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Le doublé victorieux des équipes venues d’Inde à l’Olympiade de Budapest rappelle quelque peu l’époque où les équipes d’URSS dominaient sans partage la scène internationale.
Devancer de 4 points l’équipe favorite sur le papier, les Etats-Unis à égalité avec l’Ouzbékistan, a permis de mesurer la valeur de l’exploit !
L'équipe était très homogène. Composée de Dommaraju Gukesh, 18 ans, Praggnanandhaa Rameshbabu, 19 ans, Arjun Erigaisi, 21 ans, Vidit Gujrathi 29 ans et le « vétéran » Harikrishna Pentala, 38 ans, elle s’est imposée dès le début. Elle enchaîna les victoires, pour mener tout au long du tournoi, en remportant 10 matchs et un match nul. Jusqu’à la dernière ronde, l'Inde, qui n'avait besoin que d'un match nul pour la médaille d'or, a terminé sur les chapeaux de roues en battant la Slovénie 3,5-0,5.
Chez les femmes, la lutte était plus serrée. Il a fallu attendre la dernière ronde, avec une victoire sans appel de 3,5-05 face à l’Azerbaïdjan, pour que l’Inde distance d’un petit point le Kazakhstan et de 2 points les Etats-Unis.
Il faut saluer les brillantes performances du prétendant au titre mondial Gukesh qui obtient 9 points sur 10 parties et remporte la médaille d'or individuelle au premier échiquier. Un autre phénomène : Arjun Erigaisi a totalisé 10 points sur 11 et l'or individuel au 3e échiquier. Tous deux se hissent à proximité de la barre mythique de 2800 points Elo. Erigaisi encaisse 19 points et occupe le 3e rang au classement mondial avec 2797, distancé de 4 points par l’Américain Nakamura. 34 points le séparent encore de Magnus Carlsen, solidement installé à la tête du classement mondial depuis une décennie.
Gukesh réalise un bond fantastique de 30 points Elo qui le projette au 5e rang du classement mondial.
Une progression spectaculaire perçue comme anormale par l’un des meilleurs joueurs russes : Alexander Grischuk. Il alimente l’ère du soupçon qui frappe le monde des échecs en invoquant la possibilité de la triche ou du miracle.
Malheureusement, la progression incessante et irréversible de la technologie et du niveau des ordinateurs pose des difficultés qui échappent aux arbitres et nécessite des moyens dont ne disposent pas la plupart des organisateurs. Certains pensent que la solution passe par le durcissement des règles, mais comme dans la vraie vie les règles peuvent souvent être contournées avec ingéniosité…
Lors de l’Olympiade, les spectateurs ne pouvaient se rendre dans la salle de jeu et les journalistes, sans téléphone ou autre objet connecté, disposaient d’une dizaine de minutes après le début des rondes avant d’évacuer la salle. Il y a eu pourtant des exceptions injustifiables, pointées par l’ancien champion du monde Vladimir Kramnik, notamment de la part des Indiens.
Pourtant, aucune preuve n’a été apportée et on ne peut que constater, qu’au vu des résultats, le niveau des joueurs indiens en général ne fait que progresser avec 4 joueurs classés parmi les 12 premiers mondiaux.
L’absence de la Chine sur le podium des vainqueurs, 4e chez les hommes et 7e chez les femmes, suscite des interrogations. L’actuel champion du monde Ding Liren, 32 ans et 21e au classement mondial, provoque une situation sans précédent pour le prochain match qui se jouera à Singapour dès le 25 novembre prochain.
Ding Liren poursuit sa traversée du désert et, lors de l’Olympiade, sa performance au-dessous de la barre des 50% (=7 -1) rappelle quelque peu le 9e champion du monde de l’histoire, Tigran Petrosian, presqu’invincible à l’époque. Il jouait d’abord pour ne pas perdre, évitait parfois les confrontations avec les meilleurs, mais de nombreuses victoires agrémentaient son parcours. Sur 129 parties jouées aux Olympiades, Petrosian n’en perdit qu’une et en annula 50.

Bonne lecture

Georges Bertola