En bref
2. Le Che et la Révolution
Durant les années 50 quelques maîtres cubains se distinguèrent sur le plan international. Notamment Eldis Cobo Arteaga (1929-1991), un ingénieur en télécommunications, champion de Cuba en 1950, qui remporta en 1958, à la surprise générale, le 59ème championnat ouvert des Etats-Unis. Il succéda à Bobby Fischer (1943-2008) qui avait remporté l’édition précédente. Cobo réussit à vaincre de forts joueurs comme Robert Byrne (1928-2013) et Larry Evans (1932-2010).
Evans,Larry - Cobo Arteaga,Eldis
USA, 1958
Indienne en premier [A08]
1.¤f3 ¤f6 2.g3 g6 3.¥g2 ¥g7 4.0–0 0–0 5.d3 d5 6.¤bd2 c5 7.e4 ¤c6 8.c3 dxe4 9.dxe4 £c7 10.£c2
« Une position aux chances égales, une bonne suite est 10.¦e1 b6 11.¤f1 ¦d8 12.£e2 avec l’intention de gagner de l’espace avec la poussée e4–e5. Si 12...e5 13.¥g5 avec la possibilité de prendre le contrôle de la case forte d5 après 14.Fxf6 suivi de « Cf1–e3–d5 ».
10...b6 11.¦e1 ¥b7 12.¤c4 ¦ad8 13.¥f4 £c8 14.a4 h6 15.¦ad1 ¦xd1 16.¦xd1 £a8 17.¤e1 ¦d8 18.f3 ¦xd1 19.£xd1 £d8 20.£c2
Cette partie se jouait à la 10e ronde, Evans était en tête avec un demi-point d’avance sur Cobo. En refusant l’échange des dames, il montre son intention de jouer pour le gain.
20...£d7 21.¥f1 ¤e8 22.¥e3 ¢h7 23.¤g2 ¤e5 24.¤xe5 ¥xe5 25.a5 e6 26.£b3 £c7
Alors que les blancs exercent une pression sur l’aile dame, les pièces noires sont dangereusement pointées sur l’aile roi quelque peu affaiblie.
27.axb6 axb6 28.¢f2 ¤d6 29.¢e1 ¥c6 30.£a2 g5 31.¥d3 ¢g8 32.¢e2?! g4!
Les blancs n’ont pas de véritable objectif face à cette rupture qui fragilise le centre, e4 notamment. Elle permet d’ouvrir le jeu et le roi blanc va se retrouver très exposé, une réussite stratégique pour les noirs.
33.fxg4 ¤xe4 34.¤f4 £d7 35.£b1 ¤f6 36.h3 ¥b7 37.£f1 £a4!
La dame menace de refouler le fou et de pénétrer dans la position blanche car si 38.Dd1?? Ff3.
38.¥c1 c4 39.¥b1 £a1!?
39...¥e4! 40.¥xe4 ¤xe4 pour conquérir la case c2 était aussi très intéressant et amenait des complications où le roi blanc au centre avait des problèmes.
40.¥c2
40...¥xc3!?
Un sacrifice qui a dû certainement surprendre le champion américain.
41.bxc3 £xc3 42.¢d1?!
La défense du fou est le problème, si 42.¥a4 b5! 43.¥xb5 £e5+–+ mais le contre-sacrifice qui survenait après 42.¥b1! £b3 43.¤xe6! permettait de lutter car 43...£xb1 44.£xf6 £d3+ 45.¢e1 £xg3+ 46.¢e2 £g2+ 47.¢e1 £e4+ 48.¢f2! forçait une finale de fous de couleur opposée.
42...¥f3+ 43.¤e2 ¤d5 44.£f2 ¤b4! 45.¥a4? Si 45.¥b1 £b3+–+ 45...£xc1+! 46.¢xc1 ¤d3+ 47.¢d2 ¤xf2 48.¤d4 ¥d5 49.h4 ¤xg4 0–1
Depuis 1952 Batista avait instauré un régime dictatorial et réprimait durement les opposants en multipliant les arrestations. Le plus célèbre d’entre eux, le jeune avocat Fidel Castro, s’était distingué en attaquant une caserne militaire à Santiago de Cuba en 1953. L’opération tourna au fiasco, plusieurs dizaines de rebelles furent tués et Fidel fut arrêté avec son frère Raul. Après 2 ans de prison, il fut gracié, peut-être grâce à l’intervention de son beau-frère membre du gouvernement de Batista, et s’exila au Mexique. En 1956, il fit la connaissance d’un jeune médecin argentin, Ernesto (1928-1967) « Che » Guevara, qui deviendra son compagnon d’arme jusqu’au triomphe de la Révolution avec la fuite de Batista le 1er janvier 1959.
Cette figure devenue mythique contribua d’une manière importante au renouveau des échecs à Cuba. Voici le témoignage du premier Grand-Maître Cubain, Silvino Garcia (né en 1944) :
« Ma relation avec le « Che » était profonde, dépassait le seul plan échiquéen. J’ai commencé à jouer au début des années 60 et je l’ai rencontré la première fois dans un tournoi qu’il avait organisé en septembre 1961. Ce tournoi réunissait une trentaine d’équipes représentants les différents ministères de l’administration et des entreprises d’Etat. A cette époque, je ne travaillais dans aucun de ces ministères, je venais d’un milieu modeste et avec quelques collègues nous voulions créer une équipe. A l’endroit où je travaillais nous nous réunissions dans un lieu public pour jouer aux échecs, mais ce n’était pas un club. Petit à petit, ce cercle s’agrandit et nous fûmes sélectionnés pour participer. Je jouais au 3ème échiquier de l’équipe « Inra Fumigadora O.N.A.C. » et ma première partie m’a laissé un souvenir terrible, je fus terrassé en 18 coups ! Pourtant mon résultat fut honorable avec 14 victoires pour 10 défaites et 5 nulles.
Lors de ce tournoi j’ai pu, pour la première fois, parler avec le « Che ». Il m’a semblé être un homme venu d’une autre planète. Sa façon de s’exprimer était inhabituelle, il a utilisé fréquemment le terme « Nosotros » (nous). C’était la première fois que j’entendais quelqu’un parler d’étique, de morale.
Je jouais des parties rapides et le « Che » s’est approché de notre table pour jeter un coup d’œil. Ensuite, j’ai rejoint la table où il jouait et le « Che » m’a demandé si j’avais réussi à gagner une partie car je me mesurais à un jeune talent de 12 ans, très fort !
En 1962, lors du premier mémorial Capablanca, le vainqueur, Najdorf, a donné une simultanée à l’aveugle à laquelle je participais avec le « Che ». Un exploit qui impressionna fortement le Commandante !
« Puis, lors d’un tournoi où le Che venait chaque jour observer les parties, j’ai obtenu le titre de maître national et ma qualification pour jouer les Olympiades de Tel-Aviv mais finalement je n’ai pas pu jouer. Ma mère était présente et j’étais en haut de l’escalier lorsque le Che m’a vu. Il est monté vers moi, m’a pris dans les bras et me félicita, ce qui a beaucoup impressionné ma mère.
Alors que je n’avais pas de travail fixe, un représentant du ministère de l’Industrie m’a rencontré pour me proposer un travail. Le ministre de l’Industrie à cette époque était le « Che » et je ne savais pas que cette proposition émanait de lui. A l’époque, j’étais plutôt naïf, ignorant en matière de politique, marxisme, capitalisme ou philosophie.
La première fois que je me présentais à mon travail, le Che était là. Il me dit :
-
Qu’est-ce que tu fais là ?
Puis il ajouta :
-
Car ici il faut vraiment travailler !
Il m’envoya enquêter sur la façon dont vivaient les paysans dans la Sierra Maestra. (A l’est de l’île). Pendant plusieurs mois, c’était pour moi comme être dans la jungle, éloigné de tout. C’était une expérience humaine, poignante, terrible que d’être confronté à toute cette misère, toutes ces souffrances. Après quelques mois, il m’a rappelé à La Havane et m’a demandé :
-
Est-ce que tu as vraiment travaillé ?
-
Oui, j’ai énormément travaillé.
-
Alors, allons faire quelques parties !
Lorsqu’en 1975, j’ai obtenu mon titre de grand-maître, le premier décerné à un joueur cubain depuis la Révolution, le titre n’était pas aussi répandu qu’aujourd’hui. L’Angleterre, la France, l’Italie n’avaient pas encore leur premier grand-maître, pas un seul en Asie. C’était quelque chose d’important et je l’ai dédié à la mémoire du Che.
C’est bien plus tard que j’ai réalisé combien j’avais été influencé par les idées du Che et combien il avait été important pour les échecs cubains. »
Alors que Fidel se présentait au début de la Révolution comme un démocrate dans les actes la réalité était tout autre.
« Se posant en homme de paix et de rassemblement Castro mit pourtant en place, au cours des jours et semaines suivants, des tribunaux révolutionnaires qui firent pleuvoir les peines capitales au terme de procès expéditifs. Les sbires du régime « batistien » étaient traqués partout dans l’île et la presse révélait peu à peu l’étendue des atrocités commises par la dictature. » (Histoire de La Havane Emmanuel Vincenot Fayard 2016)
A La Havane la plupart des suspects étaient emprisonnés dans la forteresse de La Cabana et le procureur de ce qui allait devenir le célèbre tribunal révolutionnaire était le « Che » en personne. Le fameux portrait photographié par Alberto Korda du « Che » que l’on imagine souvent utopiste, généreux, rebelle et émancipateur des peuples n’est pas toujours aussi lisse au vu de l’Histoire.
Initiateur des camps de travail et de rééducation voici une description surprenante de son interprète russe Nikolaï Leonov :
« Le Che était hautement organisé. En ce sens, il n’était pas du tout latin, plutôt comme un Allemand. Ponctuel, précis, c’était pour nous une stupéfaction, pour tous ceux d’entre nous qui connaissions l’Amérique Latine. » (Che Guevara Alain Foix Folio 2015)
Très rapidement Castro opte pour un régime socialiste, avec l’appui des communistes, et introduit une réforme agraire qui prévoit de redistribuer les terres aux paysans, de collectiviser l’économie et de confisquer les biens immobiliers. Des milliers de Cubains issus des classes aisées ou de la petite bourgeoisie prennent le chemin de l’exil pour se réfugier à Miami.
Le divorce avec les Etats-Unis était consommé, le gouvernement de Washington allait bientôt mettre en place un embargo commercial qui devait durer plusieurs décennies alors que le rapprochement avec l’URSS débutait. En février 1960, le ministre des Affaires étrangère russe, Anastase Mikoyan est invité à La Havane pour inaugurer le premier salon des produits soviétiques. C’est aussi la venue sur l’île du premier Grand-Maître « soviétique » Paul Keres (1916-1975). Le 9 février il est opposé à 10 forts joueurs cubains en simultanée à la pendule. Il obtient 6 victoires, une nulle et 3 défaites, et remporte le duel. Sur les échiquiers c’était moins clair car il avait frôlé la défaite en sauvant deux parties très compromises.
Le maître Eleazar Jimenez (1928-2000) était l’une des figures de proues des échecs cubains dans les années 1960.
Keres,Paul - Jimenez Zerquera,Eleazar
Havana clock sim Havana, 1960
Est-Indienne [E60]
1.d4 ¤f6 2.c4 g6 3.g3 ¥g7 4.¥g2 0–0 5.e4 d6 6.¤e2 c5 7.0–0 ¤c6 8.d5 ¤a5 9.£c2 e6
Les noirs ont amené un schéma proche de la Benoni, la théorie préfère 9...a6 avec l’intention de pousser ...b7–b5.
10.¥d2 exd5 11.cxd5 b5 12.¥xa5?!
Keres, peu inspiré, abandonne sa paire de fous permettant aux noirs de faire mieux qu’égaliser.
12...£xa5 13.¤d2 ¥d7 14.e5 ¥f5 15.£c3 £xc3 16.¤xc3 dxe5 17.¦fe1 a6 18.¦xe5 ¤d7 19.¦ee1 ¤e5 20.¤de4?
Face à la puissante paire de fous et la meilleure structure des noirs, Keres met à tort tout ses espoirs dans son pion passé.
20...¤d3 21.¦e2 ¤xb2 22.¦c1 ¤d3 23.¦d1 c4
Les noirs consolident avec un pion de plus, le reste n’est plus qu’un combat d’arrière-garde.
24.d6 ¦ad8 25.h3 ¥xc3 26.¤xc3 ¦xd6 27.¦e7 ¦fd8 28.g4 ¥e6 29.¤e4 ¦d4 30.g5 ¢f8 31.¦a7 ¥d5 32.f3 ¥xe4 33.fxe4 c3 34.¦c7 ¦c4 35.¦a7 c2 36.¦f1 ¤e5 0–1
Lors de la réception offerte en l’honneur de Mikoyan le 12 février 1960 par les autorités du gouvernement révolutionnaire, le Che souhaita faire la connaissance de Paul Keres, un joueur qu’il admirait.
« Les deux hommes entamèrent immédiatement une conversation agréable et prolongée, parfois dans un espagnol élémentaire de la part de Keres, et dans un anglais basique par le « Che ». Keres rappela au Commandante Guevara la dure épreuve qu’avait été pour lui la simultanée à la pendule. Il lui expliqua qu’il aurait dû perdre contre Gilberto Garcia et Eldis Cobo. Il prédit que les joueurs d’échecs cubains seraient bientôt en mesure d’atteindre un niveau international si on leur donnaient l’opportunité de jouer contre des adversaires expérimentés. » José Luis Barreras Merino (Ajedrez en Cuba)
Pour la première fois depuis le tournoi des Nations de 1939, les Cubains participent à l’Olympiade d’échecs de Leipzig 1960 mais le premier grand évènement international depuis la Révolution est organisé, sous l’impulsion du « Che » à La Havane en 1962 en l’honneur du 20ème anniversaire de la mort de Capablanca. Le « Che », directeur de la banque nationale et Ministre de l’Industrie, avait été en mesure d’offrir d’excellentes conditions. Ce fut donc un super tournoi, réunissant 22 participants, qui s’est déroulé dans le Salon des Ambassadeurs de l’hôtel Habana Libre. A nouveau un triomphe pour l’Argentin Miguel Najdorf qui renouvelait son exploit de 1952 en devançant trois illustres soviétiques ; Lev Polougaïevsky (1934-1995), le futur et l’ex « champion du monde » Boris Spasski (né en 1937) et Vassily Smyslov (1921-2010).
Voici la partie décisive de la dernière ronde qui permit à Najdorf de remporter le tournoi.
Cobo Arteaga,Eldis - Najdorf,Miguel
Capablanca mem Havana (21), 1962
Est-Indienne [E61]
1.d4 ¤f6 2.c4 d6 3.¤c3 ¤bd7 4.e4 e5 5.¤f3 g6
Abandonnant les lignes de la Défense « vieille Indienne » avec 5…Fe7 pour transposer dans l’Est-indienne en plaçant le fou sur la grande diagonale.
6.d5
Plus souple est 6.Fe2.
6...¥g7 7.¥g5 h6 8.¥h4 g5 9.¥g3 ¤h5 10.¤d2
10.Fe2 0–0 transpose dans des variantes du système Petrosian.
10...¤df6 11.f3 ¤xg3
Sinon le bon fou se retire sur f2.
12.hxg3 h5!?
Najdorf veut tirer profit du fait qu’il n’a pas roqué.
13.£c2 ¥h6!
Avec l’idée de dynamiser le fou de cases noires.
14.0–0–0 b6
Sur 14...g4 le sacrifice de pion 15.c5!? dxc5 16.¢b1 uivi de 17.Cc4 ouvrait la position pour le joueur le mieux développé.
15.¥d3 ¥d7
Une position aux chances approximativement égales.
16.¤e2
Un plan prometteur était de se déclouer avec 16.¢b1 £e7 17.¤f1 avec l’idée « Cf1–e3–f5 ».
16...£e7 17.¢b1 0–0–0 18.b4
A double tranchant !
18...c5 19.bxc5?!
Plus logique était 19.dxc6 ¥xc6 20.¤c3 avec la case d5 en vue.
19...dxc5 20.£b2 ¦de8!
Les noirs s’opposent à la tentative de percer avec les poussées f3–f4 et e4–e5.
21.¥c2 ¢b8 22.£a3 £d6 23.¥a4
Une manœuvre destinée à échanger le « mauvais » fou.
23...g4! 24.¥xd7 £xd7 25.£d3 gxf3 26.£xf3?
Une erreur, les blancs croyaient pouvoir se rendre maître de la colonne f. 26.gxf3! conservait l’équilibre.
26...¥g5 27.¤b3?! ¤g4 28.¦d3
Si 28.¦df1 ¤e3! 29.£xf7 £g4! 30.£g6 menace un échec perpétuel. 30...¤xc4! 31.¦f2 ¥e3 32.£xg4 hxg4 33.¦ff1 ¦xh1 34.¦xh1 ¤d6 35.¤c3 ¥d4 et le pion e4 n’est plus défendable.
28...¦h6! 29.£f1
Pour s’opposer à 29…Tf6 avec 30.Tf3.
29...¥e3!?
29...£a4 posait des problèmes difficiles pour défendre l’aile dame, si 30.¦c3 ¦f6 31.£e1 ¤f2 32.¦xh5 ¤xe4 etc.
30.¤c3 ¥d4 31.¦f3
31...f5! 32.£e2?!
Les complications qui survenaient après 32.exf5 e4 33.¦f4 ¤e3 34.£c1 ¤xc4 35.¤xd4 cxd4 36.¦xe4 n’étaient pas vraiment claires.
32...¥xc3 33.¦xc3 fxe4 34.£xe4?
Meilleur 34.¤d2 e3 35.¤f1 ¦f6 36.¤xe3 ¦f2 37.£e1 £h7+ 38.¢a1 £e4 mais les noirs conservaient l’initiative.
34...¤f2 35.£e3 £h7+ 36.¢b2 ¤xh1 37.£g1 ¦f6
Reprenant le contrôle de la colonne f avec avantage décisif.
38.£xh1 ¦f2+ 39.¢a3
Si 39.Ra1, la poussée du pion e gagnait facilement.
39...£b7
Il n’y a plus de défense pour s’opposer à l’arrivée de la dame sur l’aile affaiblie.
40.¤c1 £a6+ 41.¢b3 b5 42.£xh5 £a4# 0–1
L’année suivante les choses rentrèrent dans l’ordre pour les Soviétiques. Viktor Korchnoï (né en 1931) remporta le tournoi devançant l’ex-champion du monde Mikhaïl Tal (1936-1992), Efim Geller (1925-1998) et le Tchécoslovaque Ludek Pachman (1924-2003).
« A l’époque à Cuba les échecs était sous l’égide du Ministre de l’Industrie Ernesto Che Guevara. Le Che me fit une très bonne impression. Il se comportait très naturellement, sans exhiber sa position d’homme du pouvoir. J’ai joué trois fois contre lui lors de simultanées. Barreras, le Président de la Fédération cubaine, vint vers moi et me demanda de lui accorder la nulle, mais je restais implacable et je l’ai vaincu à chaque fois. Par la suite, Tal a rapporté que lors d’une de ces simultanées j’étais sur le point de proposer nul mais malheureusement le Che n’avait pas la moindre idée de comment l’on doit traiter la Catalane ! » Korchnoï
En 1964 la participation au 3ème Mémorial Capablanca de Silvino Garcia fut son baptême du feu face à l’élite mondiale. Le vainqueur n’était autre qu’un ex-champion du monde, Vassily Smyslov, qui partagea la première place avec Wolfgang Uhlmann (né en 1935) venu de la République Démocratique Allemande.
Le « Che » qui était souvent de passage dans la salle du tournoi a certainement dû apprécier cette superbe partie. Le perdant, Carlos Bielicki (né en 1940) était un joueur argentin, sacré champion du monde junior en Suisse en 1959.
D’après les commentaires de Smyslov
Bielicki,Carlos - Smyslov,Vassily
Capablanca mem Havana (17), 1964
Anglaise [A28]
1.c4 e5 2.¤c3 ¤f6 3.¤f3 ¤c6 4.e3 ¥b4 5.£c2 0–0 6.a3 ¥xc3 7.£xc3 ¦e8 8.d3 d5
« Ce coup permet aux noirs de terminer rapidement leur développement et d’obtenir une partie égale. »
9.cxd5 £xd5 10.¥e2 e4 11.dxe4 ¤xe4 12.£c4 £f5
« Les noirs évitent l’échange des dames, toutefois 12…Fe6 était suffisant pour l’égalité. »
13.0–0 ¥e6 14.£c2 ¥d5 15.b4 £e6
« 15…a6 était plus tranquille. Toutefois, les noirs invitent l’adversaire à jouer activement. »
16.¥b2 a6 17.¤d4 ¤xd4 18.¥xd4 c6 19.¥d3 h6 20.¥xe4
« Les blancs ont des intentions pacifiques, mais 20.f3 ¤d6 21.e4 ¥c4 ne leur auraient apporté aucun avantage. »
20...¥xe4 21.£c3?!
« Les blancs auraient dû jouer 21.Dd1 et si 21…Dg6 22.f3 avec une approximative égalité. »
21...¥xg2!
« Ce sacrifice qui détruit le roque est assez évident, mais l’attaque qui va suivre n’est pas sans pointes élégantes. »
22.¢xg2 £g4+ 23.¢h1 £f3+ 24.¢g1 ¦e4!
« Naturellement les noirs ne se contentent pas de l’échec perpétuel et continue l’attaque. »
25.¥e5
« Si 25.¦fd1!? ¦d8 26.¢f1 ¦h4 27.e4 £h1+ 28.¢e2 £xe4+ 29.¥e3 £g4+ 30.¢e1 £g1+ avec répétition des coups. »
25...h5! 26.¦fe1
« Si 26.¦fd1 ¦e8 27.¥g3 h4 conservait une forte attaque pour les noirs. »
26...¦d8 27.¥g3?! h4
« L’offensive continue. Un rôle important est réservé au pion h. »
28.£c2
« Les blancs sont prêts, après 28…hxg3 29.hxg3, de jouer la dame sur e2 pour refouler l’attaquant. Toutefois, les noirs disposent d’un autre joli coup. »
28...h3! 29.¢f1 ¦c4!
« Un sacrifice de tour spectaculaire. Les blancs ne peuvent répondre 30.Dxc4 au vu de 30…Td2 et le mat est inévitable. »
30.£b2 ¦g4!! 0–1
L’édition du « Mémorial Capablanca » de 1965 fut la plus médiatisée de toutes. Le génial Américain Bobby Fischer avait accepté d’y participer et c’était son grand retour sur le devant de la scène depuis le tournoi des candidats de Curaçao en 1962. A cette occasion, il avait dénoncé la coalition exercée par les grands-maîtres soviétiques pour lui barrer la route du championnat du monde. Il n’avait pratiquement plus joué depuis décembre 1963 après sa victoire mémorable du championnat des USA, 11 points sur 11 possibles !
En 1956, alors âgé de 13 ans, Fischer avait déjà fait une brève apparition sur l’île. Le 25 février au 2ème échiquier de l’équipe américaine « Log Cabin Chess Club », il remporta une victoire face à José R. Florido membre du « Capablanca Chess Club ». Le 28 février, il disputa une simultanée face à 12 adversaires au Capablanca Chess Club.
En 1965, les relations entre les Etats-Unis et Cuba étaient très tendues. Surtout depuis l’échec du débarquement de la baie des Cochons en avril 1961 où 1400 exilés cubains, encadré par la CIA, voulurent renverser Fidel Castro. Ce fut un désastre et une humiliation pour le Président Kennedy qui avait cautionné l’opération tout en renonçant au dernier moment d’apporter un soutien logistique conséquent. La crise des missiles soviétiques l’année suivante, qui faillit déboucher sur un affrontement entre les deux blocs, ne fit qu’aggraver les choses.
Voici comment ont débuté les négociations avec Fischer témoigna Jesus Gonzalez Bayolo :
« A l’époque une personnalité importante des échecs cubains était mon ami José Luis Barreras Merino. C’est lui qui, lors la 3ème édition, après que le Che lui eut dit:
-
Nous avons consolidé le tournoi, maintenant faisons quelque chose de mieux
Répliqua :
-
Invitons Bobby Fischer !
A ce moment Bobby était la personne la plus en vue du monde des échecs malgré le fait qu’il n’était pas encore champion du monde. Barreras se rendit en Europe où Bobby était présent dans un tournoi mais ne jouait pas. Après l’avoir observé longuement, car Bobby était parfois difficile à aborder, le contact se fit dans un restaurant et Barreras se présenta et lui dit qu’il avait fait le voyage pour l’inviter à participer au 4ème Mémorial Capablanca avec cette entrée en matière :
-
Combien voulez-vous pour jouer ?
Barreras sortit un chèque en blanc que le Che, directeur de la banque nationale lui avait remis.
-
Combien donnez-vous aux Russes ?
Demanda Bobby et Barreras, qui était un homme habile et pragmatique, pensa qu’il serait difficile d’expliquer à Bobby que les Russes n’avaient pas de prime de départ. C’était un arrangement entre les gouvernements soviétique et cubain, chose difficile à comprendre pour un Américain. Rapidement il avança le chiffre de :
-
2000 dollars !
Fischer donna son accord en précisant :
-
Alors vous devez me donner la même somme que vous allouez aux Soviétiques ! Pour moi ce sera un grand honneur que de jouer dans un tournoi dédié à la mémoire de Capablanca. »
Pourtant ce n’était pas encore gagné car le Département d’Etat américain n’autorisa pas Bobby Fischer à se rendre à la Havane, contrairement à Larry Evans qui avait obtenu un visa sans trop de difficultés l’année précédente. En principe, ils étaient réservés aux hommes d’affaires ou aux journalistes. Fischer accepta cette décision sans pratiquement protester. L’attitude de sa mère, n’était sans doute pas étrangère à sa résignation car Regina Fischer était dans les mauvais papiers du FBI, soupçonnée d’être une sympathisante communiste, voire une espionne. Au début des années 60, elle était retournée en Europe pour terminer son diplôme de médecine en Allemagne de l’Est !
Puis Fischer fit, quelques temps plus tard, une proposition insolite. Il ne serait pas présent dans la salle de jeu à La Havane mais disputerait ses parties par le truchement d’un télex, installé dans une pièce du Marshall Chess Club à New York.
C’était une première et, après avoir reçu l’accord de la FIDE, un nouvel obstacle surgit lorsque le New York Times publia un article où la participation de Bobby était présentée comme un instrument de propagande au service de Fidel Castro. Selon le New York Times le dirigeant cubain avait proclamé que « l’idée de Fischer d’utiliser un télex constituait une grande victoire pour Cuba. »
Finalement, toutes les difficultés furent aplanies et le 25 août le tournoi débutait avec la participation de Fischer. Donnons la parole à un témoin nommé Frank Brady :
« Il fallait soigneusement contrôler la situation et prévenir tout risque de tricherie. Bobby était enfermé dans une petite pièce lambrissée du Marshall, seul en face de son échiquier, à côté de l’arbitre du moment. Une fois qu’il avait décidé quel coup jouer, il l’écrivait sur une feuille de papier que l’arbitre donnait alors à un coursier qui l’apportait aussi vite que possible dans la pièce voisine où se trouvait le télex. Bobby attendait alors, tout seul, pendant que la machine transmettait à La Havane. Son adversaire prenait connaissance du coup, réfléchissait et répondait enfin. » (Bobby Fischer Frank Brady Payot 1993)
De cette manière, les parties pouvaient parfois durer jusqu’à douze longues heures.
A La Havane, c’était le fils de Capablanca qui exécutait les coups de Fischer sur l’échiquier.
Sa deuxième place fut un retour perçu comme prometteur, il remporta une victoire remarquable contre le vainqueur Smyslov. Voici ce que rapporta Tal, l’homme qui partageait la plus grande popularité dans le monde des échecs avec Bobby :
« Depuis le tournoi des Candidats de Curaçao, tous veulent savoir si Fischer et vraiment toujours aussi fort et pourquoi il n’a plus joué. La réponse est plus ou moins celle-ci : quelque soit la force de ce Grand-Maître, personne à l’heure actuelle ne peut vaincre le titre mondial sans participer aux plus importantes compétitions. Désormais Fischer aussi semble s’en être rendu compte. » Tal
Sa partie contre le GM bulgare Georgi Tringov (1937-2000) fut un exercice de haute voltige. Cette variante du pion empoisonné de la Sicilienne lui valut sa plus cinglante défaite lors du championnat du monde de 1972 contre Spasski.
« La force principale de Fischer repose sur deux facteurs, d’abord la préparation, ce qui lui permet de gagner certaines parties sans effort, car il ne fait que répéter une leçon apprise par cœur ; ensuite vient le fait qu’il est persuadé d’être invincible, ce qui est un sérieux appui lorsqu’il est opposé à des adversaires moins forts que lui. » GM O’Kelly (Europe-Echecs 1965)
Tringov,Georgi P - Fischer,Robert James
Capablanca mem La Havane – New York (5), 1965
Sicilienne Najdorf [B97]
1.e4 c5 2.¤f3 d6 3.d4 cxd4 4.¤xd4 ¤f6 5.¤c3 a6 6.¥g5 e6 7.f4 £b6 8.£d2 £xb2 9.¦b1 £a3 10.e5 dxe5 11.fxe5 ¤fd7 12.¥c4?!
La suite principale est 12.Ce4 joué la première fois par Tal.
12...¥b4! 13.¦b3 £a5 14.0–0 0–0
15.¤xe6?!
Ce sacrifice hasardeux était la pointe tactique qui justifiait la position ambitieuse du fou de cases blanches. Une meilleure possibilité était 15.¥f6 ¤xf6! 16.exf6 ¦d8 17.fxg7 ¦xd4! 18.£f2 £f5 19.£xd4 ¥c5 20.¦xf5 ¥xd4+ 21.¦f2 etc.
15...fxe6 16.¥xe6+ ¢h8 17.¦xf8+ ¥xf8 18.£f4
18...¤c6!
« Alors que beaucoup s’attendaient à une défaite de la part du champion américain, cette surprise préparée par Fischer provoqua une agitation s’élevant jusqu’au délire dans la foule présente au tournoi. » Barreras
19.£f7 £c5+ 20.¢h1 ¤f6!
Une autre ressource défensive qui avait certainement échappé au GM bulgare.
21.¥xc8 ¤xe5 22.£e6 ¤eg4 0–1
« L’attrait qu’exerce les échecs sur la population cubaine est extraordinaire. Pendant le mois que dura le tournoi, il y eut plus de 100'000 spectateurs qui vinrent visiter le tournoi ; il y avait parmi eux beaucoup de femmes et de jeunes garçons et filles qui restaient bouche bée pendant des heures pour suivre les échanges de coups entre les participants. Le jour de pointe, notamment lors de la rencontre Fischer-Geller, il y eut plus de 9000 spectateurs, tandis que la dernière ronde enregistrait le chiffre record de 13'862 entrées. » GM O’Kelly
La partie qui fit sensation fut la défaite subie par l’ex-champion du monde Smyslov face au héros national Eleazar Jimenez qui avait obtenu le titre de Maître International en 1963.
Le Che était présent lors du tournoi, rentré depuis peu d’une mission au Congo. Parti en avril en Afrique pour mener la guérilla au côté de Laurent- Désiré Kabila, il avait rapidement renoncé en constatant que les conditions d’une insurrection dans cette partie de l’Afrique n’étaient pas réunies.
Il assista sans doute à la rencontre la plus surprenante de tout le tournoi.
« Smyslov battu par un champion cubain. C’est certainement la victoire la plus brillante de toute la carrière d’Eleazar Jimenez et l’une des parties les plus importantes des échecs cubains postérieures à Capablanca. » Barreras
D’après les commentaires du GM Pachman
Smyslov,Vassily - Jimenez Zerquera,Eleazar
Capablanca mem Havana (19), 1965
Anglaise [A29]
1.c4 ¤f6 2.¤c3 d5 3.cxd5 ¤xd5 4.g3 e5 5.¥g2 ¤e7
« Une variante qu’affectionnent les joueurs cubains. Elle est par conséquent jouée par Jimenez, Cobo et Garcia, le plus souvent avec succès. »
6.¤f3 ¤bc6 7.b4
« Sans doute la suite la plus active, la menace 8.b5 force les noirs à affaiblir quelque peu leur aile dame. »
7...a6 8.¥b2 ¤f5
« La pointe de la construction choisie. Les noirs contrôlent parfaitement la case d4. En revanche, la manœuvre du cavalier a coûté trop de tempi. »
9.a3 ¥e7 10.0–0 ¥e6 11.d3 0–0 12.¦c1
« Smyslov joue l’ouverture avec force et simplicité. »
12...f6 13.¤a4 £d7
« Correct 13…Dc8 pour éviter de perdre un tempo. »
14.¤d2 ¤h6!?
« Une réaction justifiée. Dans ces circonstances, le coup du texte est le meilleur. Les noirs doivent entreprendre quelque chose sur l’aile roi sinon les blancs peuvent poursuivre leur action sur l’autre aile sans embûche. »
15.¤e4 £c8 16.¤ec5 ¥xc5 17.¤xc5 ¥h3 18.¥d5+
« Le sens de 14…Ch6 nous est révélé. Si 18.¥xh3 £xh3 19.¤xb7?? ¤g4 gagne. »
18...¢h8 19.¦e1 ¤d8 20.d4
« Les blancs ont obtenu tout ce que l’on peut désirer dans cette ouverture ; ils possèdent la paire de fous, exercent une pression gênante sur l’aile dame et la poussée d4 leur a assuré la domination du centre. Sur le plan stratégique, la partie est peut-être déjà décidée mais, sur le plan tactique, des surprises inattendues peuvent encore bouleverser le cours des évènements. »
20...c6 21.¥f3 exd4 22.£xd4 ¤e6 23.£h4 ¤g5 24.¥h1 ¤f5 25.£c4 ¤d6 26.£f4 ¤df7 27.¦cd1 ¤e6
« L’autre cavalier est prêt pour intervenir sur g5, de sorte que le gênant cavalier sur c5 peut enfin être échangé. Jimenez a habilement manœuvré avec ses cavaliers et la position est devenue presqu’égale. »
28.¤xe6 ¥xe6 29.¦d3 ¤g5 30.£h4 ¢g8 31.f4?!
« Une erreur qui ne trouve son explication que dans la surestimation des chances qu’offre la position. Smyslov n’a envisagé que des possibilités pour renforcer l’initiative, négligeant la mauvaise position dans laquelle se trouve sa dame. Correct était 31.Ted1. »
31...¤h3+
« Ce coup a été calculé avec précision car sinon le cavalier noir est perdu. »
32.¢f1 ¥g4
« Menace les poussées h7–h5 et g7–g5 qui enfermaient la dame. Les blancs doivent maintenant échanger le fou de cases blanches après quoi l’aile roi sera clairement affaiblie. »
33.¥f3 h5 34.¥xg4 hxg4 35.£h5 £e6 36.£g6 ¦ad8
« Après le risqué 31e coup, la position des blancs est devenue très difficile. »
37.¦ed1?
Un diagramme qui trouverait sa place dans l’excellent « Les coups invisibles aux Echecs » de Yochanan Afek et Emmanuel Neuman.(Payot 2009) Il fallait songer à se défendre avec 37.Fc1!? mais Smyslov était aveuglé par la recherche du gain à tout prix.
37...£e3!!
« L’enthousiasme que provoqua chez plusieurs milliers de spectateurs cette riposte brillante et élégante ne peut être décrit. »
38.¢e1 £g1+ 39.¢d2 ¦xd3+ 40.exd3
« Si 40.£xd3 £xd1+ 41.¢xd1 ¤f2+–+ »
40...£xh2+ 41.¢c3 £xg3 42.¥c1 ¤xf4 43.¥xf4 £xf4 44.¦e1 £g5 45.£e4 £e5+ 46.£xe5 fxe5 47.¦xe5 ¦f4 48.¢d2 ¢h7 49.¢e3 ¦f3+ 50.¢e2 ¢h6 51.¦e4 ¢g5 52.¦e7 g6 53.¦xb7 ¦f6 54.¦h7 g3 55.¦h1 ¢g4 56.¦g1 ¦e6+ 57.¢d2 ¢h3 58.¦h1+ ¢g2 59.¦h4 ¢f3 0–1
Le Che était habité par la passion du jeu d’échecs mais quel était le niveau de son jeu ? Une question difficile car la plupart des parties nulles obtenues contre de forts grands-maîtres lors de simultanées : Tal, Najdorf, Trifunovic, Filip étaient d’ordre « diplomatique ». Seul Korchnoi lui a manqué de respect !
Voici deux miniatures du Che contre un champion mexicain Armando Acevedo (né en 1937) et le maître afro-cubain Rogelio Ortega (1915-1980)
Acevedo - Che Guevara
Simultanée , 1964
Espagnole [C68]
1.e4 e5 2.¤f3 ¤c6 3.¥b5 a6 4.¥xc6 dxc6 5.0–0 ¥d6 6.d4 exd4 7.£xd4 f6 8.¤c3 c5 9.£e3 ¤h6 10.e5 ¤g4 11.£e4 ¤xe5 12.¤xe5 ¥xe5 13.¥e3 £e7 14.¤d5?? ¥xh2+ 15.¢xh2 £xe4 16.¤xc7+ ¢f7 17.¤xa8 b6 18.¤xb6 ¥b7 0–1
Ortega - Che Guevara
Simultanée, 1961
Système Colle [D05]
1.¤f3 d5 2.e3 e6 3.d4 ¤f6 4.¥d3 g6 5.0–0 ¥g7 6.b3 0–0 7.¥b2 b6 8.¤bd2 ¤a6 9.¥a3 c5 10.¤e5 £c7 11.¦c1 ¤d7 12.f4 ¤b4 13.¥xb4 cxb4 14.e4? £c3 15.¤df3?? dxe4 16.¥xe4 £e3+ 17.¢h1 £xe4 18.¤g5 £d5 19.c4 bxc3 20.¦xc3 ¥b7 21.¤gf3 ¦ac8 22.¦d3 ¥a6 0–1
1966 sera l’apothéose des échecs cubains avec l’Olympiade de la Havane. Un sujet que je traiterai dans un des prochains numéros de la revue Europe-Echecs.
Je tiens à remercier Gérard Demuydt pour la mise en ligne de mes articles et le Grand-Maître Silvino Garcia, l’historien cubain Jesus Gonzalez Bayolo et le Maître International José Luis Vilela. Le Grand-Maître Bachar Kouatly pour m’avoir facilité le contact avec les Cubains. Leur collaboration m’a été indispensable.
Mes remerciements au Musée Suisse du Jeu de La Tour-de-Peilz pour m’avoir permis de consulter l’importante bibliothèque de feu Ken Whyld. www.museedujeu.ch
Georges Bertola