Festival de Gibraltar 2017

Les organisateurs du 15e «Tradewise Gibraltar Chess Festival» ont annoncé que l'édition 2017 sera certainement la plus forte de toutes. L'Hôtel Caleta sera à nouveau l'hôte d'un Open composé de joueurs venant de plus de 50 pays luttant pour un montant total des prix de 190,000 livres sterling (environ 225.000€), du 24 janvier (ronde 1) au 2 février 2016 (ronde 10). Avec Fabiano Caruana (2827), Maxime Vachier-Lagrave (2796), Hikaru Nakamura (2785), Veselin Topalov (2739), Peter Svidler (2748), Michael Adams (2751), Vassily Ivanchuk (2752), Yu Yangyi (2738), Nikita Vitiugov (2724), Boris Gelfand (2721)... Premier prix 23,000 livres sterling (environ 27.000€).

Côté France, outre Maxime Vachier-Lagrave (2804), seront présents : Laurent Fressinet (2660), Romain Edouard (2613), Sébastien Mazé (2613), Andrei Istratescu (2593), Maxime Lagarde (2594), Fabien Libiszewski (2545), Bilel Bellahcene (2493), Jean-Noël Riff (2465), Borya Ider (2463), Sophie Milliet (2387).

Les excellents prix féminins, dont un premier de 15.000 livres sterling (environ 17.000€), attire comme chaque année de très fortes joueuses : Hou Yifan (2651), Ju Wenjun (2583), Anna Muzychuk (2558), Mariya Muzychuk (2546), Kateryna Lagno (2530), Valentina Gunina (2524), Antoaneta Stefanova (2512), Nino Batsiashvili (2492), Elisabeth Paehtz (2468), Lela Javakhishvili (2455), Anna Ushenina (2444), Pia Cramling (2454), Anna Zatonskih (2443), Sarasadat Khademalsharieh (2452), Bela Khotenashvili (2430), Eesha Karavade (2418), Inna Gaponenko (2407), Daria Pustovoitova (2407), Sophie Milliet (2387), Cécile Haussernot (2108)...

Tournoi en 10 rondes à la cadence de 40 coups en 100 minutes, puis 20 coups en 50 minutes, et enfin 15 minutes pour le reste de la partie, le tout avec un ajout de 30 secondes par coup. La nulle par accord mutuel est interdite avant le 30e coup. Le Festival de Gibraltar propose aussi des tournois «Challengers A et B» ouverts aux joueurs de moins de 2250 Elo, et des tournois «Amateurs A et B» pour les moins de 1900 Elo.

Départages

Premier départage entre Hikaru Nakamura et Yu Yangyi. Match en 2 parties de 10 min + 5 sec. Si nécessaire, un match en 2 parties de 3 min + 2sec. Et si nécessaire 1 blitz Armageddon. Le vainqueur rencontre David Anton pour le gain du tournoi.

Extrait du classement final

Extrait des résultats de la ronde 10 à 11h00

Avant de vouer Yifan Hou aux gémonies, on peut aussi essayer de comprendre sa position. La championne chinoise a abandonné le cycle du championnat du monde féminin pour protester contre son déroulement - avec une vainqueur(e) de "Coupe du monde" qui devenait championne du monde et une championne du monde en titre qui devait défendre son titre contre elle - ce n'est certainement pas pour jouer 7 femmes en 10 parties dans un Open, même à Gibraltar. D'un autre côté, les organisateurs vont sans doute avoir un peu de mal à justifier les possibilités statistiques de tels appariements.

Brian Callaghan, fondateur du tournoi : « Je comprends, si j'étais à sa place et que je jouais six filles - l'une après l'autre - je me dirais aussi, "Qu'est-ce qui se passe ici ? " Mais il est clair que rien ne s'est passé, ça sortait d'une machine et parfois les chances tombent de cette façon. » Dans son interview, après avoir "balancé" sa partie, Hou n'a pas éprouvé de regrets et a dit qu'elle voulait simplement attirer l'attention sur la situation « Pour que dans les événements futurs la situation soit équitable à 100 pour cent », a-t-elle dit. Source www.washingtonpost.com

À propos de Yifan Hou

Il ne faut pas me raconter que c’est elle qui ne respecte pas le jeu. Le jeu n’est plus respecté depuis déjà longtemps. Il est truqué par des corrompus permanents ; par la vente de points ; par des ex-aequo prévisibles, sans lutte ; par des règles injustes ; par des alcooliques sur l’échiquier. Ce jeu, sans cesse galvaudé par des dilettantes qui restent à moisir en occupant des postes à responsabilité ; par du personnel doté du rôle de journalistes... La liste n’est pas exhaustive...

Quand deux joueurs font semblant de jouer la partie et que le résultat est prévisible à l’avance, ceux qui se prétendent des exemples de moralité préfèrent les principes de non-ingérence. Et, tout à coup, on a un excellent prétexte pour collecter des points et avoir un plus gros score aux frais de Hou Yifan. « A une championne, il ne convient pas de procéder comme ça », disent-ils. Justement si ! Une championne doit procéder comme ça ! Ouvertement, honnêtement, courageusement. Dans ces temps de servilité et du manque de principes, où seuls ceux qui, au mieux, se taisent, ou sont habiles dans l’art de courber l'échine, reçoivent les honneurs, Hou Yifan est la seule joueuse d’échecs qui proteste publiquement contre tout ça. Donc, respectez-la, même si vous êtes persuadés que son désaccord aurait pu être exprimé autrement ! Seul celui qui ne fait rien, ne se trompe jamais.

Par Eugène Sourov, publié le 02/02/2017 sur http://chess-news.ru/node/22713

Aimablement traduit par Anna Bosso

À propos de Yifan Hou et des échecs «féminins»

Europe Echecs n'étant pas présent à Gibraltar, nous nous garderons bien d'émettre un jugement sur le déroulement des événements qui ont mené à la défaite en 5 coups volontairement mauvais de la championne chinoise Yifan Hou en signe de protestation. Nous pouvons simplement penser que les explications données à Yifan Hou concernant les appariements - suite à sa demande d'éclaircissements après la ronde 8 - n'ont pas été suffisantes pour lui ôter de l'esprit que quelque chose ne tournait pas rond. Les appariements ont-il été orientés afin de lui faire rencontrer les autres participantes ? Nous n'en savons rien, les organisateurs affirment que non; même si affronter 7 femmes en 10 parties dans un tournoi composé en grande majorité d'hommes peut quand-même interpeller, et il nous semble tout-à-fait normal que la joueuse chinoise s'en inquiète. Stuart Conquest, qui co-organise le tournoi de Gibraltar, a publié le 4 février 2017 le tweet suivant : « Pour que les choses soient absolument claires : les appariements que Yifan appelle « incroyables » et « bizarres » étaient les bons dans toutes les rondes. » Et nous n'avons aucune raison de douter de sa bonne foi.

De cet incident - qui finalement ne concerne qu'une [très] courte partie d'échecs - nous pouvons extraire deux éléments qui ont une certaine importance. Le premier, c'est qu'un joueur d'échecs professionnel (ou une joueuse évidemment), est avant tout un lutteur. Dès son plus jeune âge il est entraîné à se battre sur un échiquier, à ne jamais lâcher prise, à avoir une attitude agressive, à tout faire pour tenter d'imposer sa volonté, à attaquer et, si besoin, à défendre bec et ongles. Il serait donc pour le moins curieux que ce joueur ou cette joueuse se comporte comme un mouton dès qu'il ne s'agit plus de déplacer des pièces d'échecs. Yifan Hou était insatisfaite des explications qu'elles a reçues sur les appariements, et au lieu d'accepter ce qui lui semblait apparemment inacceptable, sans broncher ou presque - en faisant forfait en catimini par exemple - elle a décidé de le faire savoir en direct et en streaming ! En clair, même en dehors de l'échiquier elle a continué à se battre comme une lionne !

Nous en arrivons au deuxième point qui a aussi son importance. Le manque d'argent dans le monde des échecs fait qu'aujourd'hui il n'y a pratiquement plus de médias capables de se payer les frais d'un déplacement de plusieurs jours voire d'une semaine ou deux pour suivre un tournoi sur place. La conséquence est que les «journalistes» sont invités - partiellement ou en totalité - par les organisateurs, et leur travail ressemble plus à du publi-reportage qu'à de véritables articles. Nous ajoutons des guillemets à «journalistes» parce que mis à part l'Espagnol Leontxo García, le Norvégien Tarjei J. Svensen et l'Australien Ian Rogers, rares sont ceux qui possèdent une carte de journaliste. Mais même ainsi, dans les publications de Leontxo García sur Gibraltar il est précisé que le journaliste a un contrat avec les organisateurs pour parler [en bien certainement] du tournoi. Bien entendu il n'est pas question de «casser» les tournois pour le plaisir, cependant, lorsqu'un incident se déroule, on serait en droit d'attendre d'être informé objectivement et, si besoin, d'émettre un avis critique, car « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur. » Dans le cas présent, plus de 2 heures après l'abandon de Yifan Hou nous étions encore dans l'expectative et il a fallu attendre la vidéo «officielle» avec l'interview de Yifan pour connaître la véritable raison de sa défaite de protestation en 5 coups. Et ensuite ce fut l'hallali par des «journalistes» et même des joueurs ! « Manque de respect envers les joueurs... » ; « Manque de respect envers le jeu... » ; « Insultant vis-à-vis des organisateurs... » ; « Elle ne sera plus jamais invitée... » ; « Dans n'importe quel autre sport elle recevrait une interdiction de jouer... »

J'ajouterai un dernier point en disant que les échecs féminins manquent cruellement de femmes comme Yifan Hou. Que dans ce cas précis elle ait raison ou tort, peu importe, si le «Women chess» possédait plus de joueuses à tempérament, peut-être que leurs Grand-Prix ne se dérouleraient pas en même temps que d'autres compétitions «masculines», passant ainsi totalement inaperçus aux yeux du public, et peut être aussi que les joueuses ne se retrouveraient obligées d'aller jouer leur Coupe du Monde en Iran, avec voile obligatoire et interdiction d'être seule dans la même pièce qu'un homme qui n'est pas leur mari. Quand on sait que tous les coachs de joueuses sont des hommes, cette interdiction ne manque pas de piquant. Nazi (se prononce "nah-ZEE") Paikidze a refusé de jouer cette Coupe du Monde, mais comme elle a eu le malheur de le dire haut et fort, elle a reçu de nombreuses critiques et même des insultes. Conclusion : les échecs «féminins» ont encore un long chemin à parcourir avant de s'extraire du « Sois belle et tais-toi ! »

Extrait des résultats de la ronde 9

Extrait des résultats de la ronde 8

Résumé de la ronde 8

Après la partie nulle en seulement 13 coups entre les Bulgares Antoaneta Stefanova et Ivan Cheparinov, le journaliste espagnol Leontxo García va certainement encore se plaindre de ces nulles rapides, comme il l'a fait peu avant le début de cette ronde 8 suite à la nulle en 14 coups entre David Anton et Hikaru Nakamura de la ronde 7. Daniel Fridman et Boris Gelfand, puis Nigel Short et Michael Adams jouaient 10 coups de plus avant de se séparer bons amis. L'espagnol David Anton, opposé aujourd'hui au Français Maxime Vachier-Lagrave, a gagné un pion contre la Grünfeld mais les Noirs avaient de bonnes compensations, et les Blancs des difficultés pour trouver de bons coups. Nulle encore... A noter, et c'est important, que tous les plus forts Elo de ces parties jouaient avec les pièces noires. Toutefois, Veselin Topalov n'a pas raté l'occasion de rejoindre le groupe de tête avec une victoire sur Emil Sutovsky et Fabiano Caruana a parfaitement profité de la faute de Gopal G.N. 30.Fe3? pour prendre l'ascendant et l'emporter au 53e coup. Laurent Fressinet a été l'un des derniers à terminer sa partie. Opposé à l'Italien Daniele Vocaturo, la position semblait s'acheminer vers la nulle malgré tous les efforts du Français, lorsque 60...Fb8? - joué en zeitnot - recevait la réplique 61.c5+! avec un avantage décisif !

Extrait des résultats de la ronde 7

Résumé de la ronde 7

L'Espagnol David Anton, sur la première table, a annulé rapidement contre Hikaru Nakamura. Nigel Short, vainqueur de Fabiano Caruana dans la ronde 6, a annulé aujourd'hui contre Peter Svidler. Pas mal pour le grand-maître anglais de 51 ans. Après sa déconvenue de la veille, Caruana s'est bien repris et n'a laissé aucune chance à Kateryna Lagno. Maxime Vachier-Lagrave a fait tomber le «mur de Berlin» de Michael Adams - une superbe démonstration technique - permettant ainsi au Français non seulement de rejoindre Anton et Nakamura en tête du tournoi, mais aussi le club très fermé des +2800 avec 2803 Elo. L'autre Maxime, Lagarde, a en revanche souffert avant de s'incliner devant Maxim Matlakov.

Fabien Libiszewski l'a emporté facilement sur Sebastian Mihajlov. Idem pour Romain Edouard sur Ehud Shachar. Andreï Istratescu a dû jouer avec la plus grande précision pour d'abord éviter le pat face à une «tour folle» de Gergely Kantor, puis d'éviter les pièges d'une finale Dame contre Tour ! 1-0 au 103e coup. Le MI Borya Ider a parfaitement résisté au sacrifice de Dame contre Fou + Cavalier et 2 pions de la championne Hou Yifan... avant de gaffer au 42e coup ! Sébastien Mazé s'est bien battu, mais la technique impeccable de Boris Gelfand est venue à bout de sa résistance. Laurent Fressinet, avec les pièces noires, a gagné un pion contre Ju Wenjun, mais la Chinoise a réussi à transposer dans une finale de Tours avec tous les pions du même côté pour finalement arracher la nulle.

Gibraltar après le Brexit

Que va devenir Gibraltar ? La question se pose après la décision de la Grande-Bretagne de quitter l’Union Européenne. Pour Madrid, le Brexit lui permettrait de récupérer la petite enclave de 7 km², et 33.000 habitants. Londres cherche à rassurer les habitants de l’enclave britannique au sud de l’Espagne, qui a voté à plus de 90% pour le maintien dans l’UE.

Jose Manuel Garcia-Margallo, ministre espagnol des Affaires étrangères : « La meilleure solution à mon avis est une période de transition, avec une souveraineté partagée avec deux drapeaux. (…) Le sort de Gibraltar n’est pas un objet dont le Royaume-Uni peut discuter avec l’Union européenne, ils doivent discuter avec l’Espagne. A partir de maintenant les traités ne sont plus applicables à Gibraltar, Gibraltar devient un territoire tiers. »

Une souveraineté partagée permettrait à Gibraltar d’avoir accès au marché intérieur de l’Union Européenne, malgré le Brexit. Les autorités espagnoles attendent surtout une rétrocession complète de l’enclave à l’Espagne, qui a été cédée à l’Angleterre, au début du 18e siècle selon les traités d'Utrecht de 1713.

L'économie, aujourd’hui prospère, dépend très largement de ses relations avec l’UE. Les investisseurs, attirés par un faible régime d’imposition et son appartenance à l’UE, pourraient s’en détourner. Source http://fr.euronews.com/2016/06/24/apres-le-brexit-quel-sort-pour-gibraltar