En bref
Actualisation du 8 juillet 2019
Samedi 6 juillet 2019, le conseil d'administration du Club d'échecs récemment créé par Magnus Carlsen, "Offerpill SK", a annoncé dans un communiqué qu'il ne présentait que six délégués pour le vote du congrès prévu dimanche à Larvik. Normalement, le club de plus de 1000 membres aurait dû compter avec 41 délégués. Cependant, face au tollé et aux accusations de déni de démocratie, « Nous en avons pris note et avons décidé de fournir un nombre limité de délégués correspondant à nos membres payants, ainsi qu'à ceux qui ont signalé leur transfert dans notre club et à d'anciens membres. [...] Nous espérons que cette proposition de compromis sera une chose avec laquelle toutes les parties pourront bien vivre », a écrit le club dans sa déclaration.
« Je pense que c'est une très bonne décision de leur part. Cela va un peu calmer tout ce bruit autour d'"Offerspill SK" » a déclaré le président de la Fédération norvégienne des échecs Morten Madsen à NRK. « Nous aurions dû permettre aux membres de payer leur cotisation, mais c'est plus facile à dire avec le recul », indique aussi le communiqué. En effet, Magnus Carlsen a offert le montant de la cotisation aux 1000 premiers nouveaux inscrits.
Dimanche 7 juillet 2019. Le résultat est tombé tard dans la soirée et il est sans appel : 132 délégués ont voté contre l'accord de 5.000.000 d'euros avec la société de paris Kindred, 44 ont voté pour et 3 ont voté blanc.
« Les joueurs d'échecs ne peuvent pas être achetés », a déclaré Simen Agdestein juste après le vote au congrès de la Fédération norvégienne des échecs dimanche soir, heureux qu'il y ait eu une aussi claire majorité contre l'accord. « C'est un grand soulagement. Si cela n'avait pas été le cas il y aurait eu une crise, » a-t-il ajouté.
L'écart est si important que les 35 délégués que le club de Magnus Carlsen, "Offerspill SK", a abandonné avant le Congrès n’auraient pas été suffisant pour changer quoi que ce soit à ce résultat. Ainsi, le congrès d'échecs n'a donc pas accepté les cinq millions d'euros sur cinq ans de la société de paris internationaux Kindred. Pour mettre les choses en perspective : en 2018, la Fédération norvégienne des échecs disposait d'un budget de 2,5 millions d'euros.
C'est précisément pourquoi Jon Kristian Haarr, membre du conseil d'administration de "Offerspill SK", pense que c'était une erreur de dire non à l'accord. « Nous n'avions jamais vu une telle opportunité économique auparavant dans les échecs norvégiens, et on peut se demander s'il nous en aurons une autre un jour. Nous aurions dû dire oui. »
Agdestein convient avec Haarr que la Fédération des échecs a besoin de plus de ressources économiques. « Mais nous avons besoin de sponsors dont nous pouvons être fier, » souligne-t-il. En même temps, Agdestein pense que Magnus Carlsen, son ancien élève, peut tirer quelque chose de positif de ce qui est arrivé. « Magnus a un grand pouvoir et il veut le meilleur pour les échecs norvégiens. J'espère et je pense qu'il utilisera l'initiative "Offerspill SK" pour quelque chose de positif à l'avenir. » Source https://www.vg.no/sport/i/3Jxa0d/gigantflertall-mot-bettingavtale-sjakkspillere-lar-seg-ikke-kjoepe
Suite au vote et au rejet de l'accord, il y a eu plus de deux heures de discussion pour tenter de savoir qui s’était prononcé contre l’accord litigieux et une motion de défiance a été formulée à l'égard du président sortant de la fédération norvégienne des échecs, Morten L. Madsen. Per Kristian Hansen a été présenté comme candidat. Madsen a immédiatement reçu le soutien de plusieurs membres du conseil et Madsen a été réélu avec 87 voix contre 62. Hansen a ensuite été élu vice-président contre le candidat du comité de nomination, Pål Nordquelle. Source https://www.nrk.no/sport/carlsen-fikk-ikke-viljen-sin-_-omstridt-sjakkavtale-ble-nedstemt-1.14618138
Du rififi dans les échecs norvégiens !
Le président de la Fédération Norvégienne des Échecs (NSF), Morten Lillestøl Madsen, a confirmé que la NSF s'est vue proposer un accord avec le groupe Kindred d'une valeur de 50 millions de NOK (environ 5.000.000 €), sur une durée de cinq ans, soit dix millions par an.
Problème, Kindred Group appartient à une autre société de jeux, Unibet, basée à Malte, et la loi norvégienne interdit aux sociétés de jeux étrangères de faire de la publicité en Norvège. Le 7 juillet 2019, le Congrès votera sur la coopération entre NSF et Kindred. Cependant, la Fédération Norvégienne des Échecs ne fait pas partie de la Fédération des Sports de Norvège (Norges Idrettsforbund), ou NIF. Afin de pouvoir modifier le rapport de force, Magnus Carlsen - qui est favorable à cet accord - a créé un Club d'Échecs et propose d'offrir la licence aux 1000 premiers inscrits. Le prix de la licence est de 520 NOK (environ 54 €) pour les adultes et 260 NOK (environ 27 €) pour les jeunes. Si le club paye la licence complète pour les 1000 membres, la facture dépassera le demi-million de couronnes, soit environ 52.000 €.
Actuellement, le plus grand club d’échecs de Norvège compte 200 membres. Au total, la Fédération Norvégienne des Échecs compte environ 4000 membres (environ 160 délégués au congrès). Si le club de Carlsen compte 1000 membres, il aura 40 délégués avec droit de vote au congrès de juillet où l'accord sera soumis au vote.
Plusieurs voix s'élèvent pour dénoncer un club d'échecs fictif dans le seul but d'influencer le vote du Congrès, et accusent donc Magnus Carlsen de déni de démocratie. En échange de ces 50 millions de NOK, la Fédération s’engage à œuvrer afin de permettre à d’autres acteurs de jeux d’obtenir une licence pour exercer en Norvège. Dans la liste des activités du projet d'accord avec Kindred, il est indiqué que la Fédération participera à l'Arendalsuka (atelier politique) annuel, un rassemblement des principaux responsables politiques norvégiens. La Fédération Norvégienne des Échecs utilisera également ses contacts et ses réseaux politiques.
Selon Madame Berit Kjøll, de la NIF, l'accord n'est pas du sponsoring traditionnel avec exposition de logos et de marques, sinon un partenariat lié à un modèle de « licence » norvégienne. Kindred Group a assuré que l'accord n'était pas contraire à la loi norvégienne des jeux d'argent. Ce point de vue s’appuie sur des études de la législation danoise et suédoise. Au Danemark, Kindred Group a introduit un modèle de licence en 2012, et en Suède aussi à partir de cette année.
Le président de la Fédération des Échecs, Morten Lillestøl Madsen, a déclaré : « Nous pensons participer au débat public. En tant que l'une des nombreuses organisations qui ne relèvent pas de la NIF, cela offrira aux échecs norvégiens un potentiel énorme pour réaliser des activités que nous n'aurions pas autrement. »
Magnus Carlsen s'est jeté dans le débat la semaine dernière. Le champion du monde d'échecs est en faveur de l'accord et le justifie ainsi : « En Norvège, le Norsk Tipping avec son modèle de droits exclusifs fonctionne très bien, mais pas pour les échecs, parce que nous ne sommes pas dans l’Association Sportive (NIF), et nous ne recevons donc rien de ses fonds. » « ... Si nous, les adultes bien établis et qui n'avons aucun intérêt financier dans cet accord, devions le rejeter, je le considérerais comme une trahison de cette génération et de la prochaine, et un signal clair que nous sommes un syndicat sans ambitions. » « Ma conclusion est que si cet accord est légal, je recommanderais certainement de voter oui. »
Le principal argument invoqué par le père de Carlsen, Henrik, en faveur de l'accord, est la considération des jeunes et prometteurs joueurs d’échecs, qui, grâce à cet accord avec Kindred, pourront obtenir davantage de soutien. D'un autre côté, Kari Nessa Nordtun, (ordførerkandidat) de Stavanger, a menacé de retirer son soutien au match de Magnus Carlsen pour le championnat du monde à Stavanger. Stavanger, la ville candidate pour le match en novembre 2020, a besoin d'une garantie gouvernementale de 20 millions de NOK (environ 2.000.000 €). « Nous ne pouvons pas utiliser l'argent des contribuables pour un championnat qui peut devenir une arène pour des sociétés de jeux étrangères. À Stavanger, les écoles publiques de la ville sont confrontées à des défis majeurs. Dans ce contexte, il sera difficile de défendre un budget de 5 millions de NOK pour des sociétés de jeux. » a ajouté Kari Nessa Nordtun. Sur des forums de discussion, certains ont menacé de se retirer de leurs clubs d’échecs si la Fédération norvégienne des échecs signait un contrat avec Kindred Group.
Et enfin, l'Autorité Norvégienne des Jeux encourage la Fédération Norvégienne des Échecs à évaluer avec soin les conséquences d'un tel accord, en s'impliquant dans une situation susceptible d'entraîner un risque de violation de la loi. En concluant un accord avec Kindred, la Fédération Norvégienne des Échecs se met dans une situation où elle fonctionnera dans une sorte de zone grise, a ajouté l'Autorité Norvégienne. Avant de conclure : « À ce jour, il est impossible de déterminer à l'avance quelles activités constitueront une violation des interdictions. Cela dépendra entièrement de la manière dont l'activité est réalisée dans la pratique. »
Article rédigé selon les sources : https://www.vg.no/sport/i/EWKjRa/magnus-carlsens-sjakk-klubb-en-kynisk-krigserklaering — https://www.nrk.no/sport/carlsen-klubb-betaler-for-nye-medlemmer-_-skal-stemme-for-omstridt-bettinga... — https://lottstift.no/om-oss/aktuelt/ope-brev-til-norges-sjakkforbund-kindred-er-ein-ulovleg-aktor-i-... — https://www.vg.no/sport/i/vQVAOl/carlsen-familien-sier-ja-til-nsf-avtale-med-utenlandsk-bettingselsk... — https://www.facebook.com/groups/831071273923939/permalink/836260400071693/
À noter que Norsk Tipping AS est la loterie nationale norvégienne, comme la Française des Jeux en France. La société propose une large gamme de loteries, sports et jeux instantanés sur le marché norvégien. Norsk Tipping est administré par le ministère norvégien de la Culture. Depuis les débuts de Norsk Tipping, en 1948, l’idée était que les bénéfices tirés des activités de la société soient redistribués au secteur sportif et culturel norvégien. Cependant, comme l’a écrit Magnus Carlsen, la Fédération Norvégienne des Échecs ne fait pas partie de l’Association Sportive et elle ne reçoit donc rien.
The club claims they have already reached 1000 members, which means they have become the largest chess club in Norway (at least on paper) and smashed the Norwegian Chess Federation's membership record. https://t.co/pZyFHB2dwK
— Tarjei J. Svensen (@TarjeiJS) 25 juin 2019
Actualisation du 26 juin 2019
Atle Grønn, maître international et consultant sur les émissions d'échecs de NRK et de VGTV, est clairement opposé à l’accord avec la société de paris. « Les échecs devraient être accessibles à tous et ne pas être organisés et payés par le biais d'activités de paris, » estime-t-il. « Il est étonnant que Magnus ne voie pas les aspects problématiques de cet accord. »
Espen Agdestein a déclaré : « C'est lui (Magnus Carlsen) qui tient à cet accord pour ceux qui voudraient poursuivre [une carrière dans le jeu d'échecs] derrière lui. Il pense que le jeu d'échecs norvégien a un grand potentiel, mais qu'il est impossible pour les jeunes de progresser avec les budgets que le jeu d'échecs norvégien a eu et avec lesquels il opère actuellement. »
L'ancien président de la Fédération Norvégienne des Échecs, Jøran Aulin-Jansson, est favorable aussi à l'accord de 5 millions d'euros. Il est quand-même surpris par la création d'un nouveau club d'échecs par Carlsen. « C'est génial cet engagement, et si quelqu'un peut le faire c'est Magnus. Cependant, je ne sais pas si c’est la meilleure méthode pour le faire, on verra avec le temps. » Avant d'ajouter : « L'accord avec la société de paris est selon moi très positif, si c'est légal. C'est une augmentation de 400% ou quelque chose comme ça du budget. » Source https://www.vg.no/sport/i/Xgadjr/sjakkeksperter-om-carlsens-planer-helt-surrealistisk
Magnus Carlsen soutenu par des GM norvégiens
Plusieurs grands maîtres norvégiens soutiennent Magnus Carlsen et ont rejoint le Club nouvellement créé par le champion du monde. Les deux champions du monde juniors Aryan Tari et Johan-Sebastian Christiansen ont confirmé leur adhésion au club de Magnus Carlsen et soutiennent l'accord. « Je comprends que des gens remettent en question cet accord. Je pense cependant qu’il peut apporter un changement très positif, » a déclaré Aryan Tari. « Aucun de nous ne reçoit d'argent pour jouer pour la Norvège, alors que dans d'autres pays ils en reçoivent, » a ajouté Tari.
Le président de la fédération norvégienne des échecs, Morten Madsen, a répondu à ces déclarations : « On pouvait croire qu'ils seraient fiers de représenter la Norvège, mais il est clair que la Fédération n’a pas les moyens financiers pour apporter un soutien autre que le séjour et les voyages. » Tari n'est pas le seul à avoir annoncé son transfert dans le nouveau club. Johan Sebastian-Christiansen, qui s'est qualifié cet hiver pour les championnats de blitz et rapide avec Carlsen, confirme qu'il a annoncé son transfert et a indiqué que Carlsen l'avait contacté il y a déjà plusieurs jours pour lui faire part de son idée.
« Il serait déraisonnable que la Fédération Sportive Norvégienne empêche cet accord alors qu'elle reçoit près de 700 millions de dollars de Norsk Tipping. La Fédération norvégienne des échecs n’obtient rien, » a déclaré le grand maître Johan Salomon. « C'est une chance en or pour les échecs norvégiens. Nous n'avons jamais eu un tel accord. Je pense que c'est une excellente occasion pour les échecs norvégiens de faire un grand pas en avant. » Johan-Sebastian Christiansen
Johan Salomon a aussi dit que « plusieurs grands maîtres norvégiens avaient renoncé à participer à des tournois parce qu'ils ne pouvaient pas se le permettre. » Il a lui-même reçu plus de soutien des organisateurs étrangers que de la Fédération norvégienne des échecs. Aryan Tari a dit que lorsqu'il a remporté le championnat du monde junior, il avait dû payer les billets d'avion lui-même. Johan Salomon a ajouté « Lorsque nous voyageons pour disputer les Olympiades, nous n’avons pas notre propre entraîneur. Cet accord aidera également les joueurs en dessous de nous à obtenir de meilleures opportunités. » Source https://www.vg.no/sport/i/g7r4kJ/flere-norske-stormestre-stoetter-carlsen-har-meldt-seg-inn-i-den-om...
Actualisation du 27 juin 2019
Stavanger retire sa candidature à l'organisation du championnat du monde
En mars, nous avons été élus par la Fédération norvégienne des échecs en tant que candidat à l'organisation du championnat du monde d'échecs 2020. Après cette décision, nous avons appris que Magnus Carlsen avait déclaré qu'il ne souhaitait pas disputer le championnat du monde en Norvège en 2020, car il estimait que la pression était trop forte à domicile. Carlsen nous demande donc de ne pas postuler. Avec les déclarations de Carlsen, il est devenu impossible pour nous, en tant qu’organisateur, de travailler avec autant d'incertitude quant à savoir si le champion du monde jouera ou pas en Norvège.
« Nous sommes très déçus de cette affaire. La région était unie derrière cette initiative et a travaillé dur pour l'organiser à Stavanger. Nous sommes impressionnés par les efforts professionnels et soignés d’Altibox Norway Chess et nous sommes fiers de ce que nous avons construit dans notre région », a déclaré la mairesse de Stavanger, Christine Sagen Helgø, et le maire de comté, Solveig Ege Tengesdal.
Nous avons travaillé d'arrache-pied depuis l'automne 2018 pour obtenir le championnat du monde d'échecs en Norvège en 2020. Nous avons réussi à collecter près de 30 millions de NOK (environ 3.000.000 d'euros) auprès de sponsors privés et des fonds publics auprès de la municipalité de Stavanger et du comté de Rogaland. Nous avons également parcouru un long chemin dans le processus d’appui de l’État. Nous en avions presque fini avec la candidature à la FIDE et nous attendions simplement une réponse positive du ministère pour le financement avant d’envoyer la candidature.
Extraits du communiqué de presse d'Altibox Norway Chess par Kjell Madland et Benedicte Westre Skog publié sur https://norwaychess.no/2019/06/27/norge-soker-ikke-sjakk-vm-i-2020/
Henrik Carlsen, le père de Magnus, écrit : « Évidemment, Magnus n'a rien contre Stavanger en tant que ville ou organisateur. Jouer le Championnat du Monde à la maison est d’un côté un rêve qui peut devenir réalité, mais d'un autre côté il y a aussi un handicap sportif dû à une plus grande exposition et à la pression d'attentes élevées. » Et a précisé : « Jouer en Norvège serait possible, mais près de la maison de Magnus à Oslo, de sorte que les inconvénients d'une pression supplémentaire soient compensés par un environnement familiale. »
Le président de la Fédération Norvégienne des échecs, Morten Madsen meiner, a confirmé les propos d'Henrik : « Nous l'avons vu auparavant en Norvège; les tournois qu'il a disputés dans son pays d'origine sont un fardeau supplémentaire pour lui. Il semble qu'il joue mieux quand il est à l'étranger. » https://www.nrk.no/sport/noreg-trekkjer-soknaden-om-sjakk-vm-2020-1.14606252
À notre avis...
Avec cette idée d'un accord à 5.000.000 d'euros avec Kindred, Magnus Carlsen pense surtout à l'avenir des échecs en Norvège. On s'en doute déjà de par son attitude, le Norvégien n'a pas l'intention de devenir un « vieux joueur ». Il ne deviendra jamais un Kramnik, un Anand, et encore moins un Kortchnoï. Cependant, aujourd'hui, quels joueurs après Carlsen pour servir de moteur aux échecs norvégiens ? Personne !
Derrière le champion du monde on trouve Jon Ludvig Hammer, né la même année que lui, avec 2645 Elo. Ensuite Aryan Tari (2623), né en 1999. Et après on retrouve Simen Agdestein (2569) né en 1967 ! Et comme cela a été dit plus haut, la Fédération Norvégienne des Échecs ne faisant pas partie de l’Association Sportive, elle ne reçoit rien de la loterie nationale norvégienne Norsk Tipping AS, et doit surtout compter avec l'argent des contribuables (et quelques sponsors privés), mais rien de comparable avec les 5.000.000 d'euros de Kindred.
Ainsi, si l'idée de Magnus Carlsen est de développer plus rapidement une sorte de pôle d'excellence pour aider de jeunes joueurs prometteurs, on ne voit pas ce que l'on pourrait lui reprocher.
La « loi de Jante » (Janteloven)
Pour mieux comprendre le tollé que l'initiative individuelle de Magnus Carlsen provoque en Norvège; créer un Club d'échecs et offrir 1000 licences dans le but d'influencer un vote au Congrès, il faut savoir qu'il existe une « loi de Jante » (Janteloven) ancestrale, un code de conduite de l'écrivain dano-norvégien Aksel Sandemose, en 1933, des règles qui, selon lui, régissaient sa petite ville natale, dans le Jutland. Utilisées généralement dans les pays nordiques comme une attitude condescendante à l’égard de l’individualité et du succès personnel, et met l’accent sur le collectif. Sandemose n'a pas inventé ces règles; il a simplement formulé des attitudes qui faisaient déjà partie de la psyché danoise et norvégienne depuis des siècles.
- Tu ne dois pas croire que tu es quelqu'un de spécial !
- Tu ne dois pas croire que tu vaux autant que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu es plus malin/sage que nous !
- Tu ne dois pas t'imaginer que tu es meilleur que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu sais mieux que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu es plus que nous !
- Tu ne dois pas croire que tu es capable de quoi que ce soit !
- Tu ne dois pas rire de nous !
- Tu ne dois pas croire que quelqu'un s'intéresse/s'inquiète à ton sujet !
- Tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque chose !
Il existe même une onzième règle dans le roman comme étant « le code pénal de Jante » : 11. Peut-être que tu ne penses pas que nous savons des choses sur toi...
Et si vous pensez que tout cela fait partie du passé : Le 9 novembre 2018, l'acteur suédois Alexander Skarsgård a expliqué que, même s'il venait de recevoir un Emmy Award et un Golden Globe pour ses performances, les inhibitions induites par la loi de Jante l'empêchaient de se vanter de sa récompense.