En bref
Son histoire avait été relatée par de nombreux médias internationaux : en 2020, Mitra Hejazipour était exclue de l'équipe nationale iranienne pour avoir refusé de porter le hidjab lors des Championnats du monde de blitz 2019 à Moscou.
Cet événement bouleverse sa vie : "Le président de la Fédération des échecs iraniens m'a virée (...) Je ne pouvais plus accompagner l'équipe nationale, ce qui est très important dans la vie professionnelle des échecs. Et aussi, je ne peux plus rentrer dans mon pays."
Membre du club de Brest qu'elle aide à monter en Top 12 pour la première fois de son histoire en 2020, elle avait décidé suite à cette sanction de changer de Fédération en 2021, et de jouer pour la France.
Vice-championne du monde des moins de 10 ans en 2002 et 2003, championne d'Iran en 2012 et championne d'Asie en 2015, elle a remporté les Internationaux de France de parties rapides en 2019. Mitra Hejazipour est donc un renfort de choix pour les échecs féminins français : grand maître international féminin, Mitra Hejazipour est la 7e meilleure joueuse française, avec un classement de 2289 Elo.
Interview de Mitra Hejazipour
Pourquoi avez-vous choisi la France ?
Depuis mon enfance, la France a toujours été un lieu mystérieux et poétique pour moi. J'ai eu la chance de découvrir la littérature française lors de mes études au lycée, allant de Victor Hugo et Zola à Michel Foucault et Albert Camus. Cependant, je n'avais jamais prévu de vivre en France, c'est le hasard heureux qui m'a amené ici.
En effet, à la suite de mon championnat en Asie, en 2019 j'ai été invité par l'équipe d'échecs de Brest pour jouer en France. Et qui ne voudrait pas jouer pour une équipe française? Depuis mon séjour en France, j'ai eu la chance d'avoir le soutien de gens formidables et généreux qui m'ont beaucoup aidée. Je tiens à leur adresser ma gratitude.
Espérez-vous intégrer l'équipe de France ?
Je suis de retour dans le monde professionnel des échecs et j'espère intégrer l'équipe de France le plus tôt possible.
Allez-vous participer au prochain championnat de France féminin cet été ?
Oui, je participerai au prochain championnat de France féminin cet été. J'attends avec impatience ce défi. Je suis sûre qu'il y aura beaucoup à apprendre et à partager.
Vous poursuivez également des études. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Depuis mon séjour à Brest, j'ai commencé à apprendre le français et en six mois, je me suis préparé pour mes études à l'université de Brest en licence d'informatique. Ensuite, j'ai été acceptée dans une école d'ingénieurs à Paris où j'obtiendrai mon diplôme de master dans le même domaine à la fin de cet été.
Avez-vous un message à faire passer aux jeunes joueuses d'échecs ?
Je dirais aux jeunes joueuses d'échecs de ne jamais abandonner leur passion, de travailler dur et de croire en elles-mêmes. Le chemin peut être difficile, mais avec de la persévérance et de la détermination, tout est possible. Il est important de se fixer des objectifs, de rester motivé et de continuer à apprendre et à s'améliorer.
"Je le dis à toutes les femmes : mettez-vous aux échecs ! Bien plus qu’un sport ou qu’une activité intellectuelle, c’est un jeu fascinant, multifacettes. Vous verrez la vie différemment. Et ça fait du bien !" (Mitra Hejazipour)
La France, terre d'accueil pour les joueurs d'échecs
Sa naturalisation en mars 2023, après celle d'Alireza Firouzja, confirme que la France est un pays d'accueil pour les joueurs d'échecs d'origine iranienne.
Plus généralement, des joueurs d'échecs du monde entier se sont installés en France, en particulier après l'effondrement de l'URSS, contribuant à la progression du niveau de jeu.
Dans notre numéro de septembre 2021, Georges Bertola présentait ces joueurs qui ont enrichi les échecs français, dont le plus connu reste Alexandre Alekhine.
