2e Open de Marrakech

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La photo souvenir de ce 2e open de Marrakech.

En bref

Cette 2e organisée du 25 juin au 1er juillet était l’occasion de « jouer en savourant les multiples facettes d’une cité millénaire » et de ses environs. Ce concept « échecs et excursions », c’est un nouvel art de pratiquer les échecs en compétition.

Quand Marrakech innove, soixante amateurs s’affrontent dans le salon feutré d’un hôtel 5 étoiles, le Ryad Mogador Menara. Le lendemain, ils mettent le cap vers Aït-Ourir, au cœur d’une vallée verdoyante, en car climatisé. Les échiquiers sont déployés sur les tables d’un restaurant de cuisine traditionnelle marocaine, au pied de l’Atlas. Coup d’envoi de la ronde à la « fraîche », en matinée. Les parties finies, l’excursion commence. Les 3e et 5e rondes furent ainsi jouées dans des sites naturels, à une trentaine de kilomètres de Marrakech.

La piscine de l’hôtel Ryad Mogador Menara, au cœur de l’Hivernage.
La photo souvenir de ce 2e open de Marrakech.

Enchantement des 64 cases

La 5e fut sans doute la plus mémorable. Elle se disputa sur les rives du lac Takerkouste, plus exactement sur une terrasse ombragée, « les pieds l’eau ». Juste la nature. La réflexion des joueurs était bercée par le chant mélodieux des oiseaux et le clapotis des vaguelettes. Comme les ruisseaux de la vallée d’Aït-Ourir, cette proximité de l’eau, c’était rafraîchissant. Aucun bruit de la ville. Seul le clic des pendules put troubler ce ravissement. L’arbitre Gérard Hernandez, accompagné de son épouse, était aux anges. Quand la passion des 64 cases permet de vivre des instants bénis…

Côté joueurs, Alain Larraufie (1190), un amateur français de Lyon, put témoigner : « J’ai découvert un pays magnifique avec des habitants chaleureux et avenants. Les parties faites lors des excursions seront inoubliables. Malgré la chaleur, auquel on finit par s’habituer, on apprécie ces « salles de jeux » inhabituelles. Malgré mon faible score sans prétention, ce tournoi restera certainement longtemps dans ma mémoire et je ne manquerai pas de le recommander. »

Séance d’analyse dans la vallée de Aït-Ourir.
Rencontre avec un singe de l’Atlas.
Sur les rives du lac Takerkouste.

Musique et plaisir

Cet open de 7 rondes était joliment doté : 8 000 euros de prix au total, avec deux classements distinctifs. Il y eut deux premiers prix de 1 500 euros récompensant le vainqueur de la catégorie des moins de 1800 Elo et de celle des plus de 1800 Elo. L’ultime point d’orgue fut une soirée festive dans les ruines du Palais El Badii, une splendeur de l’art islamique du 16e siècle. Ce spectacle de danse et de musique en plein air s’inscrivait dans le cadre du 46e Festival National des Arts Populaires. Les troupes de toutes les provinces du Maroc se succédèrent sur la scène, en quatre tableaux : Mariage d’un artiste, Hymne à la beauté, La transmission des valeurs, Que vive l’espoir ! Comme le disait le livret, « quand le Grand Atlas festoie, les Mélopées du Sud s’écoulent… » Au ravissement des joueurs d’échecs, bien sûr, tout aussi envoûtés que le public marrakchi.

Musique et folklore sous les étoiles, au Palais El Badii.

echeXcursion 2012

Côté organisateurs, le pari était réussi. Certes, le terrible attentat ayant endeuillé la Place Jemaa El Fna, le 28 avril, avait dissuadé de nombreux amateurs français. Les explosions de violence du « Printemps arabe » sur les pourtours de Méditerranée, au Proche Orient, pouvaient faire craindre le pire. En outre, le 1er juillet, le peuple marocain était appelé à s’engager sur le projet de nouvelle Constitution par référendum. A Marrakech, il n’y eut pas le moindre incident. Les seuls soucis concernèrent plutôt les retards à répétition de la compagnie « low cost » Easyjet. Mais le transport n’était pas inclus dans le forfait. Les organisateurs s’interrogent désormais. Le concept fonctionne. Dans la perspective de 2012, pourquoi ne pas nouer un partenariat avec une compagnie aérienne marocaine, autrement plus fiable, pour proposer un forfait global vol + hôtel + excursions !?

L’organisateur Larbi Houari, de la société Callson, auprès de Zoubida El Boustani, présidente de l’Association des Femmes Entrepreneures de Marrakech (AFEM), et de son adjointe.

Match Sebbar-Benitah : 3-3

Un match d’entraînement opposa Ali Sebbar (2290), candidat Maître marocain, au MI lyonnais Yoann Benitah (2390). Ce fut un beau combat : 4 victoires et 2 nulles. Comme les super GMI, les deux joueurs s’étaient préparés remarquablement. Ils se défièrent sur le thème de la défense Benoni. Ce match était sans enjeu côté Elo en raison de la cadence choisie : 75 minutes KO, soit la même que pour l’open.

Ali Sebbar et Yohan Benitah, avec Didier Malandre au centre.

Open : le Junior Choukri

Chaque jour apporta son lot de résultats inattendus. La logique du Elo était chamboulée car de nombreux Marocains n’ont pas le classement qu’ils méritent. Cette situation est la conséquence directe des malversations de Mustapha Amazal, l’ancien président de la fédération. Rappelons que le Maroc avait été mis au ban des nations par la FIDE. Ali Sebbar, notamment, avait été victime de cette gestion désastreuse : son Elo à 2290 n’a pas varié depuis le 1er juillet 2006, soit zéro partie comptabilisée en cinq ans ! D’où l’urgence de reconstruire les échecs marocains. Cette 2e édition de l’open de Marrakech fut une étape de plus. Elle permit à de nombreux « non classés » nationaux d’étalonner leur force. La victoire revint au junior Adel Choukri (2115). Cet espoir prometteur réalisa un parcours sans faute : six victoires suivies d’une nulle à la 7e et dernière ronde face à l’un de ses rivaux directs. En l’occurrence, il s’agissait de Lissan Dine Akhrouf, clairement sous-classé à 1499 !

Adel Choukri, 1er avec 6,5/7
Jeunes joueur marocains réunis dans le hall de l’hôtel.
La benjamine du tournoi, sur les traces de Judit Polgar

Open - Extrait du classement final

La grille américaine : www.maroc-echecs.com/article3441.html

1. Adel Choukri (Maroc 2115) : 6,7

2-5. Lissan Din Akhrouf (Maroc 1499) Mourad Cherigui (Maroc 1499) Grégory Lux (France 2119) Anas El Omari (Maroc 1499) : 5,5

6-10. Guillaume Gueriche (France 2100) Oussama Bohaddoune (Maroc 2273) Elhoucine Elmanouzi (Maroc 1777) Bachir Sbia (Maroc 1918) Paulo costa (Portugal 2160) : 5

Podium +1800 Elo

1. Adel Choukri (Maroc 2115) : 6,7

2. Grégory Lux (France 2119) : 5,5

3. Guillaume Gueriche (France 2100) : 5

Podium -1800 Elo

1. Lissan Din Akhrouf (Maroc 1499) : 5,5/7

2. Mourad Cherigui (Maroc 1499) : 5,5

3. Anas El Omari (Maroc 1499) : 5,5

Non à la barbarie, oui à la paix !

Un hommage solennel fut rendu aux victimes de l’attentat du 28 avril, avec un dépôt de roses blanches au pied du café Argana. En ce 28 juin, les participants rejoignirent en calèche la célèbre place Jemaa el Fna, noire de monde. Chacun fut invité à disputer quelques blitz de l’amitié et de la fraternité. La foule s’agglutinait autour de l’espace réservé aux joueurs. Une fois les pendules rangées, un cortège s’ébranla en direction du café Argana, cible de l’attentat meurtrier. Une grande banderole fut déployée. En Arabe et en Français, il y était écrit : « Non à la barbarie, oui à la paix ». Tous les acteurs majeurs des échecs marrakchis et de la Ligue du Sud, ainsi que leurs partenaires furent associé à cet hommage.

En calèche jusqu’à la place Jemaa El Fna.
Une séance de blitz en plein cœur de la place.
L’hommage rendu aux victimes de l’attentat du café Argana.
Une rose blanche comme un symbole de paix pour la jeune MF Fadoua Arif.