En bref
Kévin Bordi, youtubeur et streamer très populaire connu sous le nom de Blitzstream, a organisé samedi 9 décembre la troisième édition de la B-Cup, tournoi hybride à l'ESpot (Paris). Le principe est simple et original : des joueurs disputent un tournoi en ligne, mais sont rassemblés dans un même lieu.
Accompagné aux commentaires par le grand maître Fabien Libiszewski, Kévin Bordi réussit avec cette troisième édition à pérenniser une formule qui suscite un engouement au-delà des seuls joueurs de clubs, y compris à l’international grâce à Anna Cramling qui streamait l'événement en direct. Mais il parvient aussi à attirer des joueurs prestigieux, dont Étienne Bacrot (vainqueur en 2022), Pavel Tregubov ou Sébastien Mazé. À l'heure où le jeu en ligne subit une crise de confiance à cause des suspicions de triche, ce mélange de jeu en ligne et en présentiel est une piste à creuser pour tirer profit des avantages de ces deux façons de pratiquer les échecs.
Après une phase qualificative, les 8 meilleurs joueurs se sont affrontés lors d'une phase finale à élimination directe à la cadence 3 minutes + 1 seconde par coup. Alexandra Kosteniuk, victorieuse l'an passé, n'est pas parvenue à se qualifier, échouant à un petit demi-point !
La B-Cup proposait aussi un tournoi de bullet, remporté par Maxime Lagarde.
DANIEL DARDHA EST LE CHAMPION DE LA #BCUP3 @espotparis !!! pic.twitter.com/CXBYgSNel9
— Kevin Bordi (@Blitz_Stream) December 9, 2023
Les ingrédients de la victoire en blitz, par Daniel Dardha
La victoire du Belge ne doit rien au hasard : il est en effet un grand amateur de blitz en ligne !
"Je joue beaucoup de blitz en ligne. C’est intéressant. Cela me permet de pratiquer de nouvelles ouvertures. Vous vous familiarisez avec les positions. Vous vous souvenez de vos parties antérieures. Vous savez que ce coup était bon. Vous prenez des décisions plus rapidement."
Voici selon lui les recettes du succès dans ce type de compétition à cadence très rapide :
"Il faut rester cool, ne pas paniquer sous la pression. Lorsque je gagne, je ressens une montée d’adrénaline, ce qui me fait jouer encore mieux."
"Pour moi, l’essentiel, c’est d’avoir plus de temps que mon adversaire. Calculez en priorité les lignes forcées. Ne vous dispersez pas ! Les meilleurs cherchent à obtenir l'initiative. C’est très important en blitz."
Extraits du numéro de février 2023 d'Europe Échecs, dans lequel vous retrouverez les 10 conseils du champion pour progresser en blitz.
Les ingrédients d'un tournoi réussi
Souvent critique vis-à-vis des formats adoptés lors des grandes compétitions internationales, Kévin Bordi a décidé d'organiser son propre événement, en y intégrant les ingrédients qui sont selon lui nécessaires pour dépoussiérer la pratique des échecs.
Dans son interview, publiée dans le numéro d'Europe Échecs de mars 2023, il expliquait la philosophie de la B-Cup. Selon lui, ce type d'événement n'a pas vocation à remplacer les autres compétitions, mais complète les pratiques échiquéennes possibles.
"On joue sur ordinateurs, mais en réel. Les joueurs se font face. Nous amenons les amateurs et les professionnels dans un même lieu. La dernière fois [lors de la première édition en 2022, ndlr], il y avait 140 personnes. C’était à ESPOT, l’une des plus grandes salles d’E-Sports d’Europe, à Paris. Ils ont 2000 mètres carrés de salle de jeu. On expérimente dans ce sens-là. On fournit les ordinateurs, tout. La cadence est de 5 + 2 car sur un ordinateur, on n’arrive pas à rester concentré durant 3 ou 4 heures. C’est impossible. Physiquement, c’est trop dur. Tous les gens que je connais, qui ont essayé, n’y arrivent pas. Sur ordinateur, 15 minutes + 10 secondes, c’est déjà le maximum.
Je tiens vraiment à insister pour les lecteurs d’Europe Echecs, qui aiment peut-être plus les classiques et les grands évènements, comme le Tata Steel. Ce n’est pas parce que le top niveau jouera de plus en plus à des cadences rapides que les tournois en parties longues vont disparaître. S’il y a des gens qui jouent au tennis, parmi vos lecteurs, on peut faire un parallèle. J’y joue un peu. Des fois, c’est en 1 set ou en 2 sets gagnants, mais au niveau amateur, on ne joue quasiment jamais en 3 sets gagnants, comme les professionnels. On n’a simplement pas les capacités pour le faire." (Kévin Bordi)