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Le 8 avril, la rencontre au sommet entre Caruana et Maxime Vachier-Lagrave marqua la reprise de cette tant attendue 2e moitié du Tournoi des Candidats. Une rencontre décisive qui allait s’avérer le moment fort du tournoi car les deux joueurs étaient favoris avec le Russe Ian Nepomniachtchi.
La variante du pion empoisonné de la Sicilienne Najdorf, pas vraiment une surprise, ranima aussitôt quelques vieux souvenirs du match Fischer-Spassky 1972 !
Un choix extrêmement risqué de la part de MVL face à un adversaire connu pour ses préparations monstrueuses et magistrales. L’ouverture fut chaotique, les complications phénoménales ! Le spectacle était au rendez-vous. Peu à peu les choses s’aplanirent et MVL se retrouva dans une finale technique où il subissait la pression, avant de perdre pied alors que la nulle était en vue.
L’une des parties les plus palpitantes qu’il m’ait été donné de suivre en direct.
Nigel Short résuma ainsi le combat :
« Quiconque peut sacrifier une pièce et trois pions dans l'ouverture, avec l'intention de presser son adversaire dans une longue finale extrêmement technique, mérite des éloges ! »
Pourtant, sur un plan plus général, était-ce vraiment le meilleur choix pour Maxime !? Pour se retrouver en difficultés, dos au mur dès le début de ce 2e tour ?
Confronté à une situation similaire voici une réflexion de Paul Keres en 1953.
« Si j’avais réussi à gagner cette partie, j’aurais pris la tête de tournoi avec toutes les chances de remporter les Candidats, mais une nulle aussi n’aurait pas mis fin à mes espoirs. Je n’aurais donc pas dû jouer dans un style aussi risqué. Cependant, j’ai encore une fois répété l’erreur que j’avais commise si souvent auparavant et tout misé sur une seule carte. » Keres

Maxime, grâce à une excellente fin de parcours décrocha la 2e place, une sorte de victoire à la Pyrrhus car comme le remarque Gata Kamsky (Challenger contre Karpov en 1996) dans la partie du mois :

« Après sa défaite difficile à encaisser, Maxime n'a jamais réussi à s'approcher de la 1re place. »

Les jeux étaient faits et Nepomniachtchi fut sacré vainqueur, avant la fin du tournoi, à l’issue de la 13e ronde. Il s’est montré souverain dans la gestion du tournoi et a produit les meilleures parties.

« C’est une étape tellement importante dans ma carrière et peut-être même dans ma vie aussi. Je ne pense pas que je voudrais rejouer un tournoi qui durerait plus d’un an ! Je suis extrêmement fatigué. Ça a été un an de réflexion sur ce tournoi, un an de préparation. » Ian Nepomniachtchi
Rendez-vous à Dubaï en novembre pour un match qui reste très ouvert car Nepomniachtchi a fait mieux que résister jusqu’ici face au champion du monde Magnus Carlsen.

Bonne lecture.

Georges Bertola