En bref
La grande famille des échecs français est en deuil. Cette Dame de cœur était d’une générosité profonde. Son humanisme, elle l’aura cultivé toute sa vie avec un sourire et à travers une passion familiale. Celle d’un jeu royal. Jacqueline Roos avait dessiné la première couverture d’Europe Echecs. C’était « sur sa table de cuisine et avec les moyens du bord », à Saverne, en Alsace. Cette carte de l’Europe sur un fond échiqueté, c’était un symbole d’ouverture. Les échecs français rayonneraient de l’Atlantique à l’Oural.
En janvier 1959, elle ornait le premier numéro de « la revue toujours jeune » éditée à Besançon, dans la Franche-Comté voisine. C’était le temps des pionniers, quand Michel, son époux, présidait l’Association des Amis d’Europe Echecs. L’amitié indéfectible qui unissait Jacqueline et Michel à Raoul Bertolo, le fondateur de la revue, et le réconfort moral, quand les choses ne tournaient pas rond. Quelques paroles douces et mots justes suffisent parfois à chasser un doute éditorial. Tant d’énergie déployée et de dévouement à la cause de ce jeu, à sa popularisation, sa vulgarisation. Cette femme de courage et d’engagement était investie et ancrée dans les préoccupations de son temps.
Docteur es Sciences, Maître de conférence à l'Université Louis Pasteur, Praticien hospitalier au CHU de Strasbourg, elle partageait aussi un laboratoire de recherche à l'Institut d'Histologie avec le professeur.... Michel Roos. Maître international et Grand maître féminin du Jeu par correspondance, à presque 86 ans elle venait encore de confirmer sa participation à l'équipe de France pour la demi-finale des prochains championnats du monde.
Elle était aussi maman. Jacqueline avait donné le jour à quatre enfants. Une fille et trois garçons qui, tous, jouèrent aux échecs en compétition et avec quel talent. Leur club, le CE Strasbourg, d’une certaine manière, était le cinquième enfant de ce couple indissociable.
Le 7 avril, Jacqueline a rejoint Michel. Daniel Roos a annoncé cette triste nouvelle. Toutes nos pensées l’accompagnent et vont aussi vers sa sœur Céline et ses frères Jean-Luc et Louis. Au nom des échecs français et d’Europe Echecs, merci, Jacqueline Roos.
La cérémonie d’adieu aura lieu mardi 12 avril, à 14h30, au centre funéraire de la Robertsau, à la petite chapelle.
Post-Scriptum : Ni fleurs, ni couronnes, dons à la SPA.
Avec la disparition de Mme Jacqueline Roos, ce sont tous les aspects du jeu d'échecs qui sont touchés : l'histoire des clubs alsaciens, une très grande famille du jeu sur l'échiquier (le père Michel Roos, maître FFE; les 3 fils Jean-Luc, Louis et Daniel et leur sœur Céline M.I. F.I.D.E.). Mais aussi pour le jeu par correspondance : Michel Roos, son époux, champion de France en 1957, 1er ex-aequo en 1958, et le grand cru pour l'A.J.E.C. de l'année 2000 avec les titres de GM ICCF pour Christophe Léotard (hommes) et pour Jacqueline Roos (femmes) suite à sa finale des 5es Olympiades au 1er échiquier. Avec ses compagnes inamovibles, Mme Marthe Raimondi (MIF ICCF) et Mlle Sylvie Roynet, nous avions pu monter chaque fois une équipe FRA pour les grandes compétitions féminines par correspondance. C'est dans l'ombre des hommes qu'elles oeuvraient, presque confidentiellement; Mme Jacqueline Roos a toujours assuré, montré une grande rigueur à tous les niveaux. Je me souviens aussi que c'était une scientifique de haut niveau, et son côté convivial lui permettait d'avoir des échanges avec ses adversaires, en particulier les Soviétiques, elles-mêmes des chercheuses réputées; elle ne se contentait pas "de jouer bêtement aux échecs" ! J'ai donc encore plein de (beaux) souvenirs, à son sujet, et j'adresse mes sincères condoléances à sa famille.
Denis Rozier