42e Olympiade d'Échecs : R3 & R4

La 42e Olympiade d'échecs se déroule du 1er au 14 septembre 2016 à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan. Les organisateurs accueillent 1597 joueuses et joueurs venus de 178 pays des 189 membres de la Fédération Internationale Des Échecs.

Site officiel www.bakuchessolympiad.com avec parties en direct et streaming commenté en 5 langues : Féminin et Masculin.

Tous les appariements, résultats, statistiques, équipes de l'Olympiade masculine et féminine.

Voir, voire revoir les articles Europe Echecs de la 39e Olympiade à Khanty-Mansiysk ; de la 40e Olympiade à Istanbul et de la 41e Olympiade à Tromsø.

Première ronde de l'Olympiade d'échecs de Bakou le 2 septembre 2016 à 13h00 (heure française), jour de repos le 7 septembre, onzième et dernière ronde le 13 septembre à 9h00. La cadence de jeu est 90 minutes pour les 40 premiers coups, puis 30 minutes pour le reste de la partie, le tout avec un incrément de 30 secondes par coup. Les joueurs ne sont pas autorisés à proposer le match nul avant le trentième coup des Noirs.

Extrait du classement après la ronde 4 du mixte

Extrait des Résultats de la ronde 4 du masculin

Extrait des Résultats de la ronde 3 du masculin

Extrait du classement après la ronde 4 du féminin

Extrait des Résultats de la ronde 4 du féminin

Extrait des Résultats de la ronde 3 du féminin

Lorsque la loi se heurte au sens commun

Geoffrey Borg, le directeur général de la FIDE, s’est contenté de dire que nous ne pouvions pas entrer jusqu'à ce que le président s’en aille. La fureur de l'assemblée a donné lieu à des épithètes comme « inacceptable », « honteux », « incompétents » et autres. La situation manquait de logique; le Président Aliyev était venu jouer le premier coup précisément pour livrer cette image à la presse internationale, après avoir dépensé plusieurs millions d'euros d'argent public dans l'organisation de l'Olympiade. Tous les journalistes regroupés avions demandé notre accréditation depuis déjà deux mois, et nous l’avions obtenu après avoir prouvé qui nous étions; nous venions de passer un contrôle et des portiques de sécurité; et nous n’aurions eu aucune objection à être contrôlés à nouveau si cela avait été nécessaire. Mais un grand esprit a décidé que seuls des journalistes très proches du gouvernement (même pas les cinq qui avait un contrat avec le Comité d'organisation du service presse, ni même l'Espagnol David Llada), pouvaient prendre cette image. En outre, une demi-heure avant l'arrivée du président, ils ont décidé que tous ceux qui étaient déjà à l’intérieur pouvaient rester, alors que tous ceux qui se trouvaient encore à l'extérieur ne pouvaient pas entrer; même si beaucoup de ceux qui se trouvaient à l'intérieur étaient beaucoup moins qualifiés et contrôlés

Peu de temps après je me suis retrouvé confronté à une autre triste histoire, fruit du résultat des règles appliquées contre le sens commun. Un arbitre a décidé que Haïti avait perdu 4-0 face à l'Uruguay, parce que les Haïtiens sont arrivés après les 15 minutes réglementaire (suite aux embouteillages provoqués par l'illustre président) et de plus, sans la carte verte qui distingue les joueurs des remplaçants. Les Uruguayens ont demandé à jouer quand-même parce qu'ils ne voulaient pas gagner par forfait. En fait, l'un d'eux, Ernesto Rodi, avait même commencé sa partie avec le seul Haïtien qui portait son badge vert, Luxama Muller, mais l'arbitre est resté inflexible.

La controversée règle de la « tolérance zéro », qui a été étendue à 15 minutes, est parfaitement logique dans les échecs professionnels, car il est très important que les photojournalistes puissent bien faire leur travail afin de satisfaire les sponsors; moi-même j’obligerais les joueurs de l'élite à être sur leur échiquier dix minutes avant. Mais cela n'a pas de sens d'appliquer strictement cette règle à des amateurs qui jouent rarement des tournois internationaux, comme les Haïtiens, pour qui l’Olympiade est une grande compétition qu’ils jouent avec enthousiasme. Et le comble du comble c’est de l’appliquer contre la volonté de l'équipe adverse.

La nouvelle règle anti-triche a encore frappée : chaque joueur qui veut aller aux toilettes doit en informer l'arbitre avant. Comme je l'ai expliqué dans mon article publié hier, ils sont nombreux les arbitres qui ont vu dans cette règle l’opportunité d’un jour de gloire et de pouvoir, interprétant « informer » par « demander l’autorisation ». Cependant, j'ai appris que, contrairement aux ordres donnés par le directeur du tournoi, un arbitre a demandé à un capitaine pourquoi l'une de ses joueuses s’était rendue aux toilettes cinq fois pendant la partie. Le capitaine a répondu qu'il n'avait pas l’habitude d’avoir ce genre de dialogues avec ses joueuses... Quand les parties ont été terminées, le capitaine a raconté ce qui est arrivé à la joueuse en question, qui lui a répondu : « Je ne suis pas allée aux toilettes de toute la partie, sinon que j’allais regarder les parties des grandes équipes, parce que mon adversaire prenait beaucoup de temps pour jouer et je m’ennuyais. »

Traduction libre de l’article de Leontxo García paru sur http://deportes.elpais.com

Un président toxique

Kirsan Ilioumjinov, le président de la FIDE, connecté avec la Syrie, sanctionné par les Etats-Unis et protégé par Poutine.

Le Championnat du monde d'échecs se jouera près de Wall Street (dans le quartier de Seaport) avec de l'argent venu de proches de Vladimir Poutine. Le Norvégien Magnus Carlsen et le Russe Sergey Karjakin se réuniront en novembre à New York, le match étant sponsorisé par une société russe, même si le président de la Fédération Internationale (FIDE), Kirsan Ilioumjinov, est sur la liste noire de la Maison Blanche pour ses relations troubles avec le gouvernement et la Banque de Syrie.

Ilioumjinov n'a pas voulu confirmer hier El Pais, à Bakou, si la FIDE était proche de la faillite, comme l’indique ses comptes : un million de déficit alors que les revenus ne dépassent pas deux millions par an. Ilioumjinov a répondu pendant dix minutes, mais a évité toute référence à ce sujet, concluant d'un : « Votre question n'est pas sérieuse ». Son attaché de presse, Anastasiya Karlovich, a ajouté : « C'est approprié pour une interview privée, pas dans une conférence de presse pendant l'Olympiade ».

Le congrès de la FIDE commence demain à Bakou et les esprits sont échauffés, même parmi les alliés les plus vigoureux comme le Cubain résidant au Mexique, Jorge Vega, président de la « FIDE Amérique » et homme clé des pays hispanophones. Vega a reconnu à ce journal en mars, à Moscou, que la permanence de Ilioumjinov à la tête de la FIDE est « toxique » au moment de rechercher des sponsors, en particulier aux États-Unis, quand le championnat du monde va s'y dérouler. En outre, le président de la Fédération jamaïcaine, Ian Wilkinson, prévoit de soumettre une motion de censure au motif que plusieurs multinationales ont rejeté des propositions de sponsoring « à cause de la toxicité de l'actuel président de la FIDE ». En fait, Ilioumjinov a fait comme s'il démissionnait en février - en déléguant plusieurs fonctions - quand il a appris sa présence dans la liste noire des États-Unis, mais il continue d'agir en tant que président, et apparaît comme tel dans l'organigramme du site Internet officiel.

Bien que IIlioumjinov a fait don ou gagné beaucoup d'argent pour la FIDE depuis qu'il a été élu en 1995 - il y a deux ans il y a déclaré « plus de 80 millions de dollars » (72 millions d'euros) - il est clair que les sanctions contre lui et la Russie ont sérieusement endommagé sa fortune, réalisée dans la période la plus chaotique de la Russie (en termes de contrôle économique et de collecte des impôts), après l'effondrement de l'URSS en 1991. Son discours électoral, il y a deux ans à Tromso (Norvège), quelques minutes avant le vote qui l'a opposé à Kasparov, s'est achevé par l'annonce d'un don de de 20 millions de plus. Il n'y a aucune nouvelles si depuis lors il a apporté un seul dollar. En revanche, les frais de voyages officiels totalisent 579.000 euros au cours des trois dernières années, selon les comptes officiels de la FIDE.

Plus frappant encore est que la Fédération Internationale d'un sport avec 189 pays affiliés et 600 millions d’amateurs dans le monde entier - selon une étude réalisée par la prestigieuse agence américaine YouGov -, ont à peine quelques sponsors privés qui ne sont pas des proches de Poutine. Par exemple, le propriétaire de PhosAgro, la société d'engrais annoncée à la dernière minute pour sponsoriser le championnat du monde en novembre à New York, est Andrei Guriev, dont la datcha (maison de campagne) est très proche de celle du président russe. En outre, le propriétaire de 10% des actions de PhosAgro (les 90% restants sont à la famille Guriev) est Vladimir Litvinenko, un ancien directeur de campagne du président Vladimir Poutine, qui a déclaré publiquement à au moins deux reprises, la grande importance que le prochain Champion monde d'échecs soit de nouveau un Russe.

Traduction libre de l’article de Leontxo García paru sur http://deportes.elpais.com