En bref
Quand le sensationnel s’abat sur les échecs, par Larbi Houari
J’ai été, comme la plupart des amateurs du noble jeu, particulièrement gêné de retrouver « l’affaire Feller » à une heure de grande écoute sur les principales chaînes télévisuelles françaises ce jeudi 24 Mars 2011. Sans doute aurais-je préféré que soient diffusées les images du championnat d’Europe à Aix-les-bains ou à défaut quelque sujet valorisant la pratique de ce respectable sport.
Ma première crainte fut bien entendu le discrédit que de tels déballages pourraient produire. Monsieur Tout le Monde qui « ne sait rien de nous » (et qu’accessoirement nous avons tant de mal à faire jouer) ne gardera-t-il donc que l’image d’un jeu désormais gangréné par un « dopage » version échecs ?
Quelque chose dans ces mini-reportages laisse toutefois dubitatif ; le message était-il clair, compréhensible et surtout, susceptible de retenir l’attention d’une majorité de non pratiquants ?
A chaud, nous avons entrepris dès vendredi 25 après-midi de vérifier cela en interrogeant un échantillon de 1335 personnes représentatif de la population française.
Première question : Avez-vous entendu parler des échecs que ce soit par les médias ou par vos connaissances au cours des 15 derniers jours ?
Seconde question (pour ceux qui répondent oui) : Vous m'avez dit avoir entendu parler des échecs, à quelle occasion était-ce ? (réponses spontanées)
Troisième question : Hier [jeudi 24/03/2011], les journaux télévisés ont évoqué une accusation de triche organisée lors d'une grande compétition d'échecs.
Selon vous, cet événement :
a) Reste isolé et peut se produire dans tous les sports
b) Révèle des failles dans le contrôle des compétitions d'échecs
c) Nuit durablement à l'image du jeu d'échecs
Pour chaque proposition, réponse par « tout à fait d’accord – plutôt d’accord – plutôt pas d’accord – pas du tout d’accord »
Voici la synthèse des données qui seront développées ultérieurement :
Analyse
L’impact médiatique se résume donc à ceux qui ont vu ET retenu quelque chose des différents reportages diffusés ce jeudi 24 Mars. Nous sommes à 11,69 % de personnes auprès desquelles il devenait pertinent d’évaluer l’impact de ces messages.
Chacune des questions qui suivent (B,C,D) permet à la fois de « sentir » la proximité de l’opinion et, de façon plus masquée, évaluer la pertinence des réponse.
Sans entrer pour l’heure dans plus d’explications, nous pouvons déjà constater que sur les 1335 personnes interrogées, 77 pensent que l’événement nuit durablement à l’image du jeu, soit 5,76%.
Sur ces 5,76%, figurent aussi des « contradictoires », à savoir des personnes ayant aussi répondu qu’il ne s’agit que d’un événement qui reste isolé (B). Rien d’étonnant me direz-vous, on peut craindre que l’image du jeu soit atteinte tout en sachant le phénomène isolé. Cela-vous rappelle-il pas une certaine catégorie de personnes ?
Les amateurs d’échecs !
Plus de peur que de mal semble-t-il, « grâce » aussi à la qualité journalistique très discutable des reportages indigestes que le commun des publics ne peut absorber : « Un génie des échecs pourrait avoir triché selon une possible méthode où il y a un ordinateur et deux complices avec des SMS, le second circule entre les tables. La Fédération les a sanctionnés mais ils font appel, le génie joue toujours et... ».
Le tout, entre la crise nucléaire au Japon, les attaques en Lybie, Alberto Contador et le diner qui refroidit…