Comment progresser en tactique aux échecs ? Découvrez notre méthode pour mieux calculer !

La tactique aux échecs : comment mieux calculer pour progresser ?

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En bref

Aux échecs, la tactique consiste à calculer avec précision une série de coups immédiats et très concrets, souvent pour gagner du matériel ou mener une attaque de mat. La tactique s’oppose aussi à la stratégie, qui repose sur des plans abstraits et à long terme. Fourchette, enfilade, clouage ou encore déviation, les thèmes à connaître sont nombreux ! Progresser en tactique est le moyen le plus rapide et le plus sûr d’élever son niveau de jeu. Mais comment faire ? Dans cet article, nous vous donnons les clés pour mieux calculer les variantes !

la tactique aux échecs : Une affaire de calcul !

La tactique consiste à savoir ce qu'il faut faire quand il y a quelque chose à faire. La stratégie consiste à savoir ce qu'il faut faire quand il n'y a rien à faire.

Xavier Tartakover

La tactique consiste à calculer une suite de coups, et ainsi prévoir de façon forcée la suite de la partie. Évidemment, un bon calcul vous permettra de choisir les bons coups, et d’obtenir la meilleure position possible !

On parle sans doute à tort de calcul, ce qui fait immédiatement penser aux mathématiques. Dans l’imaginaire collectif, les joueurs d’échecs sont considérés comme de bons mathématiciens, ce qui n’est en réalité pas toujours le cas ! En effet, faire des calculs avec des nombres n’est pas la même chose que d’anticiper une suite de coups. Nous devrions plutôt parler de prévoir les coups, plutôt que les calculer.

Les blancs jouent et gagnent grâce à une astuce tactique !

1. Fxc5 Enfilade : les blancs attaquent la tour noire. Mais si elle se déplace, alors l’autre tour sera capturée.

On parle ici de combinaison tactique, c’est-à-dire une suite de coups concrets qui aboutissent à une modification de la position.

Attention : lorsque vous jouez une partie, personne ne vous indique qu’une combinaison est possible ! Toute la difficulté est donc de repérer à l’instant T les coups tactiques qui apparaissent, avant qu’ils ne s’évanouissent.

Le jeu d'échecs est fait de 99 % de tactique.

Richard Teichmann

Trait au blanc : aucun coup ne gagne ! Le plus souvent, vous aurez devant vos yeux des positions où il n’existe pas de combinaison tactique immédiate et décisive.

La tactique cède alors la place à la stratégie : votre réflexion est guidée par des principes stratégiques, plus abstraits et à long terme.

Attention : la tactique n’est jamais bien loin de la stratégie ! Même dans les positions de ce type, vous devrez calculer des variantes pour choisir quel coup jouer.

Au jeu d'échecs tout est lié à la tactique. Si la stratégie est un bloc de marbre, la tactique est le ciseau que manie le maître pour créer des chefs-d'œuvre.

Tigran Petrossian

Comment bien calculer les suites tactiques ?

Cela arrive même aux meilleurs ! Sur cette photo, Kasparov a manifestement oublié un coup dans ses calculs… Photo Lennart Ootes

Le cerveau humain a des capacités limitées, vous le savez sans doute déjà ! Or, les possibilités sont presque infinies sur l’échiquier.

Dans chaque position, plus de 10 coups sont possibles, et calculer de façon exhaustive une simple suite de 2 coups revient donc à embrasser des dizaines de milliers de coups. Vous n’en avez ni le temps, ni les capacités intellectuelles.

Il est donc impératif d’avoir une méthode de réflexion rigoureuse pour mener vos calculs de façon efficace, en vous concentrant exclusivement sur les coups réellement intéressants.

La méthode la plus répandue est celle des coups candidats, proposée par Alexandre Kotov dans son livre Pensez comme un grand maître. Cet ouvrage, publié en 1970, fait toujours référence !

Pour chaque position, vous sélectionnez seulement quelques coups qui vous semblent pertinents. Les coups candidats sont ceux qui semblent prometteurs, qui sont logiques et méritent une analyse plus approfondie.

Exemple de calcul tactique avec les coups candidats

Trait aux blancs

Les noirs viennent de jouer leur roi en c8. Quels sont les coups candidats pour les blancs dans cette position, et comment calculer le choix du meilleur coup ?

Le fou b8 est attaqué par le roi noir. Il faut le sauver, car sa perte mènerait à la défaite.

Deux coups candidats émergent : 1. Fd6 et Fa7. Réfléchissons de façon ordonnée, en commençant par le plus simple.

1. Fa7 Fxf4 2. Re4 Fd6 Les blancs ont rendu leur pion d’avance. Ce choix n'est donc pas très enthousiasmant.

1. Fd6 Rd7 Soit les blancs retournent en b8 et n’ont pas fait de progrès, soit le fou abandonne la protection du pion en f4.

Les joueurs expérimentés identifient un 3e coup candidat : 1. f5! L’idée est de se créer un pion passé, quitte à sacrifier le fou. Mais il faut être sûr de son coup, et donc calculer les variantes : 

1. f5 Le fou g3 est attaqué, les noirs ont donc deux choix :

1… Fxb8 2. fxg6 Et le pion file à dame.

1… Rxb8 2. fxg6 Même scénario.

Les variantes calculées forment une sorte d’arbre, dans lequel chaque coup représente une branche.

À l’époque, Kotov ne parlait pas de mind mapping, mais ce processus y ressemble… avec beaucoup plus de rigueur !

Pour bien calculer, suivez cette méthode de l'arbre, dont chaque branche est un coup candidat.

Nos conseils pour mieux calculer

1. Évitez les détours dans l’arbre de calcul

Lorsque des variantes compliquées sont analysées, chaque branche de l’arbre doit être examinée une fois, et une fois seulement.

Kotov

En résumé, réfléchissez avec méthode, et analysez chaque branche de l’arbre de façon ordonnée. Évitez de passer frénétiquement d’une branche à l’autre, suivez les ramifications de l’arbre avec rigueur : calculez une variante, puis une autre.

2. Calculez toujours les coups forcés

Dans vos calculs, étudiez toujours les captures, les échecs, les menaces et les ruptures de pions. Ces catégories de coups sont généralement toujours pertinentes.

3. Terminez vos calculs par un coup de l’adversaire

Il n’est pas recommandé de terminer votre calcul par un de vos coups. La fin de votre variante doit être un coup de votre adversaire, pour être sûr qu’il ne dispose pas d’une ressource en fin de variante.

4. Partez du principe que votre adversaire jouera les meilleurs coups

Les échecs ne sont pas un jeu de poker menteur ! Lorsque vous calculez les coups que votre adversaire peut jouer, essayez sincèrement de trouver les meilleures possibilités. En résumé, ne jouez pas un coup médiocre en espérant que votre adversaire ne trouvera pas la meilleure réponse.

5. Étudiez rapidement des coups candidats originaux

En ne conservant que les coups classiques dans votre sélection de coups candidats, vous risquez de rater les meilleurs coups ! Pensez donc à balayer, même très rapidement, les coups surprenants qui peuvent parfois fonctionner.

Trait aux noirs

Fourchette ! Vous envisagez peut-être d’abandonner, mais en élargissant votre sélection des coups candidats, vous pouvez vous en sortir.

1… Dxf4! 2. Dxf4 Txg2+ 3. Rh1 Tg3+ 4. Tf3 Fxf3+ 5. Dxf3 Txf3 Les noirs récupèrent le matériel, et même davantage !

Stratégie et tactique ne diffèrent que par le nom. Les deux dépendent d'une compréhension claire d'une position et de la capacité de distinguer entre ce qui est essentiel et ce qui ne l'est pas.

Paul van der Sterren, grand maître néerlandais

Maîtrisez les schémas tactiques

Le cerveau humain rencontre vite ses limites, et pour ne pas vous perdre dans des calculs interminables et parfois faux, il est essentiel de repérer les schémas tactiques qui apparaissent sur l’échiquier.

La fourchette

Aux échecs, la fourchette consiste à attaquer en même temps deux pièces de votre adversaire, voire trois ou quatre. Ce thème tactique est le plus fréquent, vous devez impérativement le maîtriser !

Trait aux blancs

1. Txg4+ Rxg4 2. c7 Tc2 Le seul coup pour empêcher le pion blanc de se transformer en dame 3. Ce3+ Et voilà la fourchette ! Le cavalier va capturer la tour, puis le pion c7 sera promu en dame.

La déviation

La déviation est un des thèmes tactiques majeurs aux échecs ! Elle consiste à forcer une pièce adverse à se déplacer, et ainsi abandonner son rôle défensif.

Les blancs jouent et gagnent

Si les blancs pouvaient jouer Df5, le roi noir serait mat. Mais la tour g5 nous en empêche, il faut donc la dévier…

Solution : 1. Fg4+ Txg4 (f5 De6 mat) 2. Df5 mat

Le clouage

Le clouage est une situation dans laquelle une pièce est immobilisée parce qu’elle se trouve devant une pièce plus importante derrière elle. Et il est souvent possible d’en profiter tactiquement !

Le cavalier c6 est cloué : comment les blancs peuvent-ils en profiter ?

Solution : 1. Cxd6 Rxd6 2. d5 Double clouage du cavalier c6 et du pion e6 !

Les schémas tactiques pour mater

Nous venons de voir des schémas tactiques qui permettent de gagner du matériel, mais vous devez aussi vous familiariser avec les différents mats possibles.

Dans sa série de vidéos “Droit au Mat”, Hélène Ruhlmann explique comment intégrer les schémas de mat, pour les reconnaître facilement et les reproduire dans vos parties. Indispensable !

Votre cerveau fonctionne avec des schémas tactiques

Les études récentes mettent en avant le concept de chunks, ou "blocs de pièces".

Les joueurs d’échecs expérimentés ne mémorisent pas l’emplacement des pièces individuellement, mais par groupes formant des ensembles cohérents.

La clé de l’apprentissage réside dans la répétition et l’étude régulière d’un grand nombre de positions.

En d’autres termes, l’intuition n’est pas une sorte de pouvoir mystique qui éclaire soudainement votre esprit. Elle repose sur l’activation inconsciente de vos souvenirs : cette position semble familière, j’ai déjà vu cette configuration de pièces ou cette structure de pions, et je sais quelle approche adopter.

En résumé, pour développer une meilleure intuition, il est essentiel de s’exposer à de multiples schémas de pièces et de les assimiler par la répétition.

À retenir : pour mieux calculer, exposez votre cerveau à un grand nombre de schémas différents !

Pour continuer à progresser en tactique et vous familiariser avec les schémas, voici nos 5 recommandations.

5 conseils pour progresser en tactique

Votre temps est précieux, et si vous souhaitez progresser aux échecs, utilisez-le de façon efficace ! Les entraîneurs sont unanimes : les joueurs amateurs doivent en priorité travailler la tactique, pour éviter de perdre des pièces, et surtout ne jamais rater l'occasion de prendre un avantage décisif.

Dans notre méthode d’entraînement, nous préconisons de consacrer au moins un tiers du temps d’entraînement à la tactique.

Utilisez la méthode de calcul de l’entraîneur Sylvain Ravot

Comment choisir les coups candidats ? Où arrêter ses calculs ? Dans sa série de vidéos, l’entraîneur Sylvain Ravot vous présente sa méthode pour progresser en tactique, en organisant efficacement votre réflexion.

Faites des exercices avec un module d’entraînement tactique en ligne

Les blancs jouent et gagnent

Cet exercice est tiré de notre module d’entraînement tactique en ligne. Les blancs jouent et gagnent ! 

Un joueur expérimenté trouve rapidement le coup gagnant Dc2, qui enferme la dame noire et menace Td1. 

Pourquoi voit-il cette idée et pas vous ? Car il reconnaît le schéma tactique de la “pièce coincée”. Il s’aperçoit que la dame noire n’a plus de cases à sa disposition, et envisage immédiatement de l’enfermer.

Pour vous aider à vous aussi maîtriser ces schémas, nous avons créé un module d'entraînement tactique avec des exercices adaptés à votre niveau, de débutant à expert. Votre cerveau va ainsi acquérir les bons réflexes, et vous ne raterez plus jamais une combinaison !

Faites des exercices, beaucoup d’exercices !

Marc Quenehen, entraîneur réputé, a publié deux livres qui vous aideront à progresser en tactique. Ils contiennent de nombreux exercices, et une sélection de combinaisons exécutées par des grands maîtres. Une lecture indispensable !

Un exercice chaque jour : votre nouvelle routine !

Les noirs jouent et gagnent

Vous commencez à être à l'aise avec les différentes combinaisons tactiques et souhaitez aller plus loin ?

Bonne nouvelle, nous proposons chaque jour sur notre site un nouvel exercice tactique à résoudre.

La solution est parfois difficile à trouver, c'est pourquoi notre interface vous permet de tester les coups sur l’échiquier, et d'analyser toutes les variantes à l'aide de l'ordinateur.

Notre conseil : ajoutez cette page à vos favoris, et prenez le réflexe de réfléchir chaque jour au nouveau puzzle. Vous allez rapidement faire des progrès…

Jouez, jouez et jouez encore !

On peut tirer plus d'utilité d'une partie perdue que de 100 parties gagnées.

Capablanca

Rien ne remplace la pratique ! Jouez encore et encore pour accumuler de l’expérience et développer des automatismes. Comme un athlète qui s’entraîne régulièrement pour progresser, le joueur d’échecs s’améliore en multipliant les parties.

Affrontez de préférence des adversaires légèrement plus forts que vous. Cela vous obligera à élever votre niveau de jeu et à appliquer toutes les techniques que vous avez apprises. Chaque défaite sera une occasion d’analyser vos erreurs et d’éviter de les reproduire à l’avenir.

Enfin, choisissez une cadence qui vous permette de réfléchir en profondeur. Les parties blitz de 3 minutes sont très populaires, mais elles ne conviennent pas aux joueurs débutants, qui ont besoin de plus de temps pour réfléchir et choisir leurs coups.

Vous cherchez des adversaires pour jouer aux échecs ? Vous pouvez aller dans un club, mais grâce à Internet, il est possible de trouver un adversaire en quelques clics.

Notre zone de jeu est aussi disponible sur smartphone, avec l'appli SimpleChess.