À la une des échecs depuis 1959

Europe Echecs a souhaité récompenser les meilleurs joueuses et joueurs de la saison. De nombreuses personnalités du monde des échecs ont été invitées à se prononcer pour décerner les trophées à celles et ceux qui ont marqué le monde échiquéen en 2022 ! Nous remercions chaleureusement tous les membres du jury pour le temps qu’ils ont consacré à élire leurs favoris. Bravo à Magnus Carlsen, Tingjie Lei, Dommaraju Gukesh, Alireza Firouzja et l’Ouzbékistan, les 5 lauréats de ces premiers Trophées Europe Echecs. Le triomphe des joueuses chinoises dans la finale des Candidates n’est pas une surprise. Que ce soit à Monaco où Tingjie Lei, 25 ans, s’impose face à l’Ukrainienne Anna Muzychuk, ou, plus surprenant, à Khiva en Ouzbékistan, Zhongyi Tan, 31 ans, pourtant clairement distancée sur le plan de l’Elo, élimine deux des meilleures Russes, Kateryna Lagno et Alexandra Goryachkina. Les deux Russes jouaient sous le drapeau de la FIDE et le contexte de la guerre en Ukraine ne leur a pas simplifié la vie. Il a obligé la FIDE à organiser ce tournoi en 2 poules pour éviter la confrontation des joueuses russes et ukrainiennes. La finale des Candidates opposera donc deux Chinoises, par conséquent la finale du championnat du monde aussi. La Chinoise Wenjun Ju devra défendre son titre contre la prétendante dans un match en 6 parties classiques. La sensation chez les hommes est la victoire de la Chine lors du championnat du monde par équipes à Jérusalem. Elle alignait pourtant une équipe de seconds couteaux. Confirmation de la 2e place de l’Ouzbékistan, vainqueur à l’Olympiade de Chennai. Une équipe composée de joueurs jeunes et relativement peu connus. Un véritable exploit obtenu sans la présence de leur meilleur joueur, Nodirbek Abdusattorov, le seul à franchir la barre des 2700 Elo. Le centre de gravité des échecs se déplace clairement en Asie car les grandes nations occidentales, généralement favorites sur le papier, n’ont pas surmonté l’obstacle que représentait les jeunes équipes asiatiques. La France est éliminée en quart de finale par l’Inde, l’Ukraine par l’Ouzbékistan et la Pologne par la Chine. Seule l’Espagne a réussi à se défaire de l’Azerbaïdjan avec une équipe où l’absence d’une relève se fait cruellement sentir. À son tour, l’Espagne devait succomber face à la Chine en demi-finale, ce qui fit dire au journaliste Leontxo Garcia, grand spécialiste du jeu : « Il est peu probable que l’Espagne ait une autre chance de se battre pour une médaille d’or au championnat du monde au cours de la prochaine décennie. » Un constat qui semble une évidence devant l’émergence de la Chine et de l’Inde qui disposent d’un réservoir de jeunes joueurs talentueux pour le moins impressionnant. De plus, pour la première fois dans l’histoire des échecs, la possibilité que le titre mondial masculin puisse être détenu par un prétendant venu de Chine est devenue une réalité. Après le retrait de Magnus Carlsen, la finale du championnat du monde masculin opposera le Russe Ian Nepomniachtchi, 32 ans, au Chinois Ding Liren, 30 ans, dans un match très ouvert. L’avantage du Russe est ses nombreuses participations dans les tournois internationaux sous le drapeau de la FIDE, alors que la politique du “zéro Covid” a clairement pénalisé Ding Liren. D’ici-là, toute l’équipe d’Europe Echecs vous souhaite une belle et heureuse année.

Bonne lecture.

Georges Bertola