À la une des échecs depuis 1959

La première fois que j’ai pu situer le Kazakhstan sur une carte, 9e pays du point de vue de la superficie égale à 5 fois la France, c’était lors du 36e championnat de l’URSS remporté par le GMI Polugaïevsky en 1969 à Alma Ata (auj. Almaty). A l’époque l’un des tournois les plus suivis de la planète échecs.
C’était aussi la ville natale d’un très grand champion, Anatoly Vaisser, champion de France en 1997 et multiple champion du monde des Vétérans.

Aujourd’hui Almaty est la capitale économique de ce vaste pays au cœur de l’Asie centrale. Il compte plus de 19 millions d’habitants, aux inégalités considérables mais extrêmement riche en matières premières, qui s’étend de la mer Caspienne aux frontières de la Chine.

On parle d’une confrontation Nepomniachtchi-Ding en pays neutre alors qu’en réalité le Kazakhstan est depuis la fin du 17e siècle sous domination de l’Empire Russe, puis de l’Union soviétique et aujourd’hui dans la sphère d’influence de la Russie qui exerce un réel « protectorat militaire ». Malgré la montée en puissance de la Chine, la complicité des élites avec Moscou reste prédominante.
Très récemment, en 2022, des émeutes suite à l’augmentation du prix du carburant, ont été violemment réprimées (plus de 200 morts), avec l’aide de l’armée russe.

Le match se jouera à partir du 7 avril dans la nouvelle capitale politique, Astana, depuis 1998. Le champion russe bénéficie d’un fort soutien de la part de sa fédération et part légèrement favori pour la conquête du titre.

Au contraire, la Chine, malgré ses excellents résultats par équipes et de nombreuses championnes du monde couronnées à son palmarès au 3e millénaire, ne semble manifester aucun réel intérêt pour s’approprier le titre.
La pratique des échecs reste très marginale m’avait fait remarquer la meilleure joueuse chinoise et ancienne championne du monde Yifan Hou lorsqu’elle remporta en 2017 le « Festival d’échecs de Bienne ». C’est aussi le propos du GMI Hao Wang dans son entretien avec Jean-Michel Péchiné :

« J’ignore comment Ding se prépare et même s’il a les moyens d’avoir des secondants, mais je suis sûr qu’il n’aura pas une équipe aussi forte que celle de Nepomniachtchi. La fédération
chinoise des échecs était hors de fonction durant la pandémie. Elle n’avait plus de budget. La situation était terrible. Cela a duré jusqu’à la fin de l’année 2022. Aujourd’hui, elle commence
à s’améliorer, mais je ne sais pas si Ding bénéficie de son soutien. Je doute qu’elle ait les moyens financiers de l’aider. »

L’autre grand évènement qui retient l’attention de notre revue est le championnat d’Europe individuel, qualificatif pour la coupe du monde FIDE 2023.
Victoire du Russe Alexey Sarana qui devance L’Ukrainien Kirill Shevchenko et le « surprenant » champion belge Daniel Dardha, tous scorant 8,5 points sur 11. Excellente prestation du multiple champion de France Etienne Bacrot qui obtient la 5e place, devancé d’un demi-point, avec en prime son ticket pour la coupe du monde FIDE.

Et puis enfin, vous retrouverez un reportage sur le festival de Djerba qui allie échecs et vacances et remporté par le champion de France en titre Jules Moussard.

Bonne lecture


Georges Bertola