L'équipe de France de football au château de Münchhausen

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En bref

L'équipe de France est installée au Schlosshotel Münchhausen d'Aerzen, un château du 16e siècle. Münchhausen, comme dans les Aventures du baron du même nom, adaptées au cinéma par Terry Gilliam. Le choix de l'hôtel ne laisse donc rien au hasard...

Le baron, c'est bien sûr Zinedine Zidane. Star vieillissante sur le retour, il joue de son charisme et de sa réputation pour tenter de retrouver sa splendeur passée malgré le poids des ans. Il adore se faire désirer, annonce régulièrement son départ avant de revenir et semble rajeunir dans l'épreuve. Mais, prudent, il conditionne son retour à la présence à ses côtés de quatre compagnons d'aventure qui vont pallier ses défaillances.

Le petit homme au souffle surpuissant, Gustavus, c'est Claude Makelele. Du début à la fin du match, il n'arrête jamais de courir, de ratisser tous les ballons qui traînent et de les rendre à ses coéquipiers. Les ans n'ont pas de prise sur lui.

Le colosse noir, Albrecht, est capable de soulever une montagne de richesses ou de catapulter plusieurs navires sur les ennemis. L'Albrecht de Zidane, c'est Patrick Vieira. Avec sa force, il peut percuter une équipe entière.

Le château de Mùnchhausen

Dans le film, ces quatre comparses ne suffisent pourtant pas au baron pour se tirer d'affaire. Le petit plus qui fait toute la différence, c'est une enfant, Sally. A la fois intrépide et fascinée par le baron, elle l'aide à se sortir de situations inextricables par son culot et sa naïveté. Sally, c'est Franck Ribéry. Il n'a peur de rien, il fonce, et quand il est content, il fait des tours de terrain tout seul à la fin du match.

Lire l'article original de Bruno Colombari, du jeudi 29 juin 2006, sur www.cahiersdufootball.net/article.php?id=2224

Le baron de Münchhausen, par E. Lavitch (1937)

La symétrie n'est pas une "tactique" de jeu en soi. Surtout que, en toute logique, celui qui suit la symétrie (en général les Noirs) a donc un coup de retard.

Voici cependant un petit texte amusant:

Le pétulant et orgueilleux baron de Münchhausen (Karl Friedrich Hieronymus Baron von Münchhausen), qui avait battu - selon lui - les joueurs les plus forts de son époque, et que ses commentaires tonitruants et triomphants avaient rendu célèbre, s'aperçut un jour qu'un Inconnu, au Café Régence, observait "sans souffler mot" son jeu "grandiose", l'air peut-être réservé.

"J'enrageais de cette audace et voulut lui donner une leçon sur-le-champ."

Le baron exigea de jouer avec ce partenaire, malgré l'air effrayé de celui-ci et ses refus répétés. Cependant, le pauvre homme, très apeuré, consentit enfin à s'asseoir devant l'échiquier. J'eus les Blancs et voici la partie que je menai avec vigueur, confie le baron de Münchhausen :

1. e4, d5 ; 2. e5, d4 ; 3. ç3, f6 ; 4. exf6, dxç3 ; 5. fxe7, çxd2+ ; 6. Fxd2, Fxe7 ; 7. Cf3, Cç6; 8. Cç3, Cf6; 9. Ce2, Cd7; 10. Cfd4, Cçe5.

Là, je pensais bien que j'allais gagner la Dame et jouai 11. Cé6 , mais mon redoutable adversaire, sans rien dire, répondit 11... Cd3, et, avec tristesse, je m'aperçus que j'étais mat!

"Une partie ne prouve rien, m'écriai-je. Jouons encore ; vous me permettez de reprendre les Blancs, j'espère, puisque vous avez gagné :

1. e4, d5 ; 2. d3, e6 ; 3. Cf3, Cç6 ; 4. Fg5, Fb4+ ; 5. Re2 !, un plan stratégique très profond ; 5... Dd7 ; 6. Cç3, Cf6 ; 7. a3, h6 ; 8. Fh4, Fa5 ; 9. e5, d4 ; 10. Ca4, pour m'emparer de la case faible ç5,

10... Ch5 ; 11. Cc5, Cf4... Et je m'aperçus avec stupeur que j'étais mat! "J'étais alors sérieusement fâché".

Voici notre troisième partie :

1. e4, d5 ; 2. d4, e5 ; 3. c4, f5 ; 4. f4, ç5 ; 5. exf5, dxç4 ; 6. dxç5, exf4 ; 7. Fxf4, Fxç5 ; 8. Fxç4, Fxf5; 9. Fxb8, Fxb1 ; 10. Fxg8, Fxg1 ; 11. Txb1, Txg8; 12. Txg1, Txb8.

Ici, je réfléchis longtemps et, pour éclaircir la position, je décidai d'échanger les Dames : 13. Dxd8+.

"Jugez de mon étonnement et de la surprise de tous les spectateurs quand mon adversaire, avec un air très résolu, s'empara de mon Roi en jouant 13... Re8xe1.
  Laissez vos blagues déplacées, m'écriai-je, frémissant d'énervement. Remettez tout de suite mon Roi à sa place !
  Et vous, pourquoi avez-vous joué le même coup ? questionna-t-il naïvement.
  Quelle question stupide! N'êtes-vous pas capable de distinguer un Roi d'une Dame ?
  Non, répondit-il froidement, je ne connais pas du tout ce jeu ; je voulais vous le dire dès le début, vous ne m'avez pas écouté. Tout ce que j'ai pu faire, ce fut d'imiter vos coups avec les Blancs."

"Un homme qui ne sait même pas la marche des pièces gagne contre un joueur fort et expérimenté... Je suis certain qu'une aussi extraordinaire aventure ne peut arriver qu'à un homme lui-même extraordinaire, tel que moi, le baron de Münchhausen!

Je partis après ces paroles. Mon honneur était sauf ; mais, pendant longtemps, je n'ai plus touché aux pièces d'échecs !"