En bref
Le monde entier regardera le Tour de France... et le reste du monde, demain, dès l’aube, tentera de battre le légendaire champion du monde, Anatoly Karpov. A l’heure du prologue, à Liège en Belgique, un œil sur sa télé, la tête pleine des timbres belges de sa collection philatélique, cherchant ceux qui représentent cette bonne ville de Liège où l’on fête chaque année le 14 juillet, récitant la liste des exploits et des trophées d’Eddy Merckx, chassant la foule des pensées qui peuvent se précipiter dans le cerveau hypermnésique d’un champion d’échecs, le grand Anatoly Karpov aura une pensée amicale pour le reste du monde, rassemblé sur Europe Echecs pour le défier.
Peut-être avec son tact habituel, se demandera-t-il, dans un accès de suprême courtoisie, en jouant sans doute 1.e4 si s’engager dans une partie espagnole ou une italienne ne risque pas de susciter des sentiments amers pour ses adversaires français, sortis de l'euro 2012, et de rappeler le dernier sommet européen, où l’Espagne et l’Italie auraient damé le pion à l’Allemagne et à la France, ou si commencer par un début Larsen, inventé dans un petit pays innocent où l’on se demande toujours s’il vaut mieux être ou ne pas être –européen-, ne ferait pas plus... d’effet ?
L’effet sera en tout cas planétaire. Le jeu d’échecs est si discret qu’on oublierait que la fédération française des échecs compte à peine moitié moins de licenciés que celle de cyclisme. Il lui manque, pour bénéficier des avantages de la télévision, comme les sports de stades, de voile ou de route, le spectacle des grands espaces. Comment filmer les échecs ? Mais les grands espaces, le jeu d’échecs les a conquis virtuellement sur la Toile. Des millions de joueurs suivent en direct haletant les championnats du monde et les grands matchs, participant parfois à des parties majoritaires, jouant en direct à partir de dizaines de pays notamment sur le site d’Europe Echecs.
Yves Marek
auteur de "Art, échecs et mat" (éditions Actes Sud)