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Les échecs féminins se portent bien. Le championnat du monde qui a opposé la tenante du titre, la Chinoise Ju Wenjun, à sa compatriote Tan Zhongyi s’est révélé particulièrement intéressant. Il n’a fallu que 9 parties pour que Ju Wenjun l’emporte sur le score sans appel de 6,5 points à 2,5 et s’adjuge un 5e titre mondial.
Les deux joueuses s’écartaient rapidement des lignes théoriques connues pour chercher à faire la différence dans des complications alimentées par une prise de risques nécessaire, l’expression de la lutte de deux volontés comme l’affirmait déjà le 2e champion du monde de l’Histoire, Emanuel Lasker. Des positions tendues, des erreurs humaines, des finales difficiles, tout ce qui fait la beauté des échecs classiques.
Le championnat d’Europe a couronné la joueuse serbe Teodora Injac qui obtient 9 points sur 11 en solitaire et une performance à plus de 2600 Elo. Elle devance de 1,5 points la Roumaine Irina Bulmaga et l’Estonienne Mai Narva. Les Françaises Deimanté Daulyte-Cornette et Sophie Milliet se distinguent avec 7,5 points et obtiennent leur billet pour la coupe du monde.
Chez les hommes c’est l’Allemand Matthias Bluebaum qui remporte le titre avec 8,5 points sur 11 à égalité avec son compatriote Frederik Svane et l’Israélien Maxim Rodshtein.
Matthias Bluebaum, 27 ans, est jusqu’ici le seul joueur à remporter deux fois le titre de champion d’Europe, la dernière fois c’était en 2022.
Les meilleurs Français Paul Velten et Maxime Lagarde, avec 7 points, se qualifient pour la coupe du monde. On ne peut que constater qu’aucun super GMI de plus de 2700 Elo ne daigna y participer.
A l’inverse, 8 joueurs du Top 10 mondial étaient présents à Paris pour y jouer l’une des étapes du Freestyle Chess Grand Slam Tour.
Pour certains, l’avenir des échecs passe par le « Freestyle », mais il n’est pas sûr que l’engouement du public suive le mouvement. Le poids déterminant de la préparation des ouvertures assistée par ordinateur est écarté et l’on a pu observer les joueurs réfléchir longuement dès les premiers coups, ce qui n’arrive pratiquement plus dans les échecs classiques.
Jan Henric Buettner, organisateur du « Freestyle Chess », a beaucoup investi pour assurer le succès de ce tournoi avec des prix conséquents. Plusieurs dizaines de caméras ont suivi les joueurs à la manière d’un véritable « reality show » et les organisateurs ont invité les streamers les plus connus de la planète pour augmenter l’audience.
Le résultat ne doit pas être au niveau de ses attentes puisqu’il a indiqué un changement majeur pour les prochaines étapes du « Freestyle Chess » avec une cadence qui sera deux fois plus rapide.
« Magnus Carlsen voulait vraiment jouer en Chess960 avec les meilleurs joueurs du monde à la cadence classique. Mais nous sommes d'accord pour dire qu'il faut que le circuit « Freestyle » devienne plus attractif pour les médias, nous avons des sponsors en vue, et nous devons répondre aux attentes du public. Il faut donc que les parties durent moins longtemps. »
Jan Henric Buettner
La finale devait opposer deux des meilleurs joueurs du monde et adeptes du « Freestyle ». Carlsen s’imposa sans véritable surprise face à Nakamura.
En ce qui me concerne, c’est toujours les échecs en apparence, mais en réalité un autre jeu qui fait table rase du passé, du savoir pour instaurer un certain désordre initial, tout est avant tout calcul ou, pour le dire comme le GMI Bassem Amin :
« Avec le « Freestyle », plus de mémoire, plus d’histoire. L’histoire, c’est ici et maintenant ! »

Bonne lecture.

Georges Bertola