Chess in Art - L’Art et les Echecs

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« Ma femme et ses sœurs » Henry Caro-Delvaille (1876-1928)

En bref

Un ouvrage signé Peter Herel Raabenstein « CHESS IN ART History of chess in paintings 1100-1900 » vient de paraître. Un livre très intéressant pour les amateurs d’art qui réunit des œuvres que certainement vous aurez plaisir à découvrir. Par Georges Bertola

Depuis 2003, l’auteur passionné par le jeu d’échecs et la peinture a réuni les œuvres de plus de 700 artistes avec pour toile de fond le jeu d’échecs. Un travail de longue haleine qui trouve son aboutissement avec cette publication de plus de 300 pages. Cela débute avec le Moyen Âge, notamment Jacques de Cessoles, un moine dominicain né dans la seconde moitié du 13e siècle, dont le manuscrit « Le jeu des eschez moralisé » a fortement contribué à justifier l’ordre féodal. Il doit en rester plus d’une centaine de copies aujourd’hui. Le jeu d’échecs est devenu alors le jeu des Rois et le roi des jeux, pratiqué essentiellement par la noblesse et le clergé.

Johann Hasenclever (1810-1853)

De l’aristocratie à la bourgeoisie

Jusqu’à la fin du 18e siècle, c’était avant tout un jeu de Cour comme l’attestent les nombreuses toiles de peintres plus ou moins connus. L’une des premières exceptions « Les joueurs d’échecs » de Venise est une toile du célèbre Caravage (1571-1610), au réalisme saisissant dont l’auteur était connu pour partager la vie du peuple où il trouvait l’essentiel de l’inspiration de ses œuvres. A la fin du 18e, c’est de plus en plus la grande bourgeoisie qui se met en scène pour utiliser l’image valorisante du jeu, un modèle d’intelligence.

« Les joueurs d’échecs » une toile du célèbre Caravage (1571-1610)

Une scène attribuée faussement à « Jentzen » a été peinte en fait par Johann Hasenclever (1810-1853). Elle me semble illustrer l’inconvénient d’être considéré par la galerie comme une mazette. C’est, du moins je l’imagine, l’atmosphère qui devait régner au Café de la Régence ! Sur le plan historique, artistique et social, ce travail représente une valeur certaine. J’ignorais que le match de 1886 opposant Zukertort à Steinitz avait fait l’objet d’un daguerréotype de l’artiste américain Charles-Henry Granger (1812-1893).

« CHESS IN ART History of chess in paintings 1100-1900 »

Les femmes sont aussi très présentes, alors qu’elles sont absentes des tournois jusqu’à la fin du 19e siècle. Le peintre Henry Caro-Delvaille (1876-1928), un illustre représentant de la « Belle Epoque », aujourd’hui oublié, nous offre une vision domestique insolite avec « Ma femme et ses sœurs ».

Un livre très intéressant pour les amateurs d’art qui réunit des œuvres que certainement vous aurez plaisir à découvrir. Lien : www.chessinart.com

Ce livre monumental est l’occasion de rappeler l’excellent « Art échecs et mat » d’Yves Marek (Ed. Imprimerie Nationale 2008) sans conteste le meilleur livre publié en français sur le sujet.

Europe Echecs lui avait d’ailleurs dédié un numéro spécial.

En dix brefs chapitres, incisifs comme des pointes-sèches, Yves Marek esquisse l’histoire et capture l’essence du roi des jeux.

« Art échecs et mat »