À la une des échecs depuis 1959

Le doute s’est installé, la confiance est rompue et les incidents se succèdent. La compétition au plus haut niveau peine à trouver des solutions pour lutter efficacement contre la triche. Les accusations se multiplient sans apporter la plupart du temps des preuves, alors que la présomption d’innocence est bafouée.
Dernier exemple en date, celui de l’ex-champion du monde Vladimir Kramnik accusant à nouveau l’Américain Hans Niemann, sans apporter la moindre preuve de triche dans un tournoi rapide en ligne. L’ère du soupçon est confortée par les déclarations des meilleurs joueurs :
« Je crois que les échecs en ligne, comme la plupart des sports que je connais, doivent être joués à partir d'un emplacement physique, à la fois pour aider à empêcher la triche et pour atténuer le climat actuel de suspicion sans fin (...) Même s'il n'est absolument pas acceptable d'accuser des individus sans preuve et devrait conduire à des enquêtes plus approfondies, je suis d'accord sur l'ordre de grandeur de joueurs titrés ayant déjà triché mentionné par Vladimir Kramnik, autour de 20%. » Maxime Vachier-Lagrave
La réalité de ce problème, face aux progrès incessants de l’Intelligence Artificielle et des nombreuses possibilités de disposer d’objets connectés, est une certitude. Très récemment dans un Open au Qatar aucune disposition n’a été prise par les organisateurs pour limiter les possibilités de triche. Les spectateurs circulaient librement avec des portables dans la salle, les parties pouvaient être suivies en direct sans aucun décalage dans le temps, alors qu’il est vivement recommandé de le faire. Selon l’adage échiquéen « la menace est plus forte que l’exécution » et le numéro un mondial a révélé une faiblesse inattendue après avoir subi une cinglante défaite :
"J'assume évidemment mon incapacité à gérer correctement ces pensées, mais c'est incroyablement frustrant de voir des organisateurs ne toujours pas prendre au sérieux la lutte contre la triche."
Son principal grief :
« Dès que j’ai vu que mon adversaire portait une montre, j’ai perdu ma capacité de concentration. »
Il semble donc urgent de prendre des mesures validées par la FIDE pour lutter contre ce fléau. Cela me rappelle quelque peu le match Karpov-Korchnoi à Baguio en 1978. Viktor Korchnoï était persuadé que le parapsychologue soviétique, le Dr. Zoukhar, assis dans les premiers rangs, pouvait interférer à distance sur sa concentration.
Un grand coup de chapeau à Marc’Andria Maurizzi sacré champion du monde Junior au Mexique. Un rayon de soleil dans un monde où le ciel s’assombrit et où règne en maître le bruit et la fureur. Sans doute une étape marquante dans la carrière du jeune Corse qui lui apporte une nouvelle dimension. Ce qui distingue Marc’Andria, c’est d’avoir pris le contrôle du tournoi dès les premières rondes et, surtout de l’avoir fait à 16 ans. Il devient le troisième Français de l’histoire à réaliser cet exploit après Joël Lautier et Maxime Vachier-Lagrave.
Europe Echecs lui consacre, à juste titre, un dossier important car pour lui, tous les espoirs, tous les rêves sont encore possibles.

Bonne lecture

Georges Bertola