique. Il existe d’ailleurs de très nombreux débuts de parties qui mènent automatiquement à la nulle, les grands maîtres les connaissent bien, et ils peuvent donc les choisir à loisir.

Une pratique contraire à l’esprit du jeu, mais pas au règlement : il convient donc aux organisateurs de trouver une parade.

Gagner des points dans des matchs amicaux arrangés

Dans le prolongement de la perte volontaire, il arrive que des joueurs arrangent des rencontres amicales leur permettant de gagner artificiellement des points ELO. Il suffit d’organiser des matchs hors tournoi officiels, mais homologués si un arbitre est présent, et de s’accorder à l’avance sur l’issue.

L’objectif peut être d’aider un joueur à décrocher le titre de maître international, en atteignant le classement Elo requis de 2400. Ou encore de gonfler son Elo pour obtenir des invitations.

Ces arrangements, bien que rares, sont évidemment interdits. Les fédérations nationales et la FIDE disposent de commissions de vérification et peuvent annuler les parties suspectes, voire suspendre les protagonistes.

Reprendre son coup

La « reprise de coup », courante dans les parties amicales dans un cadre familial avec un enfant, peut devenir un scandale lorsqu'elle intervient dans une compétition officielle.

L’exemple le plus connu de l’histoire moderne concerne l’un des meilleurs joueurs de l’histoire, Garry Kasparov. Lors d’une partie, le champion du monde a déplacé son cavalier, l’a lâché, avant de le déplacer sur une autre case. 

Bien entendu, cette pratique est interdite : une fois la place lâchée sur sa case de destination, le coup est terminé et l’on ne peut le reprendre.

L’exemple de Kasparov est rarissime à très haut niveau, car les champions sont étroitement surveillés lors des tournois. De nos jours, il n’est pas rare qu’une caméra les filme, ce qui exclut cette possibilité.

Par contre, chez les amateurs, cette pratique est plus courante qu’on ne le croit : il peut arriver qu’un joueur, pris par l’émotion, souhaite revenir sur un coup qu’il réalise immédiatement comme une erreur. D’où l’importance des arbitres, qui doivent rester vigilants !

La règle est “pièce touchée, pièce jouée”, et elle s’applique même pour le nez ! - photo Lennart Ootes

Se faire aider par un joueur plus fort à l’oral

Dans certains cas, on a pu voir des spectateurs ou des complices glisser des conseils à un autre joueur. En effet, les joueurs ont le droit de se lever de leur chaise et de marcher dans la zone de jeu pendant les parties. 

Des joueurs peuvent se croiser, et parfois se connaissent. Il n’est donc pas impossible qu’un joueur glisse un petit mot à un ami. L’aide peut être ponctuelle et circonstancielle (« Fais attention à ta pièce en d4 ! ») ou bien plus systématique.

Cependant, dans les tournois homologués, il est strictement interdit de parler ou de communiquer avec un joueur durant sa partie. Des arbitres veillent au grain, et les joueurs reçoivent des avertissements sévères s’il y a un comportement suspect dans la salle. De plus, les salles de jeu sont par nature silencieuses, et la moindre discussion est donc facile à détecter.

En pratique, on constate néanmoins que la tolérance zéro est rarement appliquée dans les tournois locaux, en particulier avec les jeunes joueurs.

Jouer volontairement un coup interdit ou déconcentrer l’adversaire

Il peut arriver qu’un joueur, de mauvaise foi ou simplement stressé, tente un coup illégal (comme déplacer une pièce d’une manière non autorisée) en espérant que l'adversaire ne le remarque pas. L’intentionnalité est alors essentielle : un joueur peut se tromper et faire un coup illégal, cela ne fait pas de lui un tricheur. Par contre, s’il a sciemment fait un coup illégal qui l’avantage, on peut alors parler de triche.

Toutefois, une fois de plus, la stricte surveillance lors des compétitions de haut niveau (où l’on filme parfois chaque table) décourage fortement ce type de pratiques. Le phénomène demeure davantage cantonné à des parties amateurs ou dans des compétitions de moindre envergure.

Cette technique est la spécialité des hustlers (arnaqueurs) que l’on retrouve souvent dans les parcs où sont installés des jeux d’échecs. Au Washington Square Park de New York, ils jouent en déconcentrant l’adversaire par du trash talk destiné à le perturber, voire en déplaçant des pièces de façon suspecte.

En 2016, le grand maître américain Maurice Ashley est allé incognito défier un hustler, la vidéo vaut le coup d'œil !

Notons que cette forme de triche est relative, car les parties n’ont pas un énorme enjeu, et se déroulent en-dehors d’un cadre officiel. Cette pratique, divertissante et spectaculaire, a le mérite de montrer à quoi ressembleraient les échecs en l’absence de règles et d’arbitres.

Le Turc mécanique : quand la machine cachait un homme

Enfin, terminons notre présentation de la triche “à l’ancienne” par un exemple étonnant, qui annonce déjà la triche technologique : le Turc mécanique.

Le « Turc mécanique » est un cas historique emblématique qui pourrait être qualifié de « supercherie » plutôt que de triche au sens moderne. Au XVIIIe siècle, un soi-disant automate joueur d’échecs, surnommé « Le Turc », battait de nombreux adversaires humains, dont Napoléon. Mais il s’avéra plus tard que ce fameux robot renfermait un maître d’échecs humain dissimulé dans un compartiment.

Le Turc mécanique est resté célèbre car il illustre bien la fascination du public pour l’idée qu’une machine puisse égaler l’humain aux échecs, et la volonté de certains de tromper ce même public pour profiter de cette fascination. Cette histoire fait la transition idéale vers la suite : la triche technologique.

2. La triche technologique

Avec l’émergence des technologies de plus en plus performantes et miniaturisées, la triche a pris un nouveau visage. Désormais, l’ordinateur est en mesure de calculer les coups avec une précision quasi parfaite, si bien que recevoir l’aide d’une « machine » durant une partie représente un avantage décisif. Un enfant de 5 ans peut, avec un ordinateur, battre le champion du monde ! De simples bracelets connectés, des micro-oreillettes, des téléphones dissimulés peuvent ainsi faire basculer l’issue d’un match.

Aujourd’hui, de nombreux tournois sont retransmis en direct sur internet, avec un échiquier électronique relié à une plateforme qui diffuse coup par coup. Cela permet potentiellement à des complices d’analyser la partie en temps réel grâce à un moteur d’échecs extrêmement performant et de transmettre les suggestions de coups gagnants au joueur sur place.

L’aide par informatique

Le cœur du problème réside dans la puissance des ordinateurs et l’évolution des algorithmes d’échecs. Depuis Deep Blue (qui a battu Garry Kasparov en 1997), les programmes informatiques n’ont cessé de s’améliorer. Des moteurs comme Stockfish, Komodo ou AlphaZero sont désormais capables de surpasser les meilleurs joueurs humains.

De plus, les appareils électroniques sont devenus tellement petits qu’ils tiennent aisément dans une poche ou peuvent être dissimulés dans des vêtements, des montres, voire des bijoux.

L’assistance informatique passe désormais par des appareils petits et facilement dissimulables. Si vous tentez d’obtenir l’aide d’extraterrestres avec un radiotélescope géant, vous serez rapidement repéré - photo Lennart Ootes

L’enjeu est donc, pour les joueurs, d’accéder aux coups proposés par l’ordinateur lors qu’ils disputent une compétition. Dans la pratique, certains tricheurs ingénieux ont trouvé le moyen de contourner les dispositifs de sécurité, d’autant que les organisateurs n’ont pas tous pris la mesure du problème, et que les mesures anti-triches sont parfois lacunaires.

Quelques cas de triche célèbres

En 2010, lors de l'Olympiade, Sébastien Feller est suspecté de triche, entachant la réputation de l’équipe de France. Selon les accusations, ses complices seraient Arnaud Hauchard, le capitaine de l’équipe, et Cyril Marzolo, qui lui transmettraient les bons coups par SMS depuis la France. Les trois joueurs seront condamnés pour ces faits.

Sébastien Feller, debout entre Laurent Fressinet et Maxime Vachier-Lagrave.

D’autres exemples existent dans le monde, et désormais les téléphones portables rendent le modus operandi beaucoup plus simple. Les fédérations nationales mènent l’enquête et n’hésitent pas à prononcer des sanctions lourdes. C’est ainsi que la triche technologique s’est invitée dans les discussions, poussant la FIDE à durcir les règlements.

Pourtant, lors de l’Olympiade 2024, des smartphones étaient entrés dans l’aire de jeu, dans le seul but de prendre des photos. Cela avait provoqué la colère de Vladimir Kramnik, entraîneur de l’Ouzbékistan : même en mode avion, la seule présence de smartphone à proximité des joueurs entretient le doute et la suspicion.

Magnus Carlsen et Hans Niemann - Photo Lennart Ootes

L’ère du soupçon : l’affaire Carlsen-Niemann

En 2022, l’affaire Carlsen-Niemann a fait ressurgir de manière violente la question de la triche au plus haut niveau. Magnus Carlsen, numéro 1 mondial, a laissé entendre que son adversaire, l’Américain Hans Niemann, pouvait avoir reçu une aide extérieure pour le battre.

Couverture du numéro de novembre 2022 d'Europe Échecs

Ce soupçon a provoqué une onde de choc, car Niemann avait déjà admis avoir triché en ligne à plusieurs reprises lors de sa jeunesse, sur des plateformes d’échecs en ligne. Bien qu’il ait prétendu avoir arrêté, la méfiance s’est installée. L’affaire a ravivé le débat sur la difficulté de prouver la triche lorsqu’elle s’appuie sur des méthodes technologiques ou qu’elle se déroule sur internet.

Le point clef de cette affaire est le doute qui peut exister dans l’esprit de nombreux joueurs quant à la probité des performances de leur adversaire. Magnus Carlsen n’a pas apporté de preuves matérielles de la triche, mais un faisceau d’indices a suffit à provoquer sa réaction.

L’affaire échappe d’ailleurs totalement au monde des échecs, prenant une ampleur démesurée. Elon Musk a ainsi relayé un commentaire selon lequel Hans Niemann aurait triché au moyen d’un plug anal télécommandé, vibrant pour lui indiquer les meilleurs coups. Un hypothèse farfelue qui ne repose sur rien, mais permet d’agiter les réseaux sociaux.

Notons qu’un bon joueur n’a pas besoin que le matériel connecté lui indique précisément le coup à jouer. Très souvent, un simple signal basique (par exemple la vibration d'un appareil électronique) lui signifiant qu’il y a quelque chose de précis à trouver dans la position suffit pour lui apporter une aide décisive. Si l’on sait qu’il y a quelque chose à trouver, on va bien mieux chercher ! Ce point est essentiel, car la lutte contre la triche doit donc prendre en compte des appareils moins flagrants et grossiers qu’un smartphone.

Notons que ce petit signal peut aussi être envoyé de façon plus artisanale : un complice présent dans la salle peut indiquer par un signe l'évaluation de la position par l'ordinateur, par exemple en croisant les jambes dans un sens précis ou en enlevant sa veste. D'où l'utilisation de "cage" où les joueurs ne peuvent pas voir le public sur certains évènements, ou des salles isolées comme pour le championnat du monde.

Les soupçons de triche ne datent pas d'hier !

Si l’ère du soupçon semble à son apogée, l’histoire des échecs n’en est pas exempte. Déjà, lors de la finale du championnat du monde de 1978 entre Anatoli Karpov et Viktor Korchnoï, la polémique battait son plein. Korchnoï, particulièrement méfiant, redoutait d’éventuels messages codés dans les yaourts amenés à Karpov. Un contrôle strict fut mis en place, au point que même la couleur du yaourt fut analysée afin de vérifier qu’elle ne correspondait pas à un code !

Plus près de nous, lors du match de championnat du monde de 2006 entre Vladimir Kramnik et Veselin Topalov, une violente controverse eut lieu autour d’accusations de triche. L’équipe de Topalov suspectait Kramnik de recevoir de l’aide dans sa salle de repos ou lors de ses fréquents passages aux toilettes. Aucune preuve n’a jamais été établie, mais le climat était extrêmement délétère, et l’affaire est restée dans les annales comme la « toiletgate » (ou « bathroom controversy »).

Vladimir Kramnik et Veselin Topalov

La triche prend ampleur nouvelle avec le jeu en ligne

Avec l’explosion des plateformes de jeu en ligne, les échecs connaissent un regain de popularité massif. Malheureusement, la triche aussi. Il est très facile, pour un joueur, d’ouvrir un deuxième onglet ou une application de moteur d’échecs sur son ordinateur ou son smartphone, et de jouer les coups suggérés.

Toutes les plateformes de jeu en ligne ont mis en place des dispositifs anti-triche, qui détectent notamment lorsque l'utilisateur consulte d'autres onglets ou logiciels pendant la partie. Ils sont aussi techniquement capables de repérer des pourcentages de similarité avec les meilleurs coups de moteurs d’échecs.

Les sites bannissent alors les comptes suspectés de manière automatique ou à la suite de vérifications. Mais ces systèmes ne sont pas fiables à 100%, et la sanction repose parfois sur une analyse statistique (qui est certes parfois accablante !)

La triche, agaçante lorsque l’on dispute une partie amicale en ligne, peut avoir de plus lourdes conséquences s’il s’agit d’un tournoi plus officiel joué sur Internet, et doté de prix. Dans l’affaire Niemann, Magnus Carlsen affirme qu’il est particulièrement méfiant car Hans Niemann a avoué avoir triché plusieurs fois en ligne. On comprend donc pourquoi, en l’absence de moyens fiables à 100 % pour garantir la légitimité d’une partie, le soupçon peut planer.

Un climat de suspicion parfois dévastateur

Les suspicions de triche peuvent avoir des effets dévastateurs sur la carrière d’un joueur, surtout dans le monde professionnel ou semi-professionnel où l’image et la réputation sont cruciales. Parfois, des accusations infondées ou trop hâtives peuvent détruire une réputation et conduire à la mise à l’écart injuste d’un talent.

Alexander Grischuk a ainsi exprimé ses doutes face aux performances des jeunes Indiens Gukesh et Erigaisi. Sans apporter la moindre preuve matérielle, il éveille les soupçons et relance la polémique sur la triche aux échecs.

Valdimir Kramnik et José Martínez - Photos Lennart Ootes

De la même façon, l’ancien champion du monde Vladimir Kramnik avait accusé le grand maître José Eduardo Martínez Alcántara de tricher sur internet, et a organisé un match en présentiel pour le prouver. 

José Eduardo Martínez Alcántara s'est imposé 15,5 à 11,5, battant ainsi en brèche les accusations de Kramnik. Saluons le panache du Mexicain, qui avait tout à perdre dans cette rencontre ! Si le match a été serré devant l'échiquier, José Martínez a pris un net ascendant lors des parties jouées sur ordinateur, ce qui prouve à nouveau que les deux pratiques ne sont pas tout à fait identiques. Certains joueurs sont plus à l'aise que d'autres devant un écran : une question d'habitude sans doute.

Cette croisade de Kramnik montre que le climat actuel de suspicion peut faire perdre toute lucidité même aux plus grands champions. Les cas de triche existent bel et bien, ne sont pas rarissimes, mais dans le cas présent le match offrait toutes les garanties nécessaires à un duel équitable. L'attitude de Kramnik nous semble donc contre-productive : la triche en ligne est très présente, menace l'intégrité du jeu d'échecs et nécessite des mesures fortes, mais l'ancien champion du monde semble se tromper de cible. 

L'équilibre semble ténu entre la légitime prise de conscience face au danger que constitue la triche, et la paranoïa. Comme pour beaucoup d'autres sujets, la nuance est nécessaire !

Le dopage existe-t-il aux échecs ?

Le dopage n’est pas l’apanage des seules disciplines sportives nécessitant un effort physique soutenu, comme le cyclisme ou l’athlétisme. Même dans un sport de l’esprit tel que les échecs, la tentation de recourir à des produits améliorant les performances cognitives existe. Les rares études indiquent que certaines substances pourraient en effet influer sur la concentration et la résistance au stress, deux facteurs clés au plus haut niveau de la compétition échiquéenne.

Les principaux avantages escomptés sont l’augmentation de la concentration et de la vigilance, ainsi que le soutien de la mémoire à court terme. Les compétitions d’échecs peuvent s’étendre sur de longues heures, et un joueur fatigué peut alors commettre des erreurs décisives. Les stimulants (tels que le méthylphénidate ou certaines amphétamines) et les bêta-bloquants, censés réduire le stress et l’anxiété, figurent parmi les produits les plus recherchés pour améliorer ces capacités.

Conformément aux règles de la Fédération internationale des échecs, qui s’alignent sur le Code mondial antidopage, la prise de substances dopantes est strictement prohibée lors des compétitions officielles. On retrouve notamment les produits cités ci-dessus dans cette liste noire, qui est publiée sur le FIDE Anti-Doping Rules consultable en ligne. Toutefois, il est important de souligner que la consommation de café ou d’autres boissons caféinées ne figure pas dans les interdictions, à moins d’atteindre des doses extrêmement élevées, ce qui reste très rarement contrôlé et sanctionné.

L’ancien champion du Monde Ding Liren savourant un café, pratique qui reste heureusement autorisée ! Photo Lennart Ootes

De plus, ces interdictions sont très théoriques. Bien que le règlement antidopage de la FIDE prévoit des tests similaires à ceux pratiqués dans d’autres sports, leur application reste limitée en pratique. Les contrôles sont très rares et non systématiques, et ils se déroulent principalement lors de tournois internationaux de très haut niveau. Rassurez-vous, dans les tournois amateurs, vous pouvez sans craindre boire un café avant la partie, et même pendant !

Dans un article publié en 2017 dans Le Monde, Dominique Barthélemy expliquait pourtant que le dopage pourrait avoir un impact important sur les performances des champions. Heureusement, rien ne semble indiquer que les joueurs utilisent ces substances, qui nécessitent une organisation complexe et mettent en péril la santé. L'enjeu actuel pour les joueurs de haut niveau semble surtout d'améliorer leur condition physique par la pratique régulière d'une activité physique, et la principale menace vient du “dopage informatique”, beaucoup plus performant. Nous sommes donc encore très loin des autres sports sur ce sujet, et c'est tant mieux !

La triche est-elle répandue ?

Sur Internet, la triche n’est pas rare, mais elle est généralement plutôt facile à identifier avec les systèmes de contrôle mis en place par les sites de jeu. Donnons la parole à Gérard Demuydt, webmaster de notre site : 

Abordons la triche en ligne entre joueurs amateurs, vous, moi... Dans ce cas, c’est détectable ! Les tricheurs plus faibles ont besoin de nombreux coups de machine pour gagner. 1 ou 2 pions de plus ne suffisent plus, et donc, les similarités entre les coups d’un joueur d’environ 1700 à 2000 Elo sur Internet et ceux d’un programme comme Stockfish à 3000 Elo seront nombreux. Généralement, ces tricheurs sont seuls devant leur écran, sans complice. Ils doivent donc dupliquer tous les coups joués sur leur logiciel, leurs propres coups et ceux de leurs adversaires. La régularité mécanique des coups joués est un bon indice de triche. De plus, si le tricheur place la zone de jeu en direct et son logiciel d’échecs sur un même écran, la plateforme détecte toutes les fois que la souris quitte la zone de jeu. En résumé : de nombreux coups d’ordinateur + aucune grosse faute + régularité + souris qui voyage = 100 % tricheur ! Par expérience, sur Internet, il y a beaucoup plus de gens qui pensent que leur adversaire triche que de tricheurs ! Dans l’immense majorité des cas, dans les parties que nous vérifions, des gaffes sont commises de part et d’autre et donnent raison aux aphorismes de Xavier Tartakover (1887 - 1956) : « Les échecs sont un conte de fées de 1001 gaffes » ou encore : « Les erreurs sont là, sur l’échiquier, attendant d’être commises. »

Gérard Demuydt

En résumé, la triche en ligne effectuée par des joueurs amateurs est rarement sophistiquée et souvent flagrante. Le système de fair-play permet donc très souvent de la détecter et de la sanctionner. Évidemment, lorsqu’une méthode plus complexe est déployée, la tâche se complique. Mais ce cas de figure est rare pour de simples parties amicales.

Pour les parties en présentiel, nous manquons de sources pour savoir si la triche est répandue. En 2024, la Fédération française des échecs a lancé une enquête pour évaluer la perception de la triche par les joueurs. 46% des personnes estiment que la triche est très ou assez préoccupante, contre seulement 11% qui la juge pas du tout préoccupante. 50% estime que les organisateurs ne sont pas assez ou pas du tout concernés par ce problème, et 31% pense avoir été victime ou témoin de triche lors d’une compétition officielle. Ces résultats ne traduisent pas une réalité objective, mais sont révélateurs d’un climat de suspicion qui ne se limite pas aux compétitions de très haut niveau.

3. Comment lutter contre la triche ?

Face à la multiplication des cas de triche et à l’émergence de nouvelles technologies, le monde des échecs a été contraint de mettre en place des règles, des protocoles et des outils de plus en plus élaborés. Rien ne garantit toutefois une éradication totale de la triche. Le combat est permanent, et implique la collaboration de tous les acteurs : joueurs, arbitres, organisateurs, fédérations et même amateurs qui doivent comprendre l’importance de ces mesures.

L’arbitrage : au cœur de la surveillance

Les arbitres jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la triche. Ce sont eux qui veillent au respect du règlement, surveillent la salle de jeu, répondent aux réclamations.

Piliers du fair flay face à la triche “à l’ancienne”, leur mission s’est considérablement complexifiée avec l’arrivée des nouvelles technologies :

  • Contrôles à l’entrée de la salle : fouilles de sacs, détecteurs de métaux, obligation d’éteindre les téléphones portables.
  • Surveillance : veiller à ce qu’aucun joueur ne reprenne son coup, ou en cas de comportement suspect.
  • Rappel à l’ordre : par exemple lorsqu’un joueur communique avec un autre pendant une partie, un rappel à l'ordre peut être une première étape avant la sanction.
  • Sanctions : avertissements, parties perdues, exclusion du tournoi ou même suspension en cas de preuve flagrante de triche.
        Toutes les mesures anti-triches les plus perfectionnées ont été prises au Championnat d'échecs des USA, avec le scan méticuleux des… bananes  ! - Photo Lennart Ootes

        De nouvelles règles adaptées aux techniques modernes

        Susan Polgar, ancienne championne du monde, a récemment proposé des ajustements réglementaires pour mieux encadrer la lutte contre la triche.

        1. Retarder la diffusion de 30 minutes des parties sur Internet, pour compliquer la transmission des coups à un complice.
        2. Aucun appareil électronique autorisé, ce qui actuellement une mesure adoptée dans la plupart des tournois.
        3. Spectateurs les 15 à 30 premières minutes seulement dans la salle, pour éviter qu’ils ne puissent transmettre des informations.
        4. 1re infraction de tricherie = interdiction de 2 à 5 ans
        5. 2e délit de tricherie = interdiction à vie.

        Ces propositions vont dans le sens d’un durcissement des règles souhaité par beaucoup. Notons qu'elles visent à prévenir la triche, mais aussi à la sanctionner davantage dans un but dissuasif.

        Les organisateurs de grands tournois ont aussi pris des mesures concrètes, comme l’introduction d’un protocole de contrôle électronique plus strict, ou l’interdiction totale d’introduire un téléphone dans la salle de jeu.

        De nouveaux outils : détecteurs de métaux et scanners

        Les contrôles se sont professionnalisés. Dans les grands tournois, il n’est pas rare de passer sous le portique de sécurité d’un détecteur de métaux. Les organisateurs peuvent aussi effectuer des fouilles visuelles ou tactiles si un comportement est jugé suspect.

        L’objectif est d’éviter qu’un joueur ne pénètre dans la zone de jeu avec un appareil connecté, en particulier un téléphone portable. Car la puissance de calcul d’un simple smartphone dépasse celle de n’importe quel grand maître, donnant à son possesseur un avantage décisif.

        Contrôle au détecteur pour Hans Moke Niemann, comme pour tous les joueurs à la Sinquefield Cup - photo Lennart Ootes

        Cette politique de tolérance zéro vis-à-vis des objets électroniques concerne d’abord les téléphones, mais désormais tous les objets connectés sont bannis, en particulier les oreillettes. 

        Les montres sont elles aussi désormais suspectes ! En 2023, lors du Qatar Masters, le numéro 1 mondial avait évoqué la montre de son adversaire Alisher Suleymenov après sa défaite. Les organisateurs avaient alors introduit de nouvelles mesures pour lutter contre la triche : tous les objets activant les scanners de sécurité à l’entrée de l’enceinte de jeu (stylos, portefeuilles, montres, etc.) devaient être laissés au point de contrôle, et étaient donc exclus de l’aire de jeu. Difficile de jouer dans des conditions sereines lorsque même une montre peut être considérée comme suspecte !

        Les tournois en ligne : des dispositifs de surveillance spécifiques

        Lorsque la pandémie de COVID-19 a paralysé les événements sportifs mondiaux, le jeu d’échecs a trouvé un nouveau souffle en ligne, permettant de jouer tout en respectant les contraintes sanitaires. Pour pallier l’absence de compétitions en présentiel, des tournois en ligne dotés de prix ont vu le jour.

        Mais ce succès a immédiatement soulevé la question de la triche. Comment s’assurer qu’un joueur, confortablement installé chez lui, ne consulte pas un moteur d’échecs pendant la partie ?

        Plusieurs solutions ont été mises en place :

        • Webcam obligatoire : les participants sont filmés en permanence, comme ce fut le cas lors du Championnat de France de blitz en ligne. Les organisateurs peuvent ainsi vérifier que personne ne regarde un second écran ou ne reçoive de l’aide extérieure.
        • Partage d’écran : pour certains tournois, les joueurs doivent partager leur écran principal pour prouver qu’aucun logiciel d’échecs n’est utilisé en parallèle.
        • Analyse “post-mortem” des parties : si les coups joués sont jugés trop proches de ceux recommandés par un moteur, des soupçons pèsent immédiatement sur le joueur.
        • Interdiction des écouteurs.
            Lors du tournoi en ligne de Open de blitz Tetraktys Concept Management, tous les joueurs étaient surveillés par les arbitres via une webcam

            Malgré cela, le risque zéro n’existe pas. On sait que des tricheurs particulièrement déterminés peuvent utiliser un deuxième ordinateur ou un smartphone en dehors du champ de la caméra. Les organisateurs tentent de multiplier les angles de vue (deux caméras, parfois plus) pour décourager ces pratiques, mais la complexité supplémentaire annihile tous les avantages du jeu en ligne, populaire pour sa simplicité et ses faibles coûts d’organisation.

            L’analyse des parties et la méthode du professeur Kenneth Regan

            L’un des outils les plus pointus pour repérer la triche est l’analyse statistique des coups. Le professeur Kenneth Regan, statisticien et maître international, a développé un algorithme capable de comparer en détail les coups joués par un individu avec ceux d’un moteur de référence.

            "Vous avez joué un tout petit peu trop bien pour un humain" semble dire Kenneth Regan ! - Photo Lennart Ootes

            Le principe est simple : il compare chaque coup joué avec le premier ou les premiers choix du moteur informatique.

            Il pondère ensuite en fonction de la difficulté de la position, du temps de réflexion, du niveau supposé du joueur, etc. Il est en effet parfois très facile de deviner le meilleur coup de l’ordinateur, par exemple s’il s’agit de capturer la dame adverse en un coup. Dans ce cas précis, jouer comme une machine n’indique en rien une triche. À l’inverse, jouer le meilleur coup de l’ordinateur dans une position extrêmement complexe, avec seulement quelques secondes à la pendule est un indice sérieux.

            Enfin, il détermine si la fréquence des coups « parfaits » ou presque parfaits sort de la norme statistique. Si les coups sont bons, sont-ils pour autant étonnants d’un point de vue humain ?

            Cette méthode est un des axes utilisés actuellement dans la lutte contre la triche en ligne. Toutefois, même un algorithme sophistiqué ne peut fournir une preuve irréfutable dans tous les cas. Un joueur peut tout simplement réaliser une « partie du siècle » ponctuellement. À l’inverse, un tricheur peut s’arranger pour ne choisir les coups du moteur qu’aux moments critiques, afin de rester dans la moyenne statistique.

            En résumé, malgré ces avancées, la détection de la triche demeure un chantier complexe et en constante évolution.

            Les toilettes, talon d’Achille de la lutte contre la triche ?

            Terminons par une note en apparence plus légère.

            En 2024, Kirill Shevchenko a été exclu du Championnat d'Espagne par équipes. Lors de la deuxième ronde, c’est Francisco Vallejo Pons, adversaire de Kirill Shevchenko, qui a signalé ses soupçons à l’arbitre. Il estimait que Shevchenko passait un temps anormalement long aux toilettes, situées en dehors de la zone de jeu.

            L’arbitre a alors demandé aux organisateurs de procéder à une vérification. Un téléphone a ainsi été retrouvé dans une cabine fermée à clé, accompagné d’un mot manuscrit indiquant : « Ne touchez pas, ce téléphone est déposé ici pour que son propriétaire puisse répondre la nuit ! ». Après comparaison de l’écriture de la note avec celle de Kirill Shevchenko, les arbitres ont conclu qu’il s’agissait bien de son téléphone.

            Les toilettes sont un lieu très sensible pour les tournois d'échecs, car difficiles à surveiller pour des raisons évidentes. Déjà en 2006, le toiletgate déjà évoqué dans cet article avait secoué le monde des échecs. En 2015, Gaioz Nigalidze avait caché un téléphone dans les toilettes pour tricher. En 2019, le grand maître Igor Rausis avait été surpris aux toilettes avec un téléphone portable lors de l'Open de Strasbourg. Il avait ensuite été condamné à six ans d'interdiction de participer à des compétitions officielles.

            En 2019, les organisateurs du Championnat d'Europe individuel féminin avaient pris une mesure qui avait alors surpris : un appareil accroché au mur des toilettes captait les éventuels signaux émis par un téléphone, et les envoyait directement sur l'ordinateur des organisateurs.

            En résumé, les nombreuses affaires, les suspicions et les nouvelles technologies prouvent qu'il devient nécessaire de renforcer les contrôles des toilettes des tournois d'échecs. Celles-ci devraient systématiquement faire partie de la zone de compétition et être vérifiées. Évidemment, un contrôle au moment de l'entrée du joueur dans la zone de jeu est indispensable, pour éviter qu'un téléphone ne puisse s'y introduire. Si un tel dispositif semble possible et acceptable pour les compétitions de haut niveau, la généralisation de la triche risque de rendre ces contraintes particulièrement pénibles pour les compétiteurs amateurs. Ces derniers cherchent avant tout à passer un bon moment, sans avoir pour cela à passer des barrières de sécurité dignes d'un aéroport...

            Conclusion : la triche menace-t-elle l’avenir des échecs ?

            La triche aux échecs n’est pas un phénomène nouveau. Depuis les arrangements financiers de l’époque classique jusqu’aux micro-écouteurs et aides informatiques actuelles, elle a traversé les siècles sous diverses formes. Néanmoins, l’ampleur et la sophistication qu’elle a prises à l’ère de la technologie soulèvent des inquiétudes inédites.

            Le fait que même qu'un champion du calibre de Magnus Carlsen puissent soupçonner un adversaire lors d’un tournoi de prestige démontre la gravité du phénomène. Les scandales de triche, qu’ils soient avérés ou qu’ils relèvent de simples soupçons, jettent un voile de doute sur les performances, y compris celles des plus grands noms du jeu d’échecs.

            • Impact sur les joueurs : le climat de suspicion peut briser des carrières, ternir la réputation d’un joueur, et la suspicion peut diminuer le plaisir de jouer.
            • Impact sur le public : la confiance dans les compétitions est ébranlée, ce qui peut nuire à la popularité d’un jeu pourtant en pleine expansion. Rappelons-nous de l’époque noire du Tour de France, avec les soupçons de dopage qui ont provoqué un désintérêt pour ce sport.
            • Impact sur l’organisation des tournois : les dispositifs de sécurité se multiplient, rendant la logistique plus lourde et plus onéreuse. Si les grands tournois vont s’équiper, les petits clubs et tournois régionaux risquent de ne pas avoir les moyens de le faire, créant des échecs à deux vitesses concernant la triche.

            Pour autant, il ne faut pas voir l’avenir du jeu d’échecs en noir. La grande majorité des joueurs, qu’ils soient amateurs ou professionnels, restent profondément attachés à l’éthique et à la beauté de ce sport. La triche reste un phénomène minoritaire, et même très minoritaire. De plus, l’amélioration constante des méthodes de détection (fouilles, analyses informatiques, caméras, etc.) contraint les tricheurs à prendre des risques de plus en plus élevés.

            Face à la triche, les arbitres, organisateurs et simples joueurs doivent prendre la mesure de ce danger. C’est au prix d’une rigueur et d’une adaptation à l’évolution de la menace que nous pourrons continuer à prendre du plaisir à jouer aux échecs !