En bref
En juin 1970 s’était tenu un important tournoi dans la capitale de la Macédoine, Skopje. Il se dénommait « Tournoi de la solidarité » en mémoire du terrible séisme qui avait détruit la ville en 1963 et causé plus d’un millier de victimes. Le statut non-aligné de la Yougoslavie de Tito, alors que la guerre froide battait son plein entre les deux blocs, avait permis aux Skopiotes de recevoir une aide importante venue d’Occident et du monde entier.
Un ami architecte, Panta Knezevic, originaire de la ville de Skopje et arrivé depuis peu en Suisse, m’avait dit pratiquer les échecs en amateur. Le niveau des joueurs venu de l’Est était en général nettement au-dessus des joueurs moyens occidentaux et très rapidement, après quelques apparitions au club, il s’imposa comme un bon joueur. L’un des premiers fort joueur que je rencontrais sur l’échiquier, Istvan Maksay, était un réfugié venu de Hongrie en 1956 après le soulèvement de Budapest écrasé par l’armée Rouge. Il jouait en compétition dans une équipe de son entreprise plusieurs fois par semaine. Les échecs étaient enseignés à l’école et très populaires en Hongrie alors qu’ici en Occident peu de gens s’y intéressaient.
Au début des années 1970, la France, la Suisse, l’Angleterre ou l’Italie ne comptaient aucun Grand-Maître, contrairement à la Hongrie (Barcza, Barczay, Lengyel, Portisch, Szabo) ou la Yougoslavie (Ciric, Damjanovic, Gligoric, Ivkov, Janosevic, Matanovic, Matulovic, Parma, Pirc, Trifunovic, Udovcic) qui disposaient d’une véritable armada de joueurs titrés. Un Grand-Maître avait un statut et une aura prestigieuse au début des années 70 et pouvoir se mesurer à l’un d’eux en simultanée était un évènement pour la plupart d’entre nous. Knezevic me parlait avec admiration du héros national Svetozar Gligoric, le numéro 1 yougoslave et ami de Bobby Fischer, qui « aurait pu devenir champion du monde s’il avait vécu en URSS » précisa-il. A cette époque la Yougoslavie, après l’URSS, était un pays de cocagne pour les joueurs d’échecs car de nombreux tournois avaient lieux chaque année suivis par un public passionné. Les joueurs d’échecs venus de Yougoslavie furent les premiers à se rendre en Occident pour écumer les Open. Entre 1970 et 1976, la domination yougoslave dans les Opens du célèbre tournoi de Bienne fut manifeste, 6 victoires sur 7 éditions dans l’Open principal ! (Pedrag Ostojic 1970, Stanimir Nikolic 1971, Milan Vukic 1972 et 73, Miso Cebalo 1975 et Dragutin Sahovic 1976.)
La 4e édition du tournoi de Skopje alignait 10 Grands-Maîtres, 4 Maîtres internationaux et 2 Maîtres nationaux. La victoire revint au GM soviétique Mark Taïmanov (1926-2016) rejoint dans la dernière ronde par son compatriote Evgeni Vasiukov (1933-2018).
Les joueurs soviétiques dominaient largement la scène internationale. Pourtant, Vasiukov était relativement peu connu en Occident dans l’ombre des grands. Il apprit le jeu en autodidacte vers l’âge de 15 ans pour devenir GM en 1961 à 28 ans. Aucune participation aux Olympiades, ni aux tournois interzonaux qualificatifs pour le championnat du monde, peu invité dans les tournois internationaux, citons tout de même son plus grand succès, le très fort tournoi de Manille 1974 devançant Petrosian, Larsen, Gheorghiu, Gligoric, tout le gratin de l’époque, et deux participations aux Olympiades des étudiants en 1955 et 56 au sein de l’équipe de l’URSS.
Vasiukov jouait généralement dans les pays « frères » du bloc de l’Est. Il fut pourtant 6 fois champion de Moscou où il résidait. A la fin des années 50, le doyen des joueurs d’échecs, le GM Yuri Averbach (né en 1922) qui partageait une « Kommounalka » plus exactement un appartement communautaire avec plusieurs locataires dont le jeune Vasiukov, se souvient d’une rencontre en 1959, lors d’une « Spartakiade » (match par équipes en URSS) :
« Dans l’une des rondes, il y avait la rencontre Moscou-Lettonie et cela signifiait un match entre le champion du monde Botvinnik et la nouvelle étoile « Micha » autrement dit Tal. Les fans d’échecs ont afflué vers le Club Central récemment ouvert et ils étaient en compétition pour obtenir le droit d’assister à cette partie en se bousculant pour passer devant. Botvinnik n’était pas prêt pour relever ce défi et demanda à être remplacé par le réserviste Vasiukov (les titulaires étaient Botvinnik, Smyslov, Petrosian, Bronstein et moi) qui par ailleurs a fait une nulle honorable avec le magicien de Riga. » GM Averbach
Vasiukov était indéniablement un très fort joueur mais il faisait partie d’une génération où il ne pouvait lutter face à des géants comme Petrosian, Tal, Spassky, Korchnoi ou Polugaevsky. Vasiukov seconda le champion du monde Anatoly Karpov dans son match contre Korchnoi en 1978. Il faut préciser qu’en 1967, Vasiukov avait secondé Korchnoi lors de l’interzonal de Sousse en Tunisie, ce n’est donc pas un hasard s’il avait été réquisitionné pour aider à surmonter l’obstacle que représentait « Viktor le renégat » devenu apatride.
« Un homme assidu et un travailleur acharné. Mais aux échecs son répertoire était assez différent du mien et, durant le cours du tournoi, chacun de nous, pour mieux s’adapter à l’autre, a dû réapprendre. » GM Korchnoi
A cette occasion, voici le jugement porté sur Bobby Fischer par Vasiukov :
« Fischer m’avait frappé, une personne extrêmement nerveuse et irritable, prêt à s’enflammer pour la moindre bagatelle. Tous les fans d'échecs se souviennent du fait que Bobby Fischer s'est retiré, alors qu'il menait le tournoi. Il y a eu toutes sortes de jugements et d'arguments intéressants à ce sujet. L’ancienne génération de joueurs d’échecs connaissait même le bulletin qui avait été publié lors du tournoi, et c’était moi qui écrivais chaque jour sur ce qui s’y passait, en tant que secondant de Korchnoi, j’étais au cœur des événements. C'était très intéressant, inhabituel, et cela a laissé une certaine trace dans l'histoire des échecs. Et Fischer lui-même, bien sûr, était une figure étonnante et hors du commun. » Vasiukov
Toujours en conformité avec la ligne adoptée par le parti, Vasiukov avait analysé intensivement le jeu de Fischer sur ordre du « Comité d’Etat des Sports de l’URSS », considéré comme le plus grand danger pouvant mettre un terme à l’hégémonie des joueurs soviétiques. Sa position a dû être très inconfortable lors du match des quarts de finale en 1971, alors qu’il secondait Taïmanov détruit 6-0 par Fischer, du jamais vu !
La collaboration avec Korchnoi fut apparemment plus fructueuse pour Vasiukov qui réalisa peu après sa meilleure performance au 35e championnat de l’URSS à Kharkov en Ukraine. Une 3e place, devancé par Polugayevsky et Tal. Le GM Flohr pointa que le niveau de créativité élevé de Vasiukov pouvait être attribué à sa récente expérience de secondant au service de Korchnoi ! Après que ce dernier eut quitté l’URSS, Vasiukov a toujours tenu des propos très critiques à l’égard de Korchnoi, mais lui a reconnu une grande qualité.
« J’étais proche de Tal, Petrosian, Spassky et Karpov. Korchnoi était inférieur du point de vue du talent mais sur le plan de la combativité, il était peut-être supérieur à tous. » Vasiukov
Voici une anecdote dont Vasiukov était très fier. En 1958 lorsque Bobby Fischer vint à Moscou pour la première fois, il se rendit immédiatement au Club Central sur le boulevard Gogolevsky sans prendre le temps de visiter la ville. Fischer entama une série de blitz et battit les maîtres soviétiques les uns après les autres !
« J’ai soudain reçu un appel du club d’échecs. On m’a dit : Un jeune prodige américain (Fischer avait 15 ans) écrase tous nos maîtres ici. Vous devez venir immédiatement le mettre à sa place et sauver l’honneur de la capitale. Je me suis rendu au club en compagnie de Tigran Petrosian, qui était déjà l'un des meilleurs joueurs du pays et connu comme un spécialiste du blitz. Seuls Petrosian et moi avons réussi à rivaliser avec lui. Au début, j'étais inférieur à lui mais ensuite j'ai saisi l'initiative, comme on dit "attrapé le jeu", et obtenu un avantage notable dans le score. Tigran Vartanovich a également terminé avec un score positif. " Vasiukov
Fischer confirmera, mais pas forcément le score, dans une interview avec Roman Toran :
« Avant de jouer l’interzonal de Portoroz en 1958, j’ai été contacté par la Fédération de l’URSS pour visiter Moscou et jouer quelques parties d’entraînement. Y participaient des éminentes jeunes vedettes comme Vasiukov, champion de Moscou. Oui, le voyage fut très utile ! » Fischer
Vasiukov termina sa carrière avec une récompense méritée, le titre de champion du monde sénior en 1995.
Voici cette partie décisive. Alors que Taïmanov menait le tournoi avec un demi-point d’avance, pour se contenter d’une nulle contre Walter Browne, promu GM cette même année et qui jouait encore sous les couleurs de l’Australie, Vasiukov affronta dans cette dernière ronde le rédacteur en chef et fondateur de « L’Informateur » Aleksandar Matanovic (né en 1930) réputé pour la solidité de son jeu. Un feu d’artifice qui n’a pas été reconnu à sa juste valeur parce que sans doute les deux grands-maîtres n’étaient considérés que comme des seconds couteaux. Une prestation superbe digne de ce féroce attaquant riche en complications tactiques !
Vasiukov,Evgeni - Matanovic,Aleksandar, Skopje Solidarnost-04 Skopje (15), 30.06.1970. Partie Espagnole [C91] [Georges Bertola]
1.e4 e5 2.♘f3 ♘c6 3.♗b5 a6 4.♗a4 ♘f6 5.0-0 ♗e7 6.♖e1 b5 7.♗b3 d6 8.c3 0-0 9.d4!?
Ce coup est utilisé sporadiquement par rapport à l’usuel 9.h3. Il est tentant de vouloir se passer de ce coup prophylactique, toutefois cela permet aux noirs de chercher à ouvrir la position avec un développement supérieur.
9...♗g4!
Force les blancs à prendre une décision en exerçant une forte pression sur le centre.
10.d5
La fermeture du centre, l’autre possibilité est 10.♗e3 qui maintient la tension car 10...♘xe4 11.♗d5 ♕d7 12.♗xe4 d5 permet de récupérer la pièce mais les blancs conservent de bonnes possibilités.
L’expérimental gambit utilisé par Bronstein contre Keres est trop aventureux même si Bronstein le juge assez correct avec un pion central mobile et la paire de Fous après 10.h3?! ♗xf3 (10...♗h5 11.d5 ½-½ (43) Boleslavsky,I-Keres,P Moscow 1949) 11.♕xf3 exd4 12.♕d1 dxc3 13.♘xc3 ♘a5 14.♗c2 ♖e8 (14...c5!?) et la compensation pour le pion est bien maigre. 1-0 (33) Bronstein,D-Keres,P Budapest 1950.
10...♘a5 11.h3!?
11.♗c2 « pour préserver le Fou Espagnol est usuel. Après 11...♘xb3 12.axb3 ♗d7 13.c4 la paire de Fous des noirs n’a pas une réelle importance (dans une position à caractère fermé) ce qui ne signifie pas, bien sûr, que les noirs ne sont pas en mesure d’égaliser. » GM Pachman
11...♗h5?!
« Cette retraite est une légère concession car le Fou est rarement bien placé sur cette case. » GM Pachman.
Après 13...c6 14.♘xe5!? élimine la paire de Fous 14...dxe5 15.d6 ♗e6 16.dxe7 ♕xe7 = Vasiukov.
Meilleur 11...♗c8!? Un coup clé selon le GM Johannessen pour préserver la paire de Fous et éviter le pseudo sacrifice sur e5 de la variante précédente. 12.♗c2 c6 13.dxc6 ♕c7 14.♘bd2 ♕xc6 15.♘f1 ♘c4 16.♘g3 et ici : 16...♖e8 (16...g6 17.b3 ♘b6 18.♗h6 ♖e8 19.♕d2 ♘fd7 20.♖ac1 ♘f8 21.♗d3 ♗b7 += ½-½ (32) Vasiukov,E (2514)-Savon,V (2451) Satka 2004) 17.a4 ♗b7 18.♗d3 ♗f8 19.♕e2 d5! = ½-½ (31) Timman,J (2625)-Spassky,B (2640) Montreal 1979.
12.♗c2 c6 13.dxc6 ♕c7
« Meilleur que 13...♘xc6 car après 14.♗g5 les noirs perdent le contrôle de la case d5. » GM Pachman
14.♘bd2 ♕xc6?!
« Ce coup n’est pas bon avec le Fou sur h5, il devrait se trouver sur e6 comme dans la variante 11.Fc2 c6 12.dxc6 Dc7 13.h3 Fe6! 14.Cbd2 Dxc6 avec de bonnes perspectives via la colonne c. » Il fallait préférer 14...♘xc6 avec l’intention de pousser d6-d5. » GM Pachman 15.♘f1 et ici 15...♖ad8 (15...♖fc8 16.♘g3 ♗g6 17.♘h4 b4 18.♘hf5 bxc3 19.bxc3 ♗f8 20.♗g5 ♘d7 ½-½ (43) Boleslavsky,I-Keres,P Moscow 1949 21.h4 h6 22.♗e3 ♘a5 23.h5 ♗h7 24.♖b1 ♘c4= (24...♕xc3? 25.♘xh6+! gxh6 26.♕g4+ ♔h8 27.♕xd7! avec des complications à l’avantage blanc.) ) 16.♘g3 (16.♘e3!?) 16...♗g6 17.♘h4 d5! = GM Nunn 18.♘xg6 hxg6 19.exd5 ♘xd5 20.♕f3 ♘f4 21.♗e4 ♘a5 22.♗xf4 exf4 23.♘e2 = 1-0 (38) Vasiukov,E-Bukhtin,V Moscow 1972. 23...♘c4!? GM Nunn
Possible était 14...♖ad8!? 15.♘f1 d5?! 16.exd5 ♘xd5 17.♕e2 ♘xc6 18.♘g3 ♗g6 19.♗xg6 hxg6 20.♘xe5 ♘xe5 21.♕xe5 += et les compensations pour le pion sacrifié sont insuffisantes, le GM Nikitin indique encore 21...♕xe5 22.♖xe5 f5 23.♖e6 ♖f6 24.♖e2 ♖c6 25.♘f1 (25.♗d2!?) 25...♗f6 avec une position peu claire.
15.♘f1 ♖fe8
La libération avec la poussée du pion d n’est plus faisable car le pion e4 est surprotégé. Les noirs sont contraints d’accepter une position passive dans laquelle le Fou h5 est une faiblesse stratégique. » GM Pachman
Nikitin propose une variante plus active après 15...♖fc8 16.♘g3 ♗g6 17.♘h4 ♗d8!? 18.♘gf5 ♘e8 19.♘xg6 hxg6 20.♘e3 ♘f6 21.♕f3 ♘c4 +=
16.♘g3 ♗g6 17.♘h4 ♗f8 18.a4!?
Le coup a2-a4 survient assez fréquemment dans la Ruy Lopez et il est souvent ponctué d’un « ! » par les commentateurs, même dans ce cas. Ici, toutefois, il est douteux qu’un tel jugement soit correct car l’ouverture de l’aile Dame offre aux noirs un certain contre-jeu. Plus consistant et plus fort 18.♘hf5 suivi de 19.h4. » GM Pachman. 18...d5!? 19.exd5 ♕xd5 20.♗g5 ♕c6 = est logique.
18...♘d7?!
Le début d’un plan fautif, il était nécessaire de garder ce Cavalier pour défendre l’aile Roi, intéressant 18...♘c4!? Vasiukov
19.♘hf5!
Avec l’intention d’avancer le pion h pour affaiblir l’aile Roi. De plus, lorsque le Cavalier peut occuper cette case critique impunément pour soutenir l’attaque dans l’Espagnole ou l’Italienne c’est un signe de réussite sur le plan stratégique.
19...♘b6?!
Persiste dans l’erreur car l’arrivée du Cavalier sur l’aile Dame se fera lourdement sentir par son absence pour repousser l’attaque. Pachman suggérait 19...f6? pour installer le Fou sur la diagonale a2-g8. C’est perdant après 20.axb5 axb5 21.♖xa5!! pour accéder sur b3 avec le Fou de cases blanches 21...♖xa5 22.♗b3+ ♔h8 (22...♗f7 23.♘h6+ gxh6 24.♕g4++-) 23.♘h4!+- avec destruction de l’aile Roi.
20.axb5 axb5 21.h4 La poussée du pion h menace.
21...f6?
Nikitin a indiqué 21...h6!? et la variante 22.♘h5 ♘d7 23.♖e3 ♘c4 24.♖xa8 ♖xa8 25.♖g3 ♔h8 26.♘hxg7 ♗xg7 27.♘xg7 ♔xg7 28.h5 ♘f6 29.♔h2 +=
22.♕g4 ♔h8 23.h5 ♗f7 24.♘h4!
L’attaque a pu mobiliser 4 pièces blanches face à 2 défenseurs, la position est très déséquilibrée, alors que les perspectives noires sur l’aile Dame sont illusoires.
24...♘b3?
Il était nécessaire de revenir en défense comme indiqué par Nikitin avec 24...♕d7 25.♘gf5 ♘c6 26.♖xa8 ♖xa8 27.♖d1 ♘e7 28.♖xd6 ♕c7 29.♖d1 ♘xf5 30.♕xf5 mais avec un pion de plus et toujours des possibilités d’attaque pour les blancs.
25.♗xb3 ♗xb3 26.♘g6+! ♔g8
Après avoir dévié le défenseur de cases blanches, le sacrifice de Cavalier est correct et mène au mat après 26...hxg6? 27.hxg6 ♗e7 28.♕h5+ ♔g8 29.♘f5+-
27.♘f5!!
Avec la terrible menace si 27…Txa1 28.Ch6! gxh6 29.Cxe5 suivi par 30.Cxc6.
27...♕c7
27...♖xa1 28.♘h6+ gxh6 29.♘xe5++-
L’autre variante indiquée par Nikitin est 27...♗e6 28.♘ge7+! ♖xe7 29.♘xe7+ ♔f7 30.♘xc6 ♗xg4 31.♖xa8 ♘xa8 32.♗e3 ♔e8 33.♖a1 ♘c7 34.♖a7 ♔d7 35.♘b4 ♔c8 36.♗b6 ♘e6 37.h6! avec un gain facile.
28.♗e3!
« Pour le moment tout est défendu. Les blancs doivent éviter 28.♘h6+ gxh6 car il n’y a plus d’échec à la découverte. » GM Pachman 29.♘xf8+ ♔xf8 30.♗xh6+ ♔e7 31.♕g7+ ♗f7 32.♖xa8 ♖xa8 33.♕xh7 ♕c8-+
28...♖xa1 29.♖xa1 ♘a4?
« La position ne semble toujours pas trop mauvaise pour les noirs car tous leurs points faibles sont défendus et les blancs n’ont plus de pièces à disposition pour renforcer l’attaque sur l’aile Roi. » GM Pachman
La meilleure chance était d’entrer dans une finale avec Fous de couleurs opposées après 29...♖a8 30.♖xa8 ♘xa8 31.♘xf8 ♔xf8 32.♘xg7! ♕xg7 33.♕c8+ ♔f7 34.♕xa8 ♗c4 35.♕a7+ ♔g8 36.♕b8+ ♕f8 37.♕c7 avec quelques chances de nager en eau trouble pour les noirs mais la faiblesse de leur Roi offre encore des chances de gain. 37...f5 38.exf5 ♕xf5 39.♕xd6 ♕xh5 40.♗h6 ♔f7 41.♕d7+ ♔g6 42.♕g7+ ♔f5 43.♕xh7+ même après l’échange des Dames, les 2 pions de plus devraient suffire.
29...♘c4? 30.♘h6+ gxh6 31.♘e7+ ♔f7 32.♕g8+ ♔xe7 33.♕xh7+ ♔d8 34.♖a8+ ♕c8 35.♖xc8+ ♔xc8 36.♗xh6+-
30.c4!?
Un ingénieux sacrifice. Pourtant jouer sur la faiblesse du pion g7 et écarter la finale de Fous de couleurs opposées après 30.♘xf8! était meilleur, par exemple 30...♔xf8 (30...♖xf8 permet 31.♖a3 suivi de 32.Fh6 +-) 31.♖a3 ♗e6 32.c4! ♗xf5 33.exf5 ♘b6 34.cxb5+-
30...♗xc4
« Il est compréhensible que les noirs soient réticents à couper le Fou sur b3 de la possibilité de défendre l’aile Roi. Toutefois 30...bxc4 était préférable ». GM Pachman. Vasiukov indique 31.♖a3! car le Cavalier g6 ne peut toujours pas être capturé avec des problèmes insolubles si 31...♔f7 (La position est explosive, riche en thèmes tactiques par exemple 31...♕b7 32.♘h6+! gxh6 33.♘e7+ ♔f7 34.♕g8+ ♔xe7 35.♕xh7+ ♔d8 36.♕xb7+-) 32.♗h6! et l’attaque triomphe 32...gxh6 33.♘h8+ ♔e6 34.♘g7+ ♔e7 35.♕e6+ ♔d8 36.♕xe8#
31.♖c1! Menace 32.b3! 31...♘xb2?
Si la Dame se déclouait avec 31...♕b7 nous retrouvions la variante qui gagnait la Dame après avoir éliminé le défenseur des cases blanches 32.♖xc4! bxc4 33.♘h6+! gxh6 34.♘e7+ ♔f7 35.♕g8+ ♔xe7 36.♕xh7++-
Le mieux était 31...♘c5 selon Nikitin qui indique 32.b3 ♘xb3 (32...♗xb3 33.♘xf8 ♖xf8 34.♗xc5 dxc5 35.♖xc5 ♕a7 36.♘h6+ ♔h8 37.♖c8 ♕e7 38.♕d7!! et la défense est surchargée !) 33.♖xc4! bxc4 34.♗b6 ♕xb6 35.♘xf8 ♕a7 36.♘d7 ♕xd7 37.♘h6+ ♔f8 38.♕xd7 gxh6 39.♕xd6+ ♔f7 40.♕d5+ ♔g7 41.♕xc4+-
32.♗b6!!
« Le point culminant de la combinaison qui ressemble à une étude. » GM Pachman
32...♕b7
Si 32...♕xb6 33.♘xf8 ♕b7 (33...♖e7 34.♘xh7! ♔xh7 35.♕g6+ ♔h8 36.♘xe7 ♕d8 37.♕f7 avec la menace 38.h6.) 34.♘d7 ♕xd7 35.♘h6++- » GM Pachman
Si 32...♕f7 33.♘xe5! avec la menace 34.Ch6! 33...♕b7 34.♖xc4 ♘xc4 (34...♖xe5 35.♖c7) 35.♘h6+ ♔h8 36.♘ef7++-
33.♖xc4!
« Les blancs ont réalisé leur plan. Le Fou doit être éliminé pour l’empêcher de revenir sur f7. » GM Pachman
33...♘xc4 34.♘h6+! gxh6 35.♘e7+ ♔f7 36.♕g8+ ♔xe7 37.♕xh7+ ♔e6 38.♕xb7 ♘xb6 39.♕xb6 f5?
Une dernière erreur juste avant le contrôle du temps mais la position est perdue, il y a trop de faiblesses pour construire une forteresse.
40.♕xb5 ♖d8 41.♕d5+ ♔f6 42.exf5 ♔xf5 43.♕f7+ ♔e4 44.♕c7 1-0 La tour n’a plus de case !
Georges Bertola
Je tiens à remercier Gérard Demuydt pour la mise en ligne de mes articles.