À la une des échecs depuis 1959

8e victoire pour le champion du monde Magnus Carlsen au traditionnel tournoi « Tata Steel » à Wijk aan Zee. Un nouveau record pour cet enfant prodige qui domine la scène mondiale depuis 2013. Précocité et longévité aux échecs ne vont pas toujours de pair. Steinitz, le 1e champion du monde, enregistra son premier succès à 26 ans pour devenir le meilleur joueur du monde à 30 ans et être officiellement sacré champion du monde à 50 ans ! Son successeur Lasker, après des débuts laborieux et tardifs, remporta le titre à 26 ans pour établir le record de longévité en le conservant pendant 27 ans. La 1re Guerre mondiale et la période de chaos qui s’ensuivit lui permit d’éviter les confrontations de 1914 à 1921 pour s’incliner devant le prodigieux et génial Cubain, Capablanca, déjà trentenaire. Perçu comme un prétendant au titre dès 1911, son règne ne dura que 6 ans ! Surnommé la machine à jouer aux échecs, Capablanca, réputé pour son invincibilité, perdit un match mémorable contre Alekhine en 1927. Ce dernier, âgé de 35 ans, conscient de l’exploit face à un adversaire qui n’avait pas jugé utile de se préparer, ne lui accorda jamais la possibilité d’une revanche. A son tour en 1935, Alekhine fut battu à la surprise générale par le Dr. Max Euwe, un des rares joueurs « amateurs » à ce niveau.
En 1937, Alekhine récupéra son titre pour le conserver jusqu’à sa mort en 1946. Entre-temps, il avait évité de se mesurer à la jeune génération, notamment Flohr et Keres désignés candidats « officiels ».
A l’issue de la Seconde Guerre mondiale pour la première fois un match tournoi, organisé par la FIDE, permit à un Soviétique, Botvinnik, de s’emparer de la couronne mondiale à 37 ans.
N’ayant jamais réussi à remporter un match en tant que champion du monde, Botvinnik fut détrôné par Smyslov en 1957 et Tal en 1960 qui devint à 24 ans le plus jeune champion de l’histoire. Botvinnik réussit toutefois à reconquérir le titre dans les matchs revanches avant d’être vaincu par Petrossian en 1963.
En 1966, sous l’égide de la FIDE, pour la première fois le champion du monde en titre défendit victorieusement son titre face au jeune Spassky 29 ans.
En 1969, Spassky à nouveau candidat, réussit à franchir l’obstacle pour devenir le 10e champion du monde. Trois ans plus tard, le match du siècle devait mettre un terme à l’hégémonie soviétique. Le prodige américain Bobby Fischer, à la fois le plus brillant Challenger de l’histoire mais aussi le plus « mauvais » champion du monde, devait abandonner son titre en 1975 sans jouer.
Deux géants ont dominé la fin du 20e siècle : Karpov de 1975 à 1985 et Kasparov de 1985 à 2000 qui détient le record du plus jeune champion du monde couronné à 22 ans et 7 mois.
Kasparov fut à l’origine d’un schisme en jouant hors juridiction de la FIDE et, en 2000, le talentueux Kramnik, 25 ans, créa la surprise en détrônant le Roi Kasparov qui ne réussit pas à marquer une seule victoire.
La visibilité du titre fut considérablement réduite avec un champion du monde « classique » qui, comme Alekhine, cherchait à éviter l’affrontement avec son grand prédécesseur.
Après la « réunification » du titre en 2006 avec la victoire de Kramnik face à Topalov (dans les départages, une première pour le titre « classique »), c’est un grand champion venu d’Asie, Anand, (champion du monde FIDE en 2000) qui lui succéda en 2007 détenteur du titre jusqu’en 2013.
Depuis, le prodige des échecs Magnus Carlsen, champion du monde à 23 ans, domine sans partage le classement mondial et la scène internationale en relevant tous les défis. Un champion exceptionnel !

Bonne lecture.

Georges Bertola