En bref
Nouveau coup de tonnerre dans le monde des échecs, déjà régulièrement secoué par les suspicions de triche ! Kirill Shevchenko, qui joue pour l'équipe de Silla (près de Valence), doit quitter le Championnat d'Espagne par équipes sur décision des arbitres et des organisateurs. Ses deux premières parties - une nulle contre Bassem Amin et une victoire contre Paco Vallejo - sont déclarées perdues pour le joueur ukrainien qui évolue désormais sous drapeau roumain.
Francisco Vallejo Pons, son adversaire lors de la deuxième ronde, a fait part de ses soupçons à l'arbitre. Selon lui, Kirill Shevchenko passait un temps anormalement long aux toilettes, qui sont situées en-dehors de l'aire de jeu. L'arbitre a alors demandé à l'équipe organisatrice du championnat de mener l'enquête, et un téléphone a été trouvé dans une cabine fermée à clé, accompagné d'une note manuscrite ("Ne touchez pas, le téléphone a été laissé pour que son propriétaire puisse réponde- la nuit !"). En comparant l'écriture de cette note à celle de Kirill Shevchenko, les arbitres ont considéré qu'il s'agissait bien de son téléphone. (source : El Mundo)
Le 14 octobre, la Fédération espagnole a publié un communiqué, remerciant l'équipe de Silla pour sa coopération, et déclarant que "la FEDA maintient un engagement ferme contre la triche aux échecs, en agissant aussi vigoureusement que possible dans tous les cas détectés. Nous regrettons profondément que ces événements se soient produits."
L'arbitre en chef Oscar Bruno de Prado Rodriguez a ajouté qu'un "rapport complet, avec toutes les preuves, sera soumis au Comité technique des arbitres de la FEDA et au Comité d’éthique de la FIDE." L'affaire ne s'arrêtera donc pas là, et Kirill Shevchenko risque une sanction beaucoup plus lourde.
Les toilettes sont un lieu très sensible pour les tournois d'échecs, car difficiles à surveiller pour des raisons évidentes. Déjà en 2006, le toiletgate avait secoué le monde des échecs. Lors de la finale du Championnat du monde entre Vladimir Kramnik et Veselin Topalov, ce dernier avait reproché au Russe d'aller trop souvent aux toilettes, le soupçonnant d'y utiliser un logiciel informatique. En 2015, Gaioz Nigalidze avait caché un téléphone dans les toilettes pour tricher. En 2019, le grand maître Igor Rausis avait été surpris aux toilettes avec un téléphone portable lors de l'Open de Strasbourg. Il avait ensuite été condamné à six ans d'interdiction de participer à des compétitions officielles.
Any signals in toilet will be caught by this device on the wall and transmitted to a laptop! Organizers have taken the necessary measures for any kind of cheating attempt. To ensure honesty and fair play is one of the most important issues in our era #ewicc2019 #chess pic.twitter.com/6hRdZXaT09
— European Women’s Individual Chess Championship (@ewicc2019) April 13, 2019
En 2019, les organisateurs du Championnat d'Europe individuel féminin avaient pris une mesure qui avait alors surpris : un appareil accroché au mur des toilettes captait les éventuels signaux émis par un téléphone, et les envoyait directement sur l'ordinateur des organisateurs.
Ces affaires prouvent qu'il devient nécessaire de renforcer les contrôles des toilettes des tournois d'échecs. Celles-ci devraient systématiquement faire partie de la zone de compétition et être vérifiées. Évidemment, un contrôle au moment de l'entrée du joueur dans la zone de jeu est indispensable, pour éviter qu'un téléphone ne puisse s'y introduire. Si un tel dispositif semble possible et acceptable pour les compétitions de haut niveau, la généralisation de la triche risque de rendre ces contraintes particulièrement pénibles pour les compétiteurs amateurs. Ces derniers cherchent avant tout à passer un bon moment, sans avoir pour cela à passer des barrières de sécurité dignes d'un aéroport...