L'éthique : « La Morale des Echecs »

Publié le - Mis à jour le

En bref

L'allégorie de Franklin, écrite suivant le modèle médiéval, a été traduite dans toutes les langues. Elle prône le respect de ses adversaires.
Ci-contre, les prodiges Mamedyarov, Karjakin et Alekseev, amis dans la vie, rivaux sur l'échiquier.

Comme tant de personnalités des Arts, des Lettres, des Sciences et de la Politique de son époque, le savant et homme d'Etat américain Benjamin Franklin (1706-1790) était un joueur d'échecs passioné. Sa « Morale » est un court essai s'inspirant des fameux sermons allégoriques du Moyen Âge, dont le plus connu est celui du moine domicain Jacques de Cessoles (v. 1300). "La Morale" de Franklin fut publiée pour la première fois dans le journal « Columbian Magazine », en 1786.

A l'instar du célèbre traité daté de 1512 de Pedro Damiano, les préceptes de Franklin sont restés d'actualité, et notamment sur le plan de l'éthique à laquelle doivent se conformer les joueurs en compétition.

Franklin s'intéressa sérieusement au jeu d'échecs à partir de ses 27 ans. Nous étions en 1733 et les prouesses des virtuoses du Café de La Régence commençaient à avoir leurs premières résonances dans le monde. Paris devait bientôt s'imposer comme le phare des Lumières.

Elève du Sire de Legal, François-André Danican Philidor (1726-1795) allait rénover la théorie en imposant sa révolution scientifique : « les Pions sont la vraie vitalité de ce jeu. Eux seuls fondent l'attaque et la défense, et de leur bon ou mauvais usage dépend la victoire ou la défaite de la partie ».

Habitués du célèbre café de la rue Saint-Honoré, les philosophes français Rousseau, Diderot et Voltaire, étaient des pousseurs de bois occasionnels, mais passionnés. Lorsque Franklin arriva à Paris en tant qu'ambassadeur des Etats-Unis en France, en 1776, les échecs y avaient déjà acquis leurs lettres de noblesse. Comme tout un chacun, l'Américain poussa du bois à La Régence.

Le texte de Franklin fut traduit en toutes langues, y compris en Russe dès 1791.