London Chess Classic : Ronde 7

Après le Norway Chess du 15 au 26 juin 2015 et la Sinquefield Cup du 21 août au 3 septembre 2015, le London Chess Classic vient clore le Grand Chess Tour 2015 du 3 au 14 décembre 2015. Tournoi en neuf rondes à la cadence de 2h00 pour 40 coups + 60 minutes pour le reste de la partie, avec un ajout de 30 secondes par coup à partir du 41e coup. Basé sur la liste Elo FIDE de janvier 2015, le Grand Chess Tour invite le top des grands-maîtres mondiaux. Chaque organisateur bénéficiant d'une wild-card, les organisateurs du London Chess Classic ont attribué l'invitation à Michael Adams, n°1 anglais depuis une vingtaine d'années. Le programme complet, les points et prix, ainsi que le système de départage se trouvent dans l'article de présentation.

Chacun de ces trois événements offre un montant de 300.000 dollars de prix et le vainqueur du Grand Chess Tour recevra un prix supplémentaire de 75.000 dollars. Le montant total des prix pour l'ensemble du circuit est de 1.050.000 de dollars. Site officiel www.londonchessclassic.com avec parties en direct. Commentaires en espagnol, anglais et américain.

classement du London Chess Classic 2015

• Vous le savez maintenant, Magnus Carlsen mène sur le score extraordinaire de 11 victoires, 18 nulles et zéro défaite face à Hikaru Nakamura ! A noter que leurs deux dernières rencontres se sont soldées par des nulles en 95 coups dans lesquelles le Norvégien possédait l'avantage. Ainsi, « théoriquement », la tâche s'annonce difficile pour l'Américain. Néanmoins, comme tout le monde le sait aussi, toutes les séries ont une fin et, peut-être que cette fois, « Naka », malgré les pièces noires, pourrait profiter du jeu peu énergique du champion du monde dans ce tournoi pour briser le signe indien et s'adjuger une première victoire.
   
• Veselin Topalov mène par 7 victoires à 4 contre Levon Aronian, dont une récemment au Norway Chess en juin 2015. Toutefois, ces statistiques ne servent pas à grand-chose avec un Topalov hors de forme et Aronian pour ainsi dire transparent. D'un autre côté, l'Arménien pourrait saisir sa chance contre un adversaire sans doute démoralisé et l'avantage des pièces blanches.
   
• Sept parties classiques entre Michael Adams et Alexander Grischuk. Une victoire de l'Anglais en 2002, quand le Russe n'avait alors que 2671 Elo et depuis, 2 victoires de Grischuk et 3 nulles : 2008, 2012 et 2013. Cela dit, aujourd'hui, tout va se jouer sur l'état de fatigue d'Adams. L'âpre défense contre Carlsen dans une lutte de 78 coups et les 56 coups contre Nakamura ont déjà produit leurs effets hier face à Topalov, où le joueur anglais n'a dû son salut qu'à la mauvaise forme de son adversaire. Heureusement pour lui, les pièces blanches plus le zeitnot probable de Grischuk, pourraient contre-balancer le manque d'énergie, mais il ne faudra pas commettre d'erreur tactique face au Russe.
   
• Cinq parties entre Viswanathan Anand et Maxime Vachier-Lagrave et une victoire du joueur indien au Norway Chess 2015 avec la variante 6.h3 contre la Najdorf du Français, variante qui lui a aussi rapporté un point dans ce tournoi face à Veselin Topalov. Viswanathan Anand, dit « Vishy Anand », est né le 11 décembre 1969 et fête aujourd'hui ses 45 ans.
   
• Les onze dernières parties jouées entre Fabiano Caruana et Anish Giri se sont achevées par le partage du point ! Il faut remonter entre 2010 et janvier 2013 pour obtenir des parties décisives et relativement courtes : 28 et 33 coups pour Giri, 2 fois 41 coups pour Caruana.

Avec 30 parties et seulement 5 gains, le London Chess Classic laisse un grand nombre d'amateurs du jeu d'échecs sur leur faim  et quelques articles commencent à en faire écho ici et là. Voici une traduction libre de celui du GM anglais Daniel Gormally publié sur son blog http://myweeklychessdiary.blogspot.fr/is-london-chess-classic-most-boring

« C'est un fait, le London Chess Classic de cette année n'est pas vraiment excitant. C'était pareil l'année dernière, mais je pensais que le problème venait de l'absence du champion du monde Magnus Carlsen. Carlsen est présent cette fois-ci, mais sa mauvaise forme se poursuit, son jeu ne fait pas réellement d'étincelles et il n'a toujours pas gagné une partie.

Un autre problème est que le répertoire d'ouvertures de la plupart des meilleurs joueurs est maintenant très similaire. Ils semblent tous jouer la Berlinoise [11 après la ronde 6 avec 11 résultats nuls]. Peut-être que la partie entre Maxime Vachier-Lagrave et Anish Giri résume le tournoi et l'état du top des échecs aujourd'hui - une domination de la préparation par ordinateur.

Apparemment, l'excuse des meilleurs joueurs pour jouer la Berlinoise est que les préparations par ordinateur ne sont pas aussi efficaces que contre d'autres ouvertures (comme la Sicilienne par exemple), mais même dans cette partie, nous avons vu une nouveauté de Giri au 19e coup, sans doute suggérée au préalable par la machine, suivie par la réponse du premier coup de l'ordinateur par Maxime Vachier-Lagrave, et le tout a mené assez rapidement à l'égalité et à une nulle inévitable. Je ne pense pas être le seul à étouffer des bâillements désespérés devant tout ça. »

Quant à Magnus Carlsen, voici ce qu'il en dit : « Je pense que dans ces tournois ça dépend beaucoup du rythme mis dès le début. Nous avons eu ici le tournoi des candidats en 2013. J'ai très bien commencé, Levon a très bien commencé, et de cette manière « Vlad » [Kramnik] a dû commencer à gagner des parties aussi. Alors qu'ici, dès le départ personne ne semblait s'échapper, de sorte que vous pouviez jouer avec plus de sécurité. Je pense simplement que beaucoup de joueurs ont pensé qu'ils seraient encore en course avec +1 ou 50% vers la fin. Voilà pourquoi les joueurs ne prennent pas toutes leurs chances. »

C'est l'ouverture de Levon Aronian qui a attiré le plus de commentaires. Nigel Short : « C'est bon de voir Levon Aronian jouer le "Drunken Evans Gambit". En fait, cette ligne est assez dangereuse. » Avant d'ajouter : « Je l'ai jouée moi-même. Je considère que 10.Ce2 est plus fort. » Yasser Seirawan aussi a joué ce gambit, plusieurs fois, et précisait que « Levon a préféré le rare 11.d4 au lieu du plus populaire 11.Fb2. » Toujours est-il qu'avec cette ouverture risquée, l'Arménien décidait de tenter sa chance aujourd'hui. La position du premier diagramme après 15.h4 donne plus ou moins le résultat du gambit. A noter qu'en jouant 14...Da5 au coup précédent, Veselin s'est accroché au pion. 15...Tc8 16.Fb3 Db5+ Avec une danse des Rois à suivre. 17.Rg1 h6 18.Rh2 g5 19.Thd1 Rf8 20.Rg1 Td8 et maintenant Levon récupère son pion par 21.hxg5 hxg5 22.Fxg5!?, comme dans le deuxième diagramme, et Veselin se jette sur le Fou par 22...Cxg5?! 23.Dxg5 avec avantage blanc ! Le Fb3, le Cd5, le Cf3, la Dg5 et la Tour c1 qui peut se joindre à l'attaque sur le Roi via la case c5 placent le Bulgare dans une situation inextricable ! 23...Fh6 24.Dh4 Fg7 25.Df4 Fh6 26.Cg5 Fxg5 27.Dxg5, troisième diagramme, et 1-0 à cause de la menace 28.Txc6! suivi de la prise en e7 avec démolition.

Veselin Topalov : « Au football, si vous perdez, ça n'a pas d'importance de perdre 5-0. À un certain point tout cela revient au même. »