En bref
Le club de Chartres a dominé la première édition du Championnat de France des clubs de parties rapides, qui s'est déroulée du 19 au 21 avril à Cappelle-la-Grande : l'équipe 1 bat en finale l'équipe 2, lors d'un duel fratricide mais qui a nettement tourné à l'avantage de l'équipe première.
Cette nouvelle compétition opposait des équipes de quatre joueurs, d'abord dans un format suisse en 15 rondes. Les quatre meilleures équipes se qualifiaient alors pour la phase à élimination directe. La cadence était de 15 minutes + 3 secondes par coup.
Le club C'Chartres Échecs avait sorti l'artillerie lourde, alignant une équipe composée de Marc'Andria Maurizzi, Maxime Lagarde, Laurent Fressinet et Namig Guliyev ! Les Chartrains ont donc survolé la phase de poules, remportant ses 15 matchs.
Classement du tournoi suisse
RANG | EQUIPE | POINTS | ||
---|---|---|---|---|
1 | C'Chartres Echecs 1 | 45 | ||
2 | C'Chartres Echecs 2 | 40 | ||
3 | Vandoeuvre | 38 | ||
4 | Asnieres le Grand Echiquier | 38 | ||
5 | Lille Universite Club 1 | 37 | ||
6 | Sundgau Echecs 1 | 35 | ||
7 | Cappelle la Grande 1 | 34 | ||
8 | Montreuil | 34 | ||
9 | Nomad'Echecs | 33 | ||
10 | J.E.E.N. | 32 |
Après avoir battu Asnières en demi-finale, l'équipe 1 de Chartres a retrouvé en finale... l'équipe 2 de Chartres ! Les favoris au Elo se sont imposés 4 à 0, même si le score ne reflète pas tout à fait la physionomie du match.
Deimante Daulyte Cornette a notamment eu l'occasion de battre Maxime Lagarde, mais a laissé filer son avantage lors du zeitnot.
42...Tc7? L'idée gagnante était Dc2, pour continuer par Dg6+ et Tc2. Difficile à voir avec 7 secondes à la pendule... 43. De8+! Rh7 44. e6? Tentant, mais erroné. Dh8+ Rg6 Cg5!! gagnait en force
44...Df6? Les noirs n'avaient pas mieux que Tc8 pour sauver la nulle 45. Dh8+ Rg6 46. Ce5+ Et la dame noire doit se sacrifier.
L'équipe 2 de Chartres était exclusivement constituée de joueuses, avec la championne de France Deimante Daulyte Cornette, Yulia Osmak, Manon Schippke et Élise Tomasi.
Née en Ukraine, Yuliia Osmak est désormais une joueuse incontournable du club de Chartres :
J’étais en Norvège pour un tournoi quand la guerre a débuté. Je me souviens très bien de cette nuit du 23 février, j’avais terminé ma partie à minuit et j’étais contente de ma victoire. Le lendemain matin, alors que je me préparais pour la prochaine ronde, ma mère m’a appelée pour me dire que la guerre avait commencé et qu’il ne fallait pas que je rentre. J’étais sous le choc, je n’arrivais pas à y croire. Au départ, la France n’était pas forcément ma première option, car je n’y connaissais personne. J’ai d’abord pensé à aller ailleurs, mais c’est Sergei Tiviakov qui m’a suggéré d’écrire à François Gilles, le président du club d’échecs de Chartres, pour lui demander de l’aide. Ce dernier m’a répondu tout de suite en me disant que j’étais la bienvenue. J’imaginais alors que je resterais en France seulement deux ou trois mois, en attendant la fin de la guerre. Mais très vite, j’ai compris que ce ne serait pas temporaire et que je resterais plus longtemps.
Le club de Chartres confirme avec ce doublé son nouveau statut, acquis après avoir remporté le Top 12 l'année dernière. Ce succès n'est pas une surprise, tant le cœur de la ville bat fort pour les échecs. Les écoliers de la ville sont initiés, le club est particulièrement dynamique, et la mairie le soutient avec enthousiasme.
C’est toujours important d’investir dans le sport. C’est comme la culture. On construit pour le futur. Nous sommes la capitale de la Cosmetic Valley, et les échecs sont devenus un autre emblème de notre ville. C’est un sport très noble et cela va bien avec notre image. Il y a les parties majoritaires. Je joue contre les jeunes des écoles. C’est médiatisé et les gens suivent. Les échecs se sont installés à Chartres et c’est culturellement fort. Quand on a Kamsky, qui vit ici, Ivanchuk, Marc’Andria Maurizzi qui a été sacré champion du monde Junior, on aligne des joueurs qui sont des personnes de qualité et les Chartrains les connaissent. Les échecs ne sont pas faciles à médiatiser, mais je crois que nous arrivons “un peu” à le faire.
Je veux développer ce jeu qui reste quelque chose de beau. Ce qui m’intéresse, c’est de travailler avec des gens vrais. Je veux qu’ils gardent les valeurs que nous avons mises dans le club, avec Namig.
L'équipe d'Asnière composée de Sébastien Mazé, Matthieu Cornette, Caroline Coriat et Yosha Iglesias a terminé troisième, en battant Vandoeuvre dans la petite finale.
Le palais des arts de Cappelle-la-Grande, un lieu mythique des échecs français
Si cet événement a souffert de l'absence de commentaires en direct, le choix du lieu est en revanche une franche réussite. Le Palais des Arts, dans lequel se déroule chaque année depuis 1985 l'open de Cappelle, évoque immédiatement des souvenirs à la plupart des joueurs. Les organisateurs sont des chefs d'orchestre bien rodés, et ils l'ont une fois de plus prouvé.
Loin de se cantonner dans ce rôle d'organisateur, les Cappellois ont aussi été de redoutables compétiteurs, avec quatre équipes, et un titre de vice-champion dans la catégorie B.
La particularité de cette compétition était en effet de décerner trois titres, selon le Elo moyen des équipes :
- Catégorie A : moyenne Elo supérieure à 2100, et remporté par Chartres
- Catégorie B : moyenne Elo supérieure à 1800, gagné par Montreuil
- Catégorie C : moyenne Elo inférieure ou égale à 1800. La troisième équipe de Lille s'impose.