En bref
Le Jeu de la Dame : le phénomène qui a relancé la passion pour les échecs
Le Jeu de la Dame (The Queen's Gambit en version originale), sorti sur Netflix en 2020, raconte le parcours de Beth Harmon, une jeune orpheline américaine dans les années 1950-60. Découvrant son talent prodigieux pour les échecs dans le sous-sol de son orphelinat, elle se lance dans une ascension fulgurante dans un monde dominé par les hommes, tout en luttant contre ses propres démons.
Cette mini-série a connu un succès retentissant, suscitant un regain d'intérêt sans précédent pour le jeu d'échecs à travers le monde. Les ventes de jeux d'échecs ont explosé, et de nombreux nouveaux joueurs ont rejoint les plateformes en ligne. L'histoire touchante de Beth Harmon, mêlant drame personnel et exploits sportifs, a su captiver un large public. Elle n’est pourtant pas un modèle d’équilibre, mais qu’importe, sa passion pour les échecs a fasciné et suscité des vocations !
L'une des forces du Jeu de la Dame réside dans la précision avec laquelle le jeu d'échecs est représenté. Les parties sont basées sur de véritables matchs, et l'attention portée aux détails a été saluée, même si le trait est parfois forcé. Les échecs constituent ainsi une toile de fond esthétique et stressante, qui permet aux acteurs de révéler leur talent, en particulier l’incroyable Anya Taylor-Joy qui incarne Beth Harmon.
Une série qui ne casse pas les préjugés sur les joueurs d’échecs, mais qui a le mérite de révéler au grand public ce qui fait la beauté de ce jeu !
Rematch : le match Kasparov / Deep Blue comme décor d’un thriller psychologique
Rematch est une série diffusée sur Arte qui retrace le célèbre affrontement de 1997 entre le champion du monde d'échecs Garry Kasparov et le superordinateur Deep Blue développé par IBM. Après avoir vaincu la machine lors d'un premier match, Kasparov accepte un match retour contre une version améliorée de Deep Blue. Nous connaissons la suite : Kasparov sera vaincu, et avec lui "le dernier rempart de l'humanité" s’écroule face aux coups de boutoir des ordinateurs toujours plus performants !
Pour le grand public, regarder des parties d’échecs est un exercice plutôt ennuyeux, mais Rematch parvient à le rendre passionnant en l'enrobant d'une histoire captivante et d'une intrigue à l'issue incertaine. La série met en scène un Garry Kasparov au caractère bien trempé face aux équipes d'IBM, déterminées à réaliser une prouesse technologique tout en étant pressées par des enjeux financiers colossaux. Cette confrontation offre un décor idéal pour explorer les tensions entre l'homme et la machine.
Le jeu d'échecs n'est qu'un des aspects traités par Rematch, ce qui explique son succès auprès d'un large public. Le journal La Croix décrit la série comme un "thriller psychologique", plutôt qu'un simple reportage sur l'histoire des échecs. Cette approche narrative permet d'aborder des thèmes universels tels que la compétition, l'éthique et la nature de l'intelligence.
Si les puristes pourraient regretter certaines libertés prises avec la réalité, la série parvient néanmoins à captiver grâce à une mise en scène soignée et des personnages charismatiques. Rematch confirme que les échecs occupent une place à part dans la culture populaire et démontre qu'avec une narration habile, le jeu peut rivaliser avec les disciplines les plus spectaculaires.
Endgame : pionnier imparfait des séries sur les échecs
Moins connue du grand public, Endgame est une série canadienne diffusée en 2011. Elle met en scène Arkady Balagan, un grand maître d'échecs russe qui, suite à un traumatisme, développe une agoraphobie sévère. Coincé dans son hôtel de Vancouver, il utilise ses compétences stratégiques pour résoudre des enquêtes criminelles, assisté par un groupe hétéroclite d'amis et de collaborateurs.
Dans la série Endgame, le jeu d'échecs est utilisé comme une métaphore pour la résolution de mystères. Balagan aborde chaque enquête comme une partie d'échecs, anticipant les mouvements de ses adversaires et élaborant des stratégies pour les déjouer. Cette approche offre une perspective rafraîchissante et renouvelle le genre policier.
Endgame s’est arrêté après une seule saison, et n’a pas rencontré le succès escompté. Cet échec s’explique sans doute par le manque de subtilité des personnages, et en particulier d’Arkady Balagan caricatural à l’excès. La grande différence avec Beth Harmon, elle aussi excessive, est que le personnage principal d’Endgame n’est pas vraiment attachant, mais surtout agaçant ! Le spectateur pardonne beaucoup plus facilement les outrances d’une jeune orpheline qui se bat pour sa liberté, que celles d’un riche excentrique très sûr de lui. Son agoraphobie transforme la série en huis clos quelque peu étouffant, alors même que les échecs ont le pouvoir de nous faire voyager dans le monde entier.
Cette série pionnière sur les échecs a comme tous les prototypes de nombreux défauts, mais elle a sans doute ouvert la voie à ce genre nouveau et réservera de bons moments aux passionnés.