En bref
Le tour traversait aujourd'hui cette région magique du Languedoc, la région des troubadours, des châteaux Cathares, des contreforts des Cévennes, ces vallées de passage, dès le Moyen-Âge, de la médecine de l'astronomie, des sciences juives et arabes venues d'Espagne, des chants mystiques et amoureux de Raymond Lulle qui célèbrent les reines de nos coeurs que nous allons chanter aujourd'hui, avec aussi Paul Valéry et Georges Brassens, enterrés au cimetière marin de Sète, ville traversée par le peloton avant l'arrivée de cette étape remportée d'une roue par Greipel devant Sagan.
Tout en célébrant la petite reine, n'oublions pas la reine du Danemark, qui a épousé un Français le comte de Montpezat, originaire de Cahors, ce qui crée un lien particulier entre notre pays et le petit Royaume de Hamlet, où les vélos sont aussi populaires qu'en Hollande. Voilà pourquoi l'équipe danoise Saxo Bank-Tinkoff Bank ne s'est pas demandée longtemps si elle devait être ou ne pas être du Tour, qui aligne donc quelques vaillants Danois, outre Morkov déjà cité, qui n'a pas eu aujourd'hui la puissance suffisante pour réussir son attaque dans la montée du Mont Saint-Clair, un Lund et deux Sorensen. Si donc, au pays d'Andersen, la Reine est aimée, la petite reine est appréciée, la petite sirène est encore plus célèbre. On peut la voir, nonchalamment assise sur un rocher au bord du rivage de Copenhague, bronzer toute nue. Elle ne serait donc pas dépaysée, en arrivant avec ses compatriotes aujourd'hui au Cap d'Agde, capitale française du naturisme. Ce que l'on sait moins, c'est qu'au Cap d'Agde se déroule tous les deux ans, à l'origine sous l'impulsion du comité d'entreprise de Gaz de France, et grâce à l'organisation impeccable et chaleureuse de Pascal Lazarre, un formidable tournoi d'échecs, joyeux et fervent, dont Anatoly Karpov est le parrain et l'habitué et qui a vu défiler, parmi des centaines de participants, les plus grands joueurs du monde.
Là, dans cette cité du naturisme, on peut soit admirer les parties au bord de la plage, soit jouer, et il n'est pas rare, le roque étant déshabillé, de trouver son roi à poil. C'est ce qui risque d'arriver au reste du monde aujourd'hui, puisque, fait désagréable, après que Karpov a pris en a5, le camp des noirs compte un mort (pion).
Yves Marek
auteur de "Art, échecs et mat" (éditions Actes Sud)