En bref
Kévin Bordi, youtubeur échecs connu pour sa chaîne Blitzstream et ses analyses en direct sur Twitch, a organisé samedi 17 juin la deuxième édition de la B-Cup, tournoi hybride qui rassemble à l'ESpot (Paris) des joueurs venus disputer des tournois en ligne, mais réunis dans un même lieu.
Ce format innovant connaît un grand succès populaire, avec de nombreux inscrits et des milliers de spectateurs sur internet. Mais il parvient aussi à attirer des grands noms des échecs comme Étienne Bacrot (vainqueur en 2022), Fabien Libiszewski, ou encore l'ancienne championne du monde Alexandra Kosteniuk.
Après une phase qualificative réunissant 101 joueurs, les 8 meilleurs joueurs se sont affrontés lors d'une phase finale à élimination directe à la cadence 3 minutes + 1 seconde par coup.
Alexandra Kosteniuk s'impose, en éliminant Laurent Fressinet en demi-finale, puis son mari Pavel Tregubov en finale.
Alors que @chessqueen domine sa partie de qualif' #BCUP de long en large, @AlphaEchecs trouve un mat incroyable pour s'octroyer la première place du classement poule ! 😱 #BLITZ pic.twitter.com/HVD44tqc6l
— Kevin Bordi (@Blitz_Stream) June 17, 2023
Alexandra Kosteniuk, une championne emblématique
Alexandra Kosteniuk est une très grande championne, bien connue de nos lecteurs ! En 2008, elle faisait la Une d'Europe Échecs après avoir décroché le titre de championne du monde classique. Quinze ans plus tard, elle était notre joueuse du mois, après son triomphe lors du Grand Prix FIDE de Munich. Et entre ces deux dates, elle a remporté de nombreuses victoires, dont le prestigieux Championnat du monde féminin de parties rapides en 2021. Née en Russie, Alexandra Kosteniuk joue désormais sous les couleurs de la Suisse.
Un nouveau format qui ne remplacera pas les autres
Souvent critique vis-à-vis des formats adoptés lors des grandes compétitions internationales, Kévin Bordi a décidé d'organiser son propre événement, en y intégrant les ingrédients qui sont selon lui nécessaires pour dépoussiérer la pratique des échecs.
Dans son interview, publiée dans le numéro d'Europe Échecs de mars 2023, il expliquait la philosophie de la B-Cup. Selon lui, ce type d'événement n'a pas vocation à remplacer les autres compétitions, mais complète les pratiques échiquéennes possibles.
"On joue sur ordinateurs, mais en réel. Les joueurs se font face. Nous amenons les amateurs et les professionnels dans un même lieu. La dernière fois [lors de la première édition en 2022, ndlr], il y avait 140 personnes. C’était à ESPOT, l’une des plus grandes salles d’E-Sports d’Europe, à Paris. Ils ont 2000 mètres carrés de salle de jeu. On expérimente dans ce sens-là. On fournit les ordinateurs, tout. La cadence est de 5 + 2 car sur un ordinateur, on n’arrive pas à rester concentré durant 3 ou 4 heures. C’est impossible. Physiquement, c’est trop dur. Tous les gens que je connais, qui ont essayé, n’y arrivent pas. Sur ordinateur, 15 minutes + 10 secondes, c’est déjà le maximum.
Je tiens vraiment à insister pour les lecteurs d’Europe Echecs, qui aiment peut-être plus les classiques et les grands évènements, comme le Tata Steel. Ce n’est pas parce que le top niveau jouera de plus en plus à des cadences rapides que les tournois en parties longues vont disparaître. S’il y a des gens qui jouent au tennis, parmi vos lecteurs, on peut faire un parallèle. J’y joue un peu. Des fois, c’est en 1 set ou en 2 sets gagnants, mais au niveau amateur, on ne joue quasiment jamais en 3 sets gagnants, comme les professionnels. On n’a simplement pas les capacités pour le faire."