En bref
C'était l'un des meilleurs joueurs d'échecs au monde des années 1950 et 1960. Svetozar Gligoric est décédé mardi à Belgrade à l'âge de 89 ans des suites d'une attaque cérébrale, a annoncé la Fédération d'échecs serbe.
Gligoric, qui détenait le titre de grand maître international, a remporté la médaille d'or à l'Olympiade d'échecs en 1958, ainsi que plusieurs titres de champion d'Europe. Il a été champion de l'ex-Yougoslavie à douze reprises.
Hormis sa carrière de joueur, Gligoric est auteur de plusieurs livres sur le jeu d'échecs, dont celui sur "le match du siècle" entre le Russe Boris Spassky et l'Américain Bobby Fischer disputé en 1972 à Reykjavik, en Islande.
Pendant les années 1950 et 1960, il est l'un des meilleurs joueurs du monde ainsi qu'un des plus populaires, grâce à sa participation fréquente à des tournois partout dans le monde et à sa personnalité charismatique dont on retrouve l'évocation dans son recueil de parties "I Play Against Pieces" (Je joue contre les pièces, c'est-à-dire sans hostilité envers le joueur adverse, en jouant seulement en fonction de la position sur l'échiquier plutôt qu'en fonction de la psychologie de l'adversaire).
Gligorić est un bon élève pendant sa jeunesse, il obtient des résultats tant académiques qu'athlétiques qui lui valent de représenter son école à la fête d'anniversaire du futur roi Pierre II de Yougoslavie. Il racontera plus tard à David Levy, qui rapporte sa carrière échiquéenne dans The Chess of Gligoric, son malaise à assister à cette cérémonie huppée dans des guenilles trahissant le dénuement de sa famille. Son premier succès en tournoi arrive en 1938 lorsqu'il remporte le tournoi du club d'échecs de Belgrade. La Seconde Guerre mondiale interrompt durablement sa progression. Pendant la guerre, Gligorić est membre d'une unité de Partisans. Une rencontre fortuite avec un officier amateur du jeu lui vaut d'être exempté de combat, ce qui lui sauve probablement la vie.
Après la Seconde Guerre mondiale, Gligorić travaille comme journaliste et organisateur de compétitions d'échecs. Il continue à progresser comme joueur et obtient le titre de maître international en 1950 et celui de grand maître international en 1951 et finit par se consacrer entièrement aux échecs.
Gligorić est l'un des compétiteurs qui rencontrent le plus de succès en tournoi au milieu du xxe siècle, avec un palmarès en tournois conséquent. Il a cependant moins de succès en championnat du monde d'échecs. Il est le champion de Yougoslavie en 1947 (ex æquo avec Petar Trifunović), 1949, 1950, 1956, 1957, 1958 (ex æquo avec Borislav Ivkov), 1959, 1960, 1962, 1965 et 1971. Il représente son pays avec d'excellents résultats aux olympiades d'échecs pendant plusieurs dizaines d'années, souvent au premier échiquier. Dans la première olympiade de 1950 à Dubrovnik, Gligorić mène l'équipe yougoslave et décroche la médaille d'or par équipes. L'équipe yougoslave était habituellement seconde ou troisième derrière celle de l'URSS pendant les années 1950.
La liste de ses premières places en compétition internationale est longue, on peut relever Mar del Plata 1950, Stockholm 1954, Belgrade 1964, Manille 1968, Lone Pine 1972 et 1979, etc. Il est l'un des participants réguliers au tournoi d'Hastings de la fin de l'année, avec des victoires (parfois ex æquo) en 1951-1952, 1956-1957, 1959-1960, 1960-1961 et 1962-1963.
Ses résultats dans les phases qualificatives du championnat du monde sont mitigés. Il participe régulièrement aux tournois zonaux et interzonaux et remporte par exemple des victoires en zonal en 1951, 1960 (ex æquo), 1963, 1966, et 1969 (ex æquo) et se qualifie aux interzonaux de 1952, 1958, et 1967 pour les tournois des candidats de l'année suivante. Il n'a que des résultats médiocres en 1953 et 1959, et est éliminé par Mikhail Tal en match des candidats en 1968.
En 1970, Gligoric participa au match URSS - Reste du monde à Belgrade. Il perdit son match au cinquième échiquier contre Efim Geller : 1,5 à 2,5 (+0 –1 =3).
Gligorić était redoutable pour les champions du monde, mais il a des scores négatifs contre la plupart d'entre eux, par exemple Mikhail Botvinnik (+2 =5 -2), Vassily Smyslov (+5 =21 -7), Tigran Petrossian (+7 =10 -10), Mikhail Tal (+2 =19 -11), Boris Spassky (+0 =15 -5), Bobby Fischer (+4 =6 -6), Anatoli Karpov (+0 =6 -4) et Garry Kasparov (+0 =0 -3).
Bien qu'il ait obtenu aussi d'excellents résultats en tournoi, l'héritage le plus durable de Gligorić est peut-être celui du théoricien des ouvertures. Il a contribué de façon importante à la théorie de la défense est-indienne, de la partie espagnole, de la défense nimzo-indienne entre autres, et ses contributions, notamment dans la défense est-indienne se sont traduites par des victoires spectaculaires des deux côtés de l'échiquier. Des variantes importantes dans la partie espagnole et la défense est-indienne portent son nom. Ses combats contre Bobby Fischer dans l'est-indienne et la défense sicilienne (en particulier la sicilienne Najdorf, une spécialité de Fischer), sont légendaires et restent à son crédit.
Comme commentateur, Gligorić a su exploiter l'avantage des langues qu'il parlait couramment et de sa formation de journaliste pour produire des annotations lucides et intéressantes. Il a disposé d'une rubrique régulière dans les magazines Chess Review et Chess Life pendant de nombreuses années, sa rubrique Partie du mois se transformant en véritable manuel de l'ouverture utilisée en plus des annotations complètes de la partie. Il écrit aussi une quantité de livres d'échecs dans plusieurs langues et a contribué régulièrement à la compilation de parties de l'Informateur d'échecs. Avec sa carrière en tant qu'organisateur et arbitre de compétitions internationales, Gligorić est considéré comme une des figures les plus marquantes de son époque. Source http://fr.wikipedia.org/wiki/Svetozar_Gligori%C4%87