En bref
Reshevsky était arrivé seul à La Haye, alors que les Soviétiques alignaient une délégation composée des meilleurs grands-maîtres. Le Hollandais Lodewijk Prins fut désigné pour assister Reshevsky dans les positions ajournées.
Après l’admission de l’URSS au sein de la FIDE au Congrès de La Haye en 1947, l’organisation d’un tournoi pour désigner le successeur d’Alekhine prit réellement forme.
Dans un premier temps, l’éventualité d’un match entre le champion détrôné, le Hollandais Max Euwe (1901-1981) et l’Américain Samuel Reshevsky (1911-1992) provoqua l’ire du champion soviétique Mikhaïl Botvinnik (1911-1995). Euwe, interpellé sur le sujet, répondit en 1948 :
« Simple malentendu. Les négociations pour le championnat ayant abouti à une impasse, la FIDE avait proposé d’organiser un match entre Reshevsky et moi pour le championnat de la dite fédération mais non pour le titre mondial. Les obstacles s’étant aplanis, les projets de la FIDE sont tombés à l’eau. » (Revue Suisse d’Echecs mars 1948)
Euwe, doyen des candidats (47 ans) ne semblait plus vraiment motivé pour tenter de reconquérir son titre en avouant :
« Voici quelques mois que je ne touche plus un échiquier; pour le moment, pas de tournois ni de séances de simultanées. A vrai dire je m’étais totalement surmené; je m’entraîne maintenant en vue de la lutte au mois de mars… en m’abstenant de jouer ! Ma meilleure chance, c’est que mes adversaires me sous-estiment. Mais… »
Interrogé quant aux perspectives qu’avaient ses rivaux de gagner :
« En Europe orientale, on escompte la victoire soit de Botvinnik, soit de Keres. Pour ma part, j’estime que l’Américain Reshevky se montrera aussi un concurrent fort dangereux. »
Pourtant la position de Reshevsky fut affaiblie lorsque son compatriote Reuben Fine (1914-1993) se désista du tournoi au dernier moment. Il se retrouvait seul face à trois brillants joueurs soviétiques pour disputer le titre. De plus, Keres avait été « neutralisé », ce que bien sûr Reshevsky ignorait, pour favoriser Botvinnik et le combat devenait trop inégal pour l’Américain.
Fine s’était retiré arguant du fait qu’il n’était pas prêt pour s’engager dans une telle épreuve et logiquement Miguel Najdorf (1910-1997) aurait dû le remplacer.
Mais les Soviétiques s’opposèrent à l’inclusion d’un sixième joueur qui avait pourtant une légitimité certaine selon les décisions antérieures de la FIDE prise en 1945.
En remportant le tournoi de Prague 1946, Najdorf avait obtenu le droit de faire partie des candidats mais le tournoi fut considéré comme trop faible pour justifier sa présence au sein des prétendants au titre mondial.
Lorsque j’interrogeais Najdorf lors de son passage à Bienne en 1985, il me donna un éclairage intéressant sur le refus des Soviétiques :
« Les Soviétiques m’ont écarté, j’étais un obstacle et ils me craignaient car au tournoi de Groningue j’avais été particulièrement performant, invaincu avec trois nulles et deux victoires, (nul contre Smyslov, Flohr, Kotov, victoires contre Botvinnik et Boleslavsky) face à leurs meilleurs représentants. Une victoire mémorable dans la dernière ronde contre le vainqueur Botvinnik après qu’il eut refusé la nulle ! Ce dernier l’a très mal pris mais n’était pas encore tout puissant et je pense qu’il n’est pas seul responsable de cette décision. »
Le championnat du Monde débuta à la Haye dans un climat politique très tendu car en février les communistes, après un coup de force, se sont emparés du pouvoir en Tchécoslovaquie et, en mars, la conférence de Berlin, voit les représentants soviétiques quitter le Conseil de contrôle allié opposé à l’intégration de l’Allemagne occidentale à l’Union européenne. C’est le début de ce que l’on dénommera la guerre froide et qui allait perdurer jusqu’à la chute des régimes communistes en Europe fin 1989.
Peu après, en mai, s’est tenu le Congrès de La Haye qui est à la base du processus de l’unification européenne. Il fut présidé par Sir Winston Churchill et, à cette occasion, le Suisse Denis de Rougemont, l’un des pionniers du fédéralisme européen, déclara quelque peu optimiste du haut de la tribune du Congrès :
« Tous ensemble, demain, nous pouvons édifier […] la plus grande formation politique et le plus vaste ensemble économique de notre temps. Jamais l'histoire du monde n'aura connu un si puissant rassemblement d'hommes libres. Jamais la guerre, la peur et la misère n'auront été mises en échec par un plus formidable adversaire ».
Le tournoi débuta dans des conditions pour le moins inégales. Reshevsky était arrivé seul à La Haye, alors que les Soviétiques alignaient une puissante délégation composée des meilleurs grands-maîtres, Igor Bondarevsky (1913-1979), Salo Flohr 1908-1983) et Andrei Lilienthal (1911-2010) pour la presse, Alexandre Kotov (1913-1981) au comité d’arbitrage et Vladimir Alatorzev (1909-1987), Viacheslav Ragozine (1908-1962) et Alexandre Tolush (1910-1969) dans les rôles de secondants respectivement de Vassily Smyslov (1921-2003), Mikhaïl Botvinnik et Paul Keres (1916-1975).
Le Hollandais Lodewijk Prins (1913-1999) fut désigné comme secondant pour Reshevsky pour l’assister dans les positions ajournées.
Lorsque le 25 avril s’acheva le deuxième tour du tournoi disputé à La Haye, les participants se sont rendus en train à Moscou et le tournoi fut interrompu pour deux semaines ! Beaucoup ne comprirent pas la raison d’une aussi longue interruption et Kasparov dans le 2e volume de « Mes Grands Prédécesseurs » confie :
« Lorsque j’ai demandé à Keres - Paul Petrovic, comment avez-vous pu permettre tout cela, il m’a lancé un tel regard noir que je cessais de parler !
Soudain tout m’est apparu évident. Botvinnik avait plus d’une fois affirmé de ne pas pouvoir supporter de jouer plus de quinze parties d’affilée… »
Une grande partie des espoirs de la conquête du titre reposait sur les épaules de Botvinnik et Kasparov de citer cette anecdote :
« Durant le - mérité repos - le champion soviétique fut convoqué à une réunion du secrétariat du Comité Central du parti, dans le bureau d’Andreï Jdanov (1896-1948) où était présent Vorochilov, Souslov et autres dignitaires du Kremlin. Jdanov dit :
Nous craignons que l’Américain Reshevsky ne devienne champion du Monde. Que dirais-tu si les autres joueurs soviétiques perdaient contre toi, camarade ? »
Botvinnik décrit la situation de manière différente dans ses mémoires. Il fut convoqué au bureau de Comité Central du parti et Jdanov lui dit :
« Nous aimerions te parler du tournoi. Penses-tu que l’Américain Reshevsky va devenir champion du monde ?
Il s’est avéré que même au sommet du pouvoir, il y avait des fans d’échecs ! Cette question ne m’a pas surpris. Je savais que, avant le tournoi, certaines personnes avaient émis l’avis que Keres était le gagnant le plus probable, Sur ce point, ils étaient à côté de la plaque. Mais combien déplaisant est d’admettre son erreur ! Et apparemment pour nager en eau trouble, ils essayaient maintenant de démontrer que le vainqueur pourrait être Reshevsky !
- Reshevsky peut devenir le champion du monde.
Ici j’ai fait une pause, tous sont restés sans voix, et Jdanov s’est arrêté de déambuler.
- Mais cela signifiera que maintenant sur le sol de notre patrie il n’y a pas de forts joueurs.
L’atmosphère est devenue plus calme.
- Pourquoi donc ?
Ensuite j’ai expliqué que Reshevky, comme ils disaient autrefois, était un joueur original et un talent précoce, mais qu’il avait une compréhension restreinte des échecs, insuffisamment universelle, mais surtout, il possédait un vice compétitif chronique :
- Il est incapable de gérer son temps durant le cours de la partie, et ses problèmes de crise de temps deviennent endémiques…
Mes explications semblaient convaincantes et Jdanov dit en guise de conclusion :
- Très bien. Nous sommes avec toi et te souhaitons la victoire. »
(Achieving the Aim – Botvinnik – Moravian Chess 2015)
La partie la plus explicite, qui montre que les craintes des dignitaires étaient fondées, est la première jouée à La Haye.
Basé sur les commentaires de Kérès
Botvinnik,Mikhail - Reshevsky,Samuel Herman, Championnat du monde, La Haye, le 9 mars 1948
1.d4 ♘f6 2.c4 e6 3.♘c3 ♗b4 4.e3 d5 5.a3 ♗e7
Après l’échange 5...♗xc3+ 6.bxc3 c5 7.cxd5 exd5 8.♗d3 0–0 9.♘e2 survient une position que Botvinnik connaît bien et qui lui a procuré d’excellents résultats. Comme Reshevsky lui-même utilise ce système avec les blancs, il est compréhensible qu’il choisisse une autre variante. Il me semble que cette retraite du fou est justifiée, plus positionnelle que l’échange sur c3. La position qui survient maintenant est similaire au gambit Dame, les blancs ont enfermé leur fou de cases noires, et le tempo gagné a2–a3 a peu d’importance.
6.♘f3 0–0 7.b4
Cette avance dont l’intention semble contrecarrer la poussée c7–c5 est prématurée et donne aux noirs la possibilité d’obtenir un bon contre-jeu.
Une continuation naturelle était 7.♗d3 parce que les blancs n’avaient aucune raison de craindre 7...c5 8.0–0
7...♘bd7
Le système de défense choisi par les noirs avec …Cbd7 et…c6 est trop passif et permet aux blancs d’obtenir le meilleur jeu.
Il est surprenant que Reshevsky s’abstienne de l’opportunité favorable 7...a5 8.b5 c5 qui lui aurait donné un excellent contre-jeu sur l’aile dame.
8.♗b2 c6 9.♗d3 dxc4
Cet échange est prématuré et permet aux blancs d’avoir un jeu plus libre.
Les noirs devaient jouer 9...♗d6 puisque la suite 10.c5 ♗c7 suivi par …De7 et …e5 aurait conduit à une excellente partie.
10.♗xc4 ♗d6 11.♘e2?
Avec ce coup, les blancs empêchent 11…e5 mais ils enlèvent une importante pièce défensive de l’aile dame et permettent aux noirs d’initier une dangereuse initiative sur cette aile.
La suite correcte était 11.0–0 e5 12.♕c2 etc.
11...a5!
Les noirs s’emparent de l’initiative et sont mieux à cause de la faiblesse des cases blanches.
12.b5 ♘b6 13.♗d3 cxb5 14.♗xb5 ♗d7 15.♕b3
Ce coup permet de gagner un tempo, meilleur 15.Dd3.
15...a4 16.♕d3 ♖a5
En plus de leur excellent développement, les noirs ont atteint une position avec de bonnes perspectives en utilisant la faiblesse des cases blanches de l’aile dame. Notamment la protection de la case c4 va provoquer de grosses difficultés dans la phase successive de la partie.
17.♘c3 ♕e8 18.♗xd7 ♕xd7 19.0–0 ♖c8 20.e4?
La tentative blanche, qui a débuté au 17e coup pour protéger les faiblesses de l’aile dame, n’a pas atteint son but car les noirs vont prendre le contrôle de la case c4 et sont nettement mieux. Mais l’action entreprise au centre avec le coup de la partie péjore la situation car, après l’ouverture du centre, les pièces noires vont gagner un champ d’action encore plus large. Il était temps de jouer défensif avec 20.Cd2.
20...♘c4 21.♗c1 e5! 22.♖d1
La meilleure chance pratique était de maintenir le centre fermé avec 22.d5.
22...exd4 23.♕xd4 ♕e6 24.♖a2 h6 25.h3 ♖a6
Dans cette situation tendue les deux adversaires étaient déjà en zeitnot.
26.♘d5 ♘xe4 27.♖e2 f5 28.g4
Menaçant de gagner une pièce avec 29.gxf5.
28...♗c5??
Reshevsky ne parvient pas à trouver le coup gagnant 28...♘g5! en zeitnot. Trois variantes :
29.♖xe6 ♘xf3+ 30.♔g2 ♘xd4 31.♖xd4 fxg4–+
29.♕d3 ♘xf3+ 30.♕xf3 fxg4–+
28.♘xg5 ♕xe2 30.♘f6+ gxf6 31.♕d5+ ♔h8 32.♘f7+ ♔h7 33.♕xf5+ (33.♘g5+ fxg5 34.♕f7+ ♔h8 35.♕f6+ ♔g8 36.♕g6+ ♔f8–+) 33...♔g7 34.♗xh6+ ♔xf7–+
29.gxf5 ♕xf5??
La position noire était bonne mais pas suffisamment pour supporter deux grosses gaffes d’affilée.
Après 29...♗xd4 30.fxe6 ♗xf2+ 31.♖xf2 ♘xf2 les noirs résistaient.
30.♕xe4 ♕xh3 31.♘h2 ♖cc6 32.♘f4 1–0 (temps)
Reshevsky, bien que profondément déçu ne laissa rien apparaître et se contenta d’un haussement des épaules. Il se préparait déjà mentalement pour s’investir pleinement dans la partie suivante.
La deuxième fut très disputée et incertaine.
Basé sur les commentaires de Kérès
Reshevsky,Samuel Herman – Botvinnik,Mikhail, Championnat du monde La Haye le 23 mars 1948
1.d4 e6 2.c4 f5 3.g3 ♘f6 4.♗g2 ♗e7 5.♘h3 0–0 6.0–0 d6 7.♘c3 ♕e8 8.e4 fxe4 9.♘f4 c6 10.♘xe4 ♘xe4 11.♗xe4 e5 12.♘g2?!
Permettait de jouer pour un avantage 12.dxe5 dxe5 13.♘d3
12...♘d7 13.♘e3 exd4!
Avec justesse Botvinnik ouvre le jeu au centre et concède une faiblesse avec le pion arriéré d6. Par contre, dans le milieu de partie qui va suivre les pièces blanches ne seront pas bien placées et Reshevsky aura un problème de développement avec le fou c1.
14.♕xd4 ♘e5 15.f4 ♘g4 16.♘xg4 ♗xg4 17.♖e1 ♗f6 18.♕d3 ♕h5 19.♗d2 ♖fe8 20.♖ab1?!
Une perte qui aurait pu permettre aux noirs de développer une forte initiative sur la colonne "e".
20...♖e7?
Plus précis 20...♖e6!
21.♗b4 ♖ae8 22.♗xd6 ♖e6 23.♖e3
23...♖xd6?
Un sacrifice qui n’apportera que des difficultés aux noirs.
Correct était 23...♗f5 24.♗e5 ♗xe4 25.♖xe4 ♗xe5 26.♖be1 ♕f5 27.fxe5 ♖xe5 28.♖xe5 ♕xd3 29.♖xe8+ ♔f7=
24.♕xd6 ♖d8 25.♕c7 ♕c5?
Il fallait forcer la répétition avec 25...♖d7 26.♕c8+ ♖d8 car si 27.♕xb7?? ♗d4–+
26.♖be1 ♖f8 27.♕xb7 ♗d4 28.♔f2?
Plus précis 28.♕b3!
28...♗xe3+ 29.♖xe3 ♕d4?
29...♖d8 30.♕b3 ♖d2+ 31.♔g1 ♖d1+ avec échec perpétuel.
30.♕b3?
Ici 30.♗f3! avec d’excellentes chances de gain, si 30...♖e8 31.♕b3 ♖xe3 32.♕xe3 ♕xb2+ 33.♕e2 ♕d4+ 34.♔g2 ♗xf3+ 35.♔xf3 avec un bon pion de plus.
30...♕d2+ 31.♔g1 ♕c1+ 32.♔f2 ♕d2+ 33.♔g1 ♕c1+ Et la nulle fut conclue. ½–½
La bataille s’annonçait plus difficile que prévue d’où les inquiétudes de voir Reshevsky l’emporter.
Peu avant le tournoi, le GM Kotov avait tenu des propos politiquement corrects mais qui ne reflétaient pas vraiment la réalité :
« Actuellement le jeu de Botvinnik étonne par sa hardiesse, son obstination à atteindre le but fixé, sa clarté de pensée. Botvinnik possède surtout à fond l’art de jouer les parties décisives, de l’issue desquelles dépend le résultat final du tournoi. Là il sait se mobiliser intérieurement, devenir maître de lui, avoir raison de ses nerfs.
Ses débuts de parties démontrent une énorme érudition qui le rende invulnérable dans le stade initial du jeu. Il a toutes les qualités requises pour comprendre et mener une lutte compliquée au milieu de parties de tous genres et de tous aspects. Botvinnik possède une technique magnifique, lui permettant de réaliser les insignifiants avantages de position en fin de partie. Il est doué d’un profond sens psychologique qui lui permet d’imposer à l’adversaire précisément la position qu’au moment donné celui-ci désire le moins jouer. » Bulletin Ouvrier des Echecs 1948 p.87
Botvinnik,Mikhail - Reshevsky,Samuel Herman, Championnat du monde, Moscou le 18 avril 1948
1.d4 ♘f6 2.c4 e6 3.♘c3 ♗b4 4.e3 c5 5.a3 ♗xc3+ 6.bxc3 ♘c6 7.♗d3 0–0 8.♘e2 b6 9.e4 ♘e8!
« Un coup très fort, une invention de Capablanca. Il l’a utilisé dans sa partie contre Johner au tournoi de Carlsbad en 1929, presque dans la même position avec les coups supplémentaire « 0–0 » et « …Fa6 ». Le cavalier est très bien placé en e8 où il protège g7 et menace d’augmenter la pression sur le pion c4 depuis la case d6. En même temps, il prive les blancs de gagner un tempo avec la poussée e4–e5. » Keres
10.♗e3 d6
« Les noirs sont mieux s’ils omettent cette poussée en poursuivant avec 10…Fa6! et ainsi disposer de la case d6 pour le cavalier. » Horowitz
11.0–0 ♘a5 12.♘g3 ♗a6 13.♕e2 ♕d7 14.f4?
« Après ce coup, les noirs sont capables de fermer complètement le centre rendant ainsi les fous blancs passifs, tandis que les noirs maintiennent leur attaque contre le pion c4. La continuation correcte était 14.e5! qui aurait donné lieu à une partie intense aux chances égales. » Keres
14...f5!
« Maintenant le centre est fermé et les blancs n’ont pas de contre-jeu. » Keres
15.♖ae1
« La mauvaise tour, 15.Tfe1!? » Keres et Horowitz
15...g6 16.♖d1
« Si 16.d5 ♘g7 est avantageux pour les noirs. Effectuer ce coup devant un public de plus de 3000 personnes nécessite une grande dose de courage. » Horowitz
16...♕f7
« Les noirs ne devaient pas être trop pressés d’attaquer le pion c4. » Keres
« L’immédiat 16...♕a4 aurait permis aux blancs d’ouvrir les lignes au centre avec 17.d5! ♗xc4 18.dxe6 ♗xe6 19.exf5 avec de bonnes possibilités d’attaque pour le pion sacrifié. » Keres
17.e5
« Cette avance est tôt ou tard forcée car après un jeu passif les noirs augmenteraient la pression contre le pion c4 avec Tc8 forçant les blancs à jouer d4–d5 ou e4–e5 malgré tout. » Keres
17...♖c8 18.♖fe1
« Les blancs posent un petit piège pour l’adversaire. » Keres
18...dxe5
« Si 18...cxd4 19.♗xd4! ♗xc4? (19...♘xc4!) 20.exd6 ♘xd6 21.♕e5! qui est cependant trop facile à voir. » Keres
19.dxe5
« Les pièces blanches sont mal placées et ne disposent pas de point de support au centre, tandis que les noirs, au contraire, peuvent augmenter la pression contre le pion c4. La position blanche peut être déjà considérée comme stratégiquement perdue, même si quelques contre chances pratiques subsistent. » Keres
19...♘g7 20.♘f1 ♖fd8 21.♗f2 ♘h5!
« Joué au bon moment puisque maintenant les blancs doivent faire face à une tâche difficile pour défendre le pion f4. Le coup 22.Fe3 prive le cavalier de sa meilleure case et 22.g3 affaiblit la grande diagonale h1–a8. Le coup de la partie, toutefois, place le fou dans une position défavorable. » Keres
22.♗g3 ♕e8 23.♘e3 ♕a4 24.♕a2 ♘xg3 25.hxg3 h5
Verrouille la case g4. Keres préférait 25...♕b3 26.♕xb3 ♘xb3 27.g4 fxg4 28.♘xg4 ♘a5 mais après 29.♘f6+ ♔g7 30.♘e4 recommandé par Khalifman, la position offre des chances à peu près égales.
26.♗e2
La position est pour le moins compliquée, Keres considérait 26.♗c2 ♗xc4 27.♗xa4 ♗xa2 28.♗d7 ♖b8 29.c4 comme avantageux pour les blancs mais après 29...♔f8 30.♗xe6 ♖d4 31.♖c1 ♖bd8 la faiblesse de la structure de pions des blancs pose des problèmes.
26...♔f7 27.♔f2 ♕b3 28.♕xb3 ♘xb3 29.♗d3 ♔e7 30.♔e2 ♘a5 31.♖d2 ♖c7
« Maintenant les blancs obtiennent l’occasion de provoquer des complications qui vont presque les libérer de leur mauvaise position. » Keres. Pourtant l’idée de doubler les tours est loin d’être une erreur !
32.g4!?
Alors que le zeitnot menaçait, ce coup ingénieux cherche à ouvrir la position sur l’aile roi.
32...♖cd7! 33.gxf5 gxf5?
Compromet le gain en affaiblissant le pion h.
Décisif était 33...♘xc4! 34.f6+ ♔f7 35.♖ed1 et les blancs n'obtiennent pas une bonne partie contrairement au jugement de Keres. Après 35...♘xd2! 36.♗xa6 ♘e4! deux variantes :
37.♖c1 g5! 38.♘c4 g4 39.♔e3 ♘g3 40.♘d6+ ♖xd6! 41.exd6 ♖xd6–+
37.♖xd7+? ♖xd7 38.♔f3 ♘xc3 39.♘c4 ♖d3+ 40.♔f2 b5! 41.♘d6+ ♖xd6! 42.exd6 ♘e4+ 43.♔f3 ♘xd6 44.♔g3 ♔xf6–+
34.♖ed1?
« La continuation correcte était 34.♖dd1! menaçant de générer une attaque gênante sur le pion h après Si 34...♘b3 (34...♔f7 35.♖h1 ♔g6 36.♖hg1! et il est très difficile de voir comment les noirs peuvent progresser. » Keres) 35.♖h1 ♔f7 36.♖xh5! ♖xd3 (36...♔g6 37.♗xf5+ exf5 38.♖dh1+–) 37.♖h7+ ♔g8 38.♖dh1 avec un perpétuel sur la colonne h.
34...h4
« Les blancs n’ont plus de coup d’attente car chaque coup joué par une pièce coûterait au moins le pion c4. » Keres
35.♔e1
« Si 35.♖h1 ♗xc4!–+ » Keres
35...♘b3 36.♘d5+?
En zeitnot, Botvinnik tente de créer la confusion mais la position est sans espoir.
36...exd5 37.♗xf5 ♘xd2 38.♖xd2 dxc4 39.♗xd7 ♖xd7 40.♖f2 ♔e6 41.♖f3 ♖d3 42.♔e2 0–1
« Contre Botvinnik, seul Reshevsky avait pu fournir une prestation honorable, il avait obtenu une position gagnante dans la partie qu’il avait perdu, et dans la nulle qui a suivi, il était beaucoup mieux. Dans leur rencontre dans la 14ème ronde, il a joué la meilleure partie de sa vie, et, tout à coup Botvinnik n’apparaissait plus au-dessus des autres, mais très humain et atteignable. » Horowitz
Le style « positionnel » de Reshevsky nous est révélé par ses propres propos :
« Le travail d’un joueur d’échecs est de concevoir des objectifs pratiques et de planifier et effectuer les manœuvres qui leurs sont nécessaires pour les atteindre. Les objectifs, les plans, les manœuvres tout doit être basé sur les possibilités inhérentes à la position. Donc les échecs sont par définition positionnels. Le jeu tactique est concerné par les opportunités qui se présentent dans l’exécution des manœuvres. »
Les qualités de lutteur de Reshevsky firent forte impression. La quatrième partie qui opposa les deux hommes fut d’une grande intensité car Reshevsky devait absolument gagner pour conserver des chances de lutter pour le titre mondial.
Cette fois Botvinnik eut la possibilité, après que Reshevsky refusa d’entrer dans une Hollandaise, de jouer la variante Winawer de la Française, l’une de ses défenses favorites contre le pion du roi. Le champion américain n’était pas vraiment surpris puisque en 1946, dans le match USA-URSS, il avait déjà été confronté à cette défense. Botvinnik avait préparé une nouveauté qui ne posa pas de véritable problème à Reshevsky.
Reshevsky,Samuel Herman – Botvinnik,Mikhail, Championnat du monde Moscou le 3 mai 1948
1.d4 e6 2.e4 d5 3.♘c3 ♗b4 4.e5 c5 5.a3 ♗xc3+ 6.bxc3 ♕c7
Une petite surprise par rapport à l’habituel 6…Ce7 joué régulièrement par Botvinnik.
7.♕g4 f5 8.♕g3 cxd4 9.cxd4 ♘e7 10.♗d2 0–0 11.♗d3 b6 12.♘e2 ♗a6 13.♘f4 ♕d7 14.♗xa6 ♘xa6 15.♕d3 ♘b8 16.h4 ♘bc6 17.♖h3 ♖ac8 18.♖g3
La position blanche est prometteuse avec de bonnes perspectives pour prendre l’avantage sur l’aile roi.
18...♔h8
Un coup prophylactique utile mais Reshevsky avait utilisé beaucoup de temps.
Un demi-siècle plus tard, une partie Kasparov-Short (Novgorod 1997) se poursuivra avec 18...♖f7 19.h5 ♘d8 20.c3 ♖f8?! 21.♔f1 ♖c4 22.♔g1 ♘f7 23.a4 ♖fc8 24.♕b1! ♘c6?! 25.♕d1 ♘e7 26.h6! g6 27.♕h5 ♖xa4 28.♖xa4 ♕xa4 29.♘xe6 ♕c2 30.♕h4 f4 31.♗xf4 ♘f5 32.♖xg6+ 1–0
19.h5 ♖f7 20.h6 g6 21.♖c1 ♖ff8 22.♘e2 ♘b8
« L’idée des noirs est compréhensible et justifiée. En attaquant le pion c2, ils obligent l’adversaire à jouer c2–c3 après quoi le cavalier de l’aile dame occupera la case c4 sans opposition. Toutefois, ceci coûte quelques tempi. » Botvinnik
« La suite 22...♘a5 23.♗xa5 bxa5 apportait un jeu satisfaisant. » Botvinnik
23.♔f1 ♖c4 24.♔g1 ♘bc6 25.♗g5 ♘g8 26.♖e1 ♕f7 27.c3 ♘a5 28.♘f4 ♖c6
29.♗f6+?
En zeitnot Reshevsky commet une faute dans une bonne position.
Il devait préparer l’ouverture de la colonne e avec 29.♖ge3 ♘c4 30.♖3e2² ♘e7 (30...♘xa3? 31.♗f6++–) 31.♗f6+ ♔g8 (Botvinnik) mais les noirs peuvent résister avec du contre-jeu sur la colonne "c".
29...♘xf6 30.exf6 ♘c4!
Les noirs prennent l’avantage et vont gagner le pion "e" en conservant une forte initiative.
31.♕b1 ♕xf6 32.a4 g5 33.♘d3 f4 34.♖h3 g4 35.♖h1 ♖c7 36.♕d1 ♕g6 37.♖h4 f3 38.g3 ♖cf7
Botvinnik était aussi en zeitnot !
39.♘f4?
La dernière erreur.Après 39.♘e5 ♘xe5 40.♖xe5 les blancs avaient encore des ressources.
39...♖xf4 40.gxf4 ♖xf4 41.♕b1 ♖f5 42.♕d3 g3 43.♕f1 gxf2+ 44.♔xf2 ♖g5 45.♕h3 ♖g2+ 46.♔xf3 ♘d2+ 47.♔e3 ♖g3+ 0–1
« Je me souviens d’un fait assez curieux, Botvinnik jouait avec Reshevsky et, à la table voisine Smyslov livrait bataille à Euwe. Smyslov venait de gagner et le public saluait le vainqueur par des applaudissements prolongés. Mais Botvinnik était tellement absorbé par son jeu qu’il n’avait pas entendu les applaudissements et, au bout d’une heure demanda : - Comment la partie Smyslov-Euwe s’est-elle terminée ? » Ragozine
Cette victoire obtenue dans un moment critique a permis à Botvinnik de prendre un ascendant psychologique sur son grand rival et voici ce que rapportait son secondant :
« On a beaucoup parlé dans la presse soviétique et étrangère de la brillante préparation théorique de Botvinnik, de sa parfaite connaissance des débuts, de son art de trouver la seule solution juste dans les situations les plus difficiles.
Mikhael Botvinnik ne sous-estime jamais les forces et les possibilités de ses adversaires. Sachant d’avance qu’il allait jouer un tournoi pour le championnat du monde, il a beaucoup travaillé à l’analyse attentive des parties jouées par eux. Botvinnik s’est toujours inspiré du principe que –pour vaincre un adversaire, il faut bien connaître ses côtés forts et tout aussi bien ses côtés faibles. » Ragozine
L’un des apports principaux de Botvinnik était, contrairement à l’école viennoise qui cherchait à égaliser avec les noirs, de travailler sur des schémas qui rompaient la symétrie, en favorisant le dynamisme des pièces pour obtenir des positions quelque peu déséquilibrées mais qui offraient des possibilités de jouer pour le gain en conduisant les noirs. Il utilisa des variantes comme la défense Grünfeld, la défense Hollandaise ou la défense Française pour le démontrer avec succès dans ce championnat du monde.
Mais la méthode Botvinnik ne se résume pas à la préparation, c’est aussi une tentative de tout contrôler, de ne rien laisser au hasard, même lorsqu’il s’agit de petits détails :
« Depuis 15 ans, Botvinnik fait de la gymnastique chaque matin. Pendant le tournoi il reste fidèle à cette habitude. Chaque jour, le matin et le soir, il se promène et, de façon générale, s’en tient à son régime habituel. Je me rappelle que le lendemain même de notre arrivée à La Haye, Botvinnik m’entraîna visiter la salle Direntoum où devait se tenir la première moitié du tournoi. Le local était encore occupé mais Botvinnik n’en était nullement troublé. Il voulait connaître les lieux, se familiariser avec la salle afin qu’au cours du jeu rien ne diminua son attention, ne fût-ce un seul instant.
Le désir de se sentir toujours dans l’ambiance habituelle se manifeste chez Botvinnik, même dans les petits faits. Ainsi durant tout le tournoi, il porte le même costume, la même cravate, les mêmes chaussures.
Pendant la deuxième moitié du tournoi à Moscou, les habitants de la capitale soviétique pouvaient voir régulièrement Botvinnik à des heures fixes, dans des endroits déterminés. A cinq heures de l’après-midi exactement, il sortait de chez lui et allait à pied en direction de la Maison des Syndicats. Un jour, je lui proposai de changer d’itinéraire et de passer par une autre rue. – Non, me répondit-il, de nouvelles rues me donneraient de nouvelles impressions… » Ragozine
Un élément sans doute déterminant qui a permis à Botvinnik de remporter cette difficile épreuve, politiquement non correct, et la solidarité sur laquelle il pouvait compter pour l’aider à préparer et franchir l’obstacle lorsqu’il s’agissait de combattre un dangereux adversaire. Le soutien d’une dizaine de grands-maîtres parmi les meilleurs de l’Union soviétique, ce qui est beaucoup face à un homme seul.
Reshevsky, malgré son prodigieux talent, pensait qu’il pouvait tout résoudre sur l’échiquier, en se concentrant pleinement sur la partie, ne quittant pas des yeux l’échiquier, totalement immergé dans le calcul des variantes issues de la position.
Il était particulièrement performant mais se retrouvait régulièrement en zeitnot. Dix ans plus tôt, au tournoi de l’AVRO qui réunissait les meilleurs joueurs de l’époque, il dut lutter à douze reprises en zeitnot sur les quatorze parties du tournoi ! Il n’avait pas vraiment tiré les leçons qui s’imposaient en adoptant, à nouveau, une telle attitude.
« Jouant contre des adversaires qui se spécialisent dans les ouvertures, Reshevsky se trouve souvent en grande difficultés. C’est dans ces conditions que Sammy est à son meilleur niveau. Confiant dans les possibilités qu’offrent ses positions pour résister, il est le seul homme dans ce tournoi qui ne se sent pas mal à l’aise en défense. Il utilise cinq, dix, vingt minutes ou même plus pour chaque coup. Sa pendule tourne. Bientôt, il doit jouer cinq, dix, vingt coups ou plus en quelques secondes et il le fait! » Horowitz
La plupart de ses adversaires étaient déstabilisés par cette attitude mais contre Botvinnik une telle prise de risque ne suffisait pas pour le faire trébucher nerveusement. La dernière partie qui les a opposés, montre, au contraire, Botvinnik disposé au partage du point dans une position symétrique. Pourtant Reshevsky s’obstina à jouer pour le gain, cette fois en avance avec la pendule. Il disposait encore de 25 minutes après avoir joué son 24ème coup, alors que Botvinnik n’avait plus que 10 minutes. Reshevsky va pourtant solder la partie en poursuivant à la cadence d’un blitz.
Botvinnik,Mikhail - Reshevsky,Samuel Herman, Championnat du monde, Moscou le 18 mai 1948
1.e4 e5 2.♘f3 ♘c6 3.♘c3 ♘f6 4.♗b5 ♗b4 5.0–0 0–0 6.d3 ♗xc3 7.bxc3 d6 8.♗g5 ♕e7 9.♖e1 ♘d8 10.d4 ♘e6 11.♗c1 ♖d8 12.♗f1 ♘f8?!
Une position théorique, Botvinnik préférait 12…c5.
13.♘h4! ♘g4?!
« Ce coup est certainement trop optimiste. Avec un retard de développement et une position resserrée, les noirs vont au devant de l’adversaire bien développé et armé jusqu’aux dents. Il n’est donc pas étonnant s’ils vont se retrouver en difficultés. » Euwe
14.g3 ♕f6 15.f3 ♘h6 16.♗e3! ♖e8 17.♕d2 ♘g6 18.♘g2! ♗h3 19.♗e2 ♗xg2 20.♔xg2 d5!?
« Reshevsky sacrifie un pion pour compliquer le jeu et la tâche de l’adversaire, confronté à un fort zeitnot. Ce calcul va se révéler partiellement correct. » Botvinnik
21.exd5 exd4 22.cxd4 ♘f5 23.♗f2 ♖ed8 24.c4 h5 25.h4 b5 26.♕g5 ♕xg5 27.hxg5 h4 28.♗d3 hxg3 29.♗xg3
29...♘xd4?
Joué a tempo ! Une méthode douteuse spéculant sur le fait que Botvinnik ne disposait plus que de 3 minutes.
Une meilleure résistance s’obtenait avec 29...♘xg3 30.♔xg3 bxc4 31.♗xc4 ♔f8 selon Keres et rien n’est tout-à-fait clair.
29...♘xd4? 30.♖ad1 c5 31.dxc6 ♘xc6 32.♗e4 ♖ac8 33.♖xd8+ ♘xd8 34.♗f5 ♖a8 35.♖e8+ ♔h7 36.cxb5 f6 37.♗c7 ♘e6 38.♖xa8 ♘xc7 39.♖xa7 ♘xb5 40.♖d7 fxg5 41.a4 1–0
Cette défaite permis à Smyslov d’obtenir la deuxième place du tournoi.
Un résultat flatteur (+3 =1 -1) contre Reshevsky qui ne refléta pas la réalité sur l’échiquier. La presse soviétique présenta cette victoire comme la réussite collective représentée par Botvinnik au service des masses face à un individualiste bourgeois vivant de ses rentes.
Botvinnik remporta le premier tournoi championnat du monde et ce fut sa plus grande victoire. Il allait s’imposer comme la plus importante figure des échecs soviétiques jusqu’en 1963. Curieusement en tant que tenant du titre, il ne réussit jamais à gagner un duel et c’est seulement après avoir été détrôné, qu’il réalisa deux exploits face à des joueurs plus jeunes, Smyslov et Tal, qui lui permirent dans les matchs revanches de reconquérir le titre mondial.
Il faudra patienter 24 ans pour qu’un autre américain, Bobby Fischer, mette fin à l’hégémonie soviétique en remportant « le Match du siècle » face à Boris Spassky.
Contrairement à Reshevsky, Fischer était le joueur non seulement le plus talentueux mais aussi le mieux préparé de son époque comme le sera après lui, Garry Kasparov.
70 ans nous séparent du sacre de Botvinnik et, à nouveau un joueur américain, Fabiano Caruana, va disputer le titre mondial face à un joueur, Magnus Carlsen, qui cumule les succès et qui peut être qualifié de génie des échecs.
Il est étonnant de constater que le talentueux Américain s’est beaucoup inspiré de la méthode Botvinnik et de l’héritage de l’école d’échecs soviétique en faisant appel à des entraîneurs successifs qui ont tous été formés par cette même école…
Même Magnus s’est rallié à certains principes du patriarche russe des échecs, notamment celui-ci :
« Pendant le tournoi, rien ne doit distraire l’attention du joueur d’échecs, car les impressions nouvelles, pourraient susciter des émotions inutiles. » Botvinnik
Mais parfois Magnus s’inspire aussi de l’approche de Reshevsky, plus intuitive :
« Dans sa quête de la victoire, Sammy est prêt pour jouer pendant des heures s’il sent qu’il a l’ombre d’une chance. Il cherche des opportunités dans les situations apparemment les plus stériles. Il tamise une tonne de gravier pour trouver une seule paillette d’or. » Kmoch et Horowitz
Je
tiens à remercier Gérard Demuydt pour la mise en page et le Musée
du Jeux de La Tour-de-Peilz pour m’avoir permis de consulter
l’importante bibliothèque de feu Ken Whyld. www.museedujeu.ch
Georges Bertola
Rédacteur en Chef de la Revue Europe-Echecs