Ju Wenjun conserve son titre de Championne du Monde d'Échecs

En battant sa challenger et compatriote Lei Tingjie sur le score final de 6,5 à 5,5, avec une victoire dans la douzième et dernière partie classique du match, la Chinoise Ju Wenjun conserve son titre de Championne du Monde d'Échecs. Ju Wenjun est devenue championne du monde d'échecs en mai 2018 après avoir battu sa compatriote Tan Zhongyi 5,5 à 4,5. Elle a conservé son titre en novembre 2018 dans un championnat du monde au système coupe avec 64 joueuses au départ, en venant à bout de Kateryna Lagno au départage de la finale, puis en janvier 2020, lors d'un match contre Aleksandra Goryachkina, après départage aussi.

Ju Wenjun participera à la Coupe du Monde https://www.europe-echecs.com/art/fide-world-cup-2023-9059.html qui débute le 29 juillet. En revanche, ce ne sera pas le cas de Lei Tingjie.

Le score du match

Les parties classiques

Douzième partie classique

Après avoir été malmenée dans la première moitié du match, puis avoir redressé la barre au début de la deuxième moitié avant d'égaliser, Ju Wenjun pourrait coiffer Lei Tingjie sur le poteau avec l'avantage des pièces blanches dans la douzième et dernière partie classique du match de Championnat du Monde d'Échecs 2023 !

Ju Wenjun a joué une nouvelle ouverture pour surprendre Lei Tingjie : 1.d4 d5 2.♘f3 ♘f6 3.e3 c5 4.dxc5 e6 5.b4 a5 6.c3... qui est en fait une sorte de variante Noteboom, de Daniël Noteboom (1910-1932) : 1.d4 d5 2.c4 e6 3.♘c3 c6 4.♘f3 dxc4 5.a4... couleurs inversées.

Onzième partie classique

Apparemment, jusqu'à maintenant, dans l'histoire des matchs de championnat du monde féminin d'échecs, avec des joueuses à égalité avant les deux dernières parties, l'équilibre n'a jamais été rompu. Cela aurait pu arriver en 1981 entre Maia Chiburdanidze et Nana Alexandria, alors à sept points chacune après quatorze parties, Chiburdanidze remporta la quinzième, Alexandria la seizième, et Maia Chiburdanidze conserva son titre avec ce nul.

En 2020, Ju Wenjun avait conservé son titre en remportant le départage 2,5 à 1,5 contre Aleksandra Goryachkina. https://www.europe-echecs.com/art/championnat-du-monde-feminin-d-echecs-3-8062.html

Cependant, nous n'en sommes pas encore là. Lei Tingjie a l'avantage des pièces blanches dans la onzième partie, et comme elle n'avait pas vraiment de raison de varier de son 1.e4, il restait à voir ce que Ju Wenjun allait répondre, et ce fut un un retour à 1...e5, avec un Giuoco Pianissimo, comme dans la cinquième partie qui avait donnée la victoire à Lei.

Un Giuoco Piano qui est lentement monté en tension, mais dans lequel Lei Tingjie n'a vraiment rien obtenu de tangible, bien au contraire, puisque c'est Ju Wenjun qui a réussi a manœuvrer jusqu'à réaliser la forte poussée 35...e4!. La machine a proposé un étrange 38...♗g5!?, non joué par Ju Wenjun, qui aurait pu perturber Lei Tingjie, et une liquidation a mené à la répétition de la position. Ju Wenjun aura l'avantage des pièces blanches dans la douzième et dernière partie en cadence classique avant les départages.

dixième partie classique

Après la neuvième partie, lorsque l'attachée de presse adjointe, Gu Xiaobing, a demandé aux joueuses si elles avaient un « porte-bonheur », Ju Wenjun a répondu qu'elle n'en avait pas et que « le plus important est de me sentir bien ». La réponse de Lei Tingjie a été : « Je suppose que chaque joueur en a, mais si cela fonctionnait j'irais voir une diseuse de bonne aventure. »

Selon la physionomie du match jusqu'à maintenant, à notre avis la dixième partie va être d'une grande importance. Alors que Lei Tingjie a posé des problèmes à son adversaire en menant la danse dans les ouvertures dans la première moitié jouée à Shanghaï, depuis que les joueuses sont à Chongqing, Ju Wenjun a changé le rythme de ce championnat du monde jusqu'à obtenir l'égalisation. Mieux encore, avec une défense Sicilienne dans la neuvième partie - une ouverture qu'elle n'avait pratiquement jamais jouée - c'est Ju qui a pris les commandes dans le début de partie.

Dans la dixième partie, Ju est revenue à 1.♘f3, mais Lei l'attendait le pied ferme et avait préparé une formation avec un pion isolé, qui colle à son style énergique. « À mon avis, le problème du pion dame isolé est l'un des principaux problèmes du jeu positionnel. » Aaron Nimzowitsch (1886-1935) dans "Mon System", même si Nimzowitsch n'était pas tendre avec le pion isolé : « Tout ce que l'on a dit sur la force dynamique du pion-dame isolé n'est que balivernes. Non, la triste réalité montre un autre tableau ; le joueur ayant le pion-dame isolé doit être satisfait s'il parvient à couvrir sa faiblesse ! » À l'opposé de Nimzowitsch, Siegbert Tarrasch (1862-1934), écrivait : « Celui qui craint de jouer avec un pion Dame isolé devrait abandonner les échecs. »

Alexandra Kosteniuk, après 23...♖d7 : « Elle [Lei Tingjie] est très rapide. Elle continue de m'impressionner en prenant des décisions très rapides dans des situations où vous pensez qu'il va y avoir une réflexion de 20 minutes... Lei est très confiante ! »

Le jeu énergique de Lei Tingjie avec les pièces noires, sur le thème du pion isolé, a permis à la challenger d'obtenir aisément le demi-point face à la championne du monde en titre Ju Wenjun.

Le score est de 5 points chacune. Il reste deux parties en cadence classique avant les départages. L'équilibre se maintient, mais n'oublions pas que « Le rassurant de l’équilibre, c’est que rien ne bouge. Le vrai de l’équilibre, c’est qu’il suffit d’un souffle pour faire tout bouger. » Julien Gracq (1910-2007)

Le conseil de Lei Tingjie aux jeunes femmes qui souhaiteraient jouer aux échecs : « Je pense qu'il faut d'abord avoir de la passion pour jouer aux échecs. C'est très important. Ensuite, si vous voulez mieux jouer, concentrez-vous sur l'entraînement. Faites ce que vous voulez faire, peu importe ce que les autres personnes pensent. Essayez simplement de poursuivre vos rêves et vos objectifs ! »

neuvième partie classique

Le déménagement de Shanghaï vers Chongqing a de toute évidence bénéficié à Ju Wenjun. Après avoir frôlé la victoire dans la septième partie, la championne du monde en titre a finalement réussi à égaliser dans la huitième contre Lei Tingjie. Cependant, comme l'a fait remarquer Judit Polgar pendant la huitième partie ; alors que Ju possédait un énorme avantage : « Si cette partie n'est pas remportée par Ju Wenjun, alors je pense que le match est pratiquement terminé, car ce serait trop douloureux si elle ne pouvait pas convertir. »

En d'autres termes, sans cette victoire, due en partie au zeitnot de Lei Tingjie qui a raté un coup qui donnait le match nul, la challenger serait devenue la grande favorite à la victoire finale de ce championnat du monde.

Ju Wenjun, après avoir laissé de côté son 1...e5 pour passer à 1...c6 dans la septième, puis avoir obtenu le point entier avec un début irrégulier dans la huitième, semble avoir trouvé le moyen d'échapper aux préparations théoriques pointues de Lei Tingjie pour revenir à égalité. Tout reste donc possible dans les quatres dernières classiques.

Avec 1...c5, une Sicilienne, Ju Wenjun a décidé non seulement de ne pas revenir à son 1...e5 de la première moitié du match, mais n'a pas répété non plus la Caro-Kann 1...c6 de la septième partie.

Cette neuvième rencontre a été une bonne partie de Ju Wenjun. Alors que Lei Tingjie a mené les débats dans la première moitié du match, l'égalisation avec les Blancs dans la huitième partie et ce demi-point obtenu assez facilement avec les Noirs démontrent que la championne du monde en titre a enfin réussi à équilibrer le bras de fer.

Lei Tingjie sur le fait d'être un modèle pour les enfants : « Je pense qu'ils viennent probablement voir la championne du monde juste à côté de moi. Ces enfants sont mignons et j'espère qu'ils aimeront jouer aux échecs ».

Lei Tingjie : « Ça n'a pas été trop difficile pour moi. Le score est égal et je suis contente de jouer comme ça ».

12 parties classiques à la cadence de 90 minutes pour les 40 premiers coups, puis 30 minutes pour le reste de la partie, le tout avec un incrément de 30 secondes par coup. Les joueuses ne peuvent pas partager le point par accord mutuel avant le 40e coup des Noirs.

Le score du match

Les parties classiques

huitième partie classique

La suite du match nous dira si le demi-point arraché par Lei Tingjie dans la septième partie aura été un tournant important dans ce championnat du monde. Toujours est-il que cela a sonné comme un premier coup de semonce pour la challenger ; en retard au temps et à -3.00 aux environs du 37e coup, le demi-point avec les Blancs est un petit miracle pour Lei et sans doute un cauchemar pour Ju. Ju Wenjun a déclaré que jouer à Chongqing ressemblait à « un nouveau départ », et en effet, elle a failli égaliser. Dans la huitième partie, avec les Blancs, avec peut-être un nouveau premier coup, peut-être une deuxième chance...

Ju Wenjun, sans doute fatiguée de voir Lei Tingjie mener les débats dans les ouvertures depuis le début du match, s'est décidée pour un début irrégulier. 1.♘f3 d5 2.e3 c5 3.b3 ♘c6 4.♗b2 a6 5.g3 avec un double fianchetto.

Le changement de stratégie de Ju Wenjun a porté ses fruits, et après avoir déjà frôlé la victoire dans la septième partie, la championne du monde en titre l'a emporté sur sa challenger Lei Tingjie dans la huitième.

Judit Polgar lors de la finale : « Si cette partie n'est pas gagnée par Ju Wenjun, alors je pense que le match est pratiquement terminé, car ce serait trop douloureux si elle ne pouvait pas convertir. »

Interrogée sur ce qu'elle ressentait après la victoire, Ju Wenjun a déclaré que son niveau de bonheur était désormais « de huit sur dix ».

Malgré la défaite, Lei Tingjie était souriante lors de la conférence de presse. Elle a été franche : « Je n'ai pas joué avec précision et j'ai donné des occasions à mon adversaire. Elle pouvait jouer 19.d5, alors je méritais probablement de perdre ».

Septième partie classique

Lei Tingjie et Ju Wenjun possèdent non seulement un style de jeu différent ; Lei, adepte des ouvertures finement préparées, au jeu dynamique et aux poussées de pions agressives, alors que Ju, solide et méthodique est moins portée aux complications, mais aussi une attitude sur l'échiquier diamétralement opposée. Pendant que Ju montre tout au long des parties un visage impassible, indépendemment de la position, Lei grimace, écarquille les yeux ou fronce les sourcils en réponse aux coups de son adversaire.

1.e4 c6 : Mettons-nous à la place d'un joueur du milieu du 19e siècle. Les tournois commencent à être nombreux, les joueurs de mieux en mieux préparés. On sait désormais tout sur la partie du pion-Roi, et les sacrifices vont bon train, la case f7 étant particulièrement visée par le Fou installé en c4 sur la diagonale italienne. Pour y remédier on a, certes, inventé la Défense Française (1.e4 e6), mais le Fou c8 reste enfermé. Faudra-t-il encore attendre des années pour trouver une solution ? Dans une pareille situation, il fallait bien que quelqu’un inventât une autre méthode. Et il y eut le joueur viennois Markus Kann qui se mit à jouer constamment 1...c6 ; et l'Anglais Horatio Caro qui publia le premier quelques variantes sur ce coup en 1886 dans la revue berlinoise « Brüderschaft ». À la différence de la Défense Française, dans la Caro-Kann, les Noirs résolvent aisément le problème du Fou c8, mais le payent, comme c’est d'ailleurs logique, de la pénalité d'un contre-jeu plus lent au centre, la poussée c7-c5, thématique ici comme dans la Française, étant effectuée en deux temps au lieu d'un seul.

Une partie dans laquelle nous avons eu un exemple que la maxime de Wilhelm Steinitz (1836-1900), premier champion du monde officiel de 1886 à 1894 : « Donnez-moi un Cavalier en 6e et je gagnerais toutes mes parties. » comporte aussi des exceptions.

En revanche, celle de Paul Kérès, dans Europe-Echecs, s'est révélée parfaitement adaptée : « La pratique a souvent démontré qu'il n'y a pas de position désespérée où l'on ne puisse trouver la possibilité d'une détense efficace. Si l'adversaire se heurte sans cesse à de nouveaux obstacles, si le défenseur s'acharne à lui rendre difficile chaque pas en avant, son attention se lasse et s'affaiblit, tandis que s'accroissent les possibilités de commettre des erreurs. » 

Lei Tingjie à propos de son 29.g4?! : « 29.g4 avait l'air tellement attrayant, c'était probablement la seule chance que j'avais de jouer g4 dans ce match. Donc je n'ai pas beaucoup réfléchi, juste g4, allons-y ! »

Lei Tingjie, contrairement à ce que nous pensions, a déclaré qu'elle n'était pas surprise par la Caro-Kann de son adversaire, « parce qu'elle l'a jouée il y a quelques semaines ». Lei a avoué qu'elle « a sous-estimé le contre-jeu de Ju ».

Ju Wenjun a dit qu'elle savait être clairement mieux après 29.g4 : « J'ai juste essayé de jouer la partie avec un esprit combatif et de concentration. »

Sixième partie classique

Après la sixième partie, les joueuses effectueront jeudi 13 juillet un voyage de 1700 km entre Shanghaï et Chongqing. Une nouvelle cérémonie d’ouverture est prévue à Chongqing le vendredi 14 juillet. La septième partie se jouera donc samedi 15 juillet à partir de 9h00 heure de Paris. 

Contrairement à ce que nous avions annoncé, et à la différence des championnats du monde précédents, les couleurs ne seront pas inversées après la partie 6. Habituellement, la joueuse qui a eu les Blancs dans la partie numéro 1 joue la partie 7 avec les Noirs. L'objectif étant d'éviter que ce soit la même joueuse qui se retrouve avec la même couleur avant chaque jour de repos. Il est possible que les deux jours de transfert entre Shanghaï et Chongqing ait rendu cette alternance inutile.

Toujours est-il qu'au vu des premières parties du match, Lei Tingjie, bien plus entreprenante et au jeu plus dynamique, mérite son point d'avance. Ju Wenjun, avec les pièces blanches dans cette sixième partie, va maintenant devoir sortir de sa coquille pour recoller au score.

Après 1.d4 d5 2.c4 e6 3.cxd5 exd5 4.♘c3 c5... Ju Wenjun et Lei Tingjie ont récité à la vitesse de l'éclair 17 coups de théorie pour arriver dans une sorte de demi-finale à la structure symétrique, mais dans laquelle Ju Wenjun possédait la paire de Fous.

Une position solide, sans le moindre risque de perdre ; Alexandra Kosteniuk : « Le plus important pour Ju Wenjun est de ne pas perdre une 2e partie de suite. »

Jovanka Houska : « 21 coups et Lei Tingjie a 1 heure et 20 minutes à la pendule. Ju Wenjun a été dépassée dans la phase de l'ouverture dans presque toutes les parties. Elle a maintenant moins de 50 minutes. »

Les joueuses ont mis en pratique la maxime de Tigran Vartani Petrossian (1929-1984) : « Évitez l'euphorie : match nul après une défaite, match nul après une victoire. » Malgré l'avantage des pièces blanches, Ju Wenjun n'a absolument rien obtenu de son ouverture et Lei Tingjie conserve son point d'avance. Les joueuses vont maintenant se rendre à Chongqing pour la seconde moitié du match. Septième partie samedi 15 juillet.

Bilan après quatre parties

Après quatre parties nous avons un aperçu du rôle que chaque joueuse a endossé. Pendant que Lei Tingjie place ses préparations dans chaque partie, de son côté, Ju Wenjun a confiance dans la qualité de son jeu pour résoudre ce problème et compte plutôt jouer sa chance en finale. Bien que les préparations de la challenger ne soient pas révolutionnaires, elle obtient généralement une grande avance à la pendule. La quatrième partie est particulièrement représentative. Au 25e coup, les pendules indiquaient 0h27 et 1h10. Une fois l'orage du début de partie passé, Ju Wenjun, avec les pièces blanches, a refusé plusieurs possibilités qui auraient mené à la nulle pour presser son adversaire dans la finale - sur l'échiquier et à la pendule - obligeant parfois Lei Tingjie à trouver les seuls coups pour rester à flot.

Hou Yifan : les échecs en Chine et sur le match

« Même si les deux titres mondiaux sont en Chine, je ne dirais pas que la Chine domine le monde des échecs. Dans la section open (mixte), Magnus a décidé de ne pas concourir, mais personnellement je pense qu'il est le plus fort », a déclaré Hou Yifan, ajoutant : « Gagner un titre mondial n'est pas synonyme de domination ». Lorsque les discussions se sont tournées vers le match entre Ju Wenjun et Lei Tingjie, Hou s'est montrée prudente. « Ju a de l'expérience et a déjà remporté le titre, Lei est jeune et peut être plus motivée ». La clé du succès est de trouver le bon équilibre entre motivation et compétence. « Si vous manquez de motivation, alors vous vous amusez simplement, mais cela a ses inconvénients. Avoir de la motivation mais manquer d'expérience - cela me rappelle Firouzja aux Candidats 2020 ; il n'a pas bien fait, mais il a essayé fort. Il faut trouver l'équilibre. Chaque joueur doit trouver le chemin le plus approprié. Ce n'est pas le même pour tout le monde, » a déclaré Hou Yifan. Source https://womenworldchampionship.fide.com/tpost/fl7ixy6d51-hou-yifan-on-chess-in-china-and-the-matc

Cinquième partie classique

Après deux Berlinoises, Lei Tingjie s'est tournée vers la partie Italienne. Déjà analysée par Pedro Damiano dans son livre publié à Rome en 1512, l'Italienne, après avoir longtemps été délaissée au profit de l'Espagnole, est revenue au premier plan. À cause des nombreuses nuances dans l'ordre des coups, les deux joueuses se sont retrouvées hors-préparation en moins de 10 coups.

Un malencontreux 21...axb4? de Ju Wenjun a donné, pour la première fois du match, un clair avantage à Lei Tingjie. Pressée par la pendule, la challenger a vu dans un premier temps cet avantage réduit à sa portion congrue. Cependant, après le contrôle du 40e coup, Ju Wenjun, sans le moindre contre-jeu, a succombé sous les coups de Lei Tingjie qui jouait sur les deux ailes. Lei Tingjie verse ainsi le premier sang au Championnat du Monde féminin d'Échecs.

12 parties classiques à la cadence de 90 minutes pour les 40 premiers coups, puis 30 minutes pour le reste de la partie, le tout avec un incrément de 30 secondes par coup. Les joueuses ne peuvent pas partager le point par accord mutuel avant le 40e coup des Noirs.

Lors de la cérémonie d'ouverture, Lei Tingjie a choisi une boîte avec une Dame blanche.

Site officiel : https://womenworldchampionship.fide.com

Le score du match

Les parties classiques

Première partie classique

Dans la première partie du match de championnat du monde d'échecs, Ju Wenjun a choisi la défense berlinoise de l'Espagnole face à sa compatriote Lei Tingjie. La challenger a alors joué 11.♘c3!? Une idée récente, basée sur un sacrifice de pion, déjà joué par le Néerlandais Jorden Van Foreest. Lei Tingjie aurait pu rester avec un bel avantage avec 29.♗b4! : pions passés et liés, pion de plus et paire de Fous. Cette occasion ratée, Ju Wenjun n'a pas rencontré de grandes difficultés dans la finale de Tours pour prendre le demi-point.

Alexandra Kosteniuk, aux commentaires, après le sacrifice de pion de Lei Tingjie dans l'ouverture : « Dans les échecs modernes, ces lignes se produisent assez souvent lorsqu'un camp sacrifie un pion, non pas pour des raisons concrètes, ni pour gagner au moyen d'une combinaison, mais de manière positionnelle. D'accord, nous avons un pion en moins, mais on continue de jouer comme si de rien n'était. »

Deuxième partie classique

Si dans la première partie du match de championnat du monde d'échecs, Lei Tingjie a joué 1.e4, au lieu de son plus habituel 1.d4, on se doutait que Ju Wenjun allait rester avec son 1.d4. Toutefois, au petit jeu des transpositions, après être passée par la défense semi-Tarrasch, la position obtenue a été celle d'une défense Caro-Kann attaque Panov.

Pour la seconde fois consécutive, la challenger, Lei Tingjie, s'est montrée plus entreprenante que la championne du monde en titre, Ju Wenjun, et a obtenu de meilleures possibilités dans le milieu de jeu, même si la partie s'est une nouvelle fois terminée par un match nul. Repos vendredi 7 juillet.

Alexandra Kosteniuk sur le coup ...g5, suggéré plusieurs fois par la machine : « Si j'avais les Noirs, j'aurais peur de prendre une telle décision, car si vous jouez ...g5, ce sera pour toujours ; cela affaiblit tellement l'aile-Roi. À moins que ce ne soit vraiment nécessaire, je préférerais ne pas le jouer ! »

troisième partie classique

Comme dans la première partie, Lei Tingjie a joué 1.e4 et Ju Wenjun a choisi la défense de Berlin 1...e5 2.♘f3 ♘c6 3.♗b5 ♘f6. La challenger a alors non seulement varié avec 4.d3, l'anti-berlinoise, avant de placer sur 4...♗c5 5.c3 0-0, le relativement rare 6.♗g5, une approche très directe, que Ju Wenjun n'attendait pas.

« À première vue. les principes fondamentaux du jeu dans l’ouverture semblent simples et accessibles à tous. Mais la grande difficulté pratique de leur application consiste dans la conjugaison des règles générales avec les nécessités concrètes de chaque position. Nous connaissons les objectifs du début, mais comme on le sait, il n’existe sur l’échiquier qu'un seul centre, et les « bonnes » cases attirent également l’attention des deux partis. C’est la raison pour laquelle la réalisation des objectifs du début se heurte de part et d’autre à des intérêts similaires, et dans la grande majorité des parties, le choc se produit, presque inévitablement, avant que la mobilisation générale soit achevée. » Par Volodea Vaisman, dans Europe-Echecs N°305, mai 1984.

Lei Tingjie : « Pour moi, la vie est belle. J'ai la chance de jouer ce match… J'essaie de saisir cette chance, mais j'essaie aussi de prendre du plaisir à jouer aux échecs ! »

Quatrième partie classique

Ju Wenjun, avec les Blancs dans la quatrième partie du match, se devait de trouver mieux dans l'ouverture que dans la deuxième partie, dans laquelle Lei Tingjie avait rapidement et confortablement égalisé. Toutefois, Lei Tingjie a changé la première avec un Gambit Dame accepté et un sacrifice de pion.

Avec les pièces noires, la challenger, Lei Tingjie, a mené une partie sur le thème des compensations pour un pion sacrifié. La championne en titre, Ju Wenjun, a cependant obtenu quelques possibilités en finale, mais a dû se contenter du demi-point. Repos lundi 10 juillet.

Le match de championnat du monde d'échecs entre la tenante du titre, la Chinoise Ju Wenjun, et sa challenger et compatriote Lei Tingjie, vainqueure du Tournoi des Candidates 2023, se tiendra du 3 (arrivée) au 25 (départ) juillet 2023 dans les villes de Shanghaï et Chongqing, en 12 parties classiques. La première phase du match se jouera à Shanghai, ville natale de Ju Wenjun, tandis que la seconde se déroulera à Chongqing, où vit Lei Tingjie.

Site officiel : https://womenworldchampionship.fide.com

Lors de la cérémonie d'ouverture Lei Tingjie a choisi une boîte avec une Dame blanche. Elle commencera donc le match avec les pièces blanches.

Ju Wenjun (2564 Elo), la championne du monde

Elle conserve son titre en novembre 2018 en remportant le départage contre la joueuse russe Kateryna Lagno, ainsi qu'en janvier 2020 contre la Russe Aleksandra Goryatchkina. https://www.europe-echecs.com/art/championnat-du-monde-feminin-d-echecs-3-8062.html Ju Wenjun a disputé son premier tournoi hors de Chine depuis plus de 3 ans lors du 6e Sharjah Masters, du 17 au 25 mai 2023. Elle a ensuite participé à la ligue chinoise du 5 au 17 juin 2023.

Lei Tingjie (2554 Elo), la challenger

En novembre 2021, Lei Tingjie a remporté le Grand Suisse féminin disputé à Riga, ce qui lui a permis de se qualifier au tournoi des Candidates, puis de battre en finale Tan Zhongyi. https://www.europe-echecs.com/art/women-s-candidates-final-8990.html Lei Tingjie n'a pas rejoué en classique depuis cette finale des Candidates qui s'est achevée le 6 avril 2023.

Les statistiques entre Ju Wenjun et Lei Tingjie

Sur quinze parties : huit classiques, trois rapides, un blitz, ainsi que trois jouées en ligne, la balance penche clairement en faveur de Ju Wenjun. Cependant, la plupart de ses victoires ont été acquises alors que Lei Tingjie commençait à peine à gravir les échelons.

Shanghaï et Chongqing

Cadence, départages et Prix

Le match est prévu en 12 parties à la cadence de 90 minutes pour les 40 premiers coups, puis 30 minutes pour le reste de la partie, le tout avec un incrément de 30 secondes par coup. Les joueuses ne peuvent pas annuler par accord mutuel avant le 40e coup des Noirs, sauf en cas de triple répétition de la position.

En cas d'égalité après les 12 parties classiques, un match de quatre parties sera joué à la cadence de 25 minutes + un incrément de 10 secondes par coup. Si le score est toujours égal, un autre match de deux parties sera joué à la cadence de 5 minutes + un incrément de 3 secondes par coup. Si l'égalité persiste, un autre match de deux parties à la cadence de 5 minutes + un incrément de 3 secondes par coup. Cette procédure peut être répétée jusqu'à un total de cinq matchs de deux parties.

Si le score reste égal après cinq matchs (dix parties), un blitz « mort subite »  sera joué. La joueuse qui remporte le tirage au sort choisira sa couleur. La joueuse avec les pièces blanches aura cinq minutes; la joueuse avec les pièces noires quatre minutes, avec un incrément de 2 secondes par coup à partir du 61e coup pour les deux joueuses. En cas de nulle, la joueuse avec les pièces noires sera déclarée vainqueure.

Le montant total des prix est de 500.000 €. alors que celui du match entre Ian Nepomniachtchi et Ding Liren était de 2.000.000 €. La gagnante en recevra 60%, la finaliste 40% si le match se termine en 12 parties classiques. Dans le cas où le titre de championne du monde se déciderait aux départages, la gagnante recevra 55% et la finaliste 45%. Le règlement complet du match sur https://handbook.fide.com/chapter/FWWCM

Le programme du Championnat du Monde 2023

Les Championnes du Monde d'Échecs