À la une des échecs depuis 1959

En 1921, la FFE voyait le jour dans une France qui pansait ses plaies pour se reconstruire après 5 ans de guerre. Les problèmes et les succès qui ont jalonné l’existence de la FFE méritent qu’on s’en souvienne car si on ne sait pas d’où on vient, il est encore plus difficile de savoir où on va. L’histoire nous enseigne que, même si le prestige du jeu reste intact, c’est avant tout un travail structurel et organisationnel qui lui ont permis de grandir. Menacée à plusieurs reprises de sombrer, la FFE s’est toujours relevée. Sa reconnaissance par les institutions fut tardive. Faire croître le nombre de ses adhérents fut une préoccupation constante et un combat permanent soutenu au début par quelques mécènes. L’importance qu’ont pris, au cours des années, le championnat de France et plus tard celui des catégories Jeunes sont la preuve des progrès de son existence. Lorsque je demandais à Jacques Lambert, président de la FFE entre 1976 et 1987, quelle était sa motivation essentielle pour continuer à s’intéresser aux échecs à 87 ans :
« Ce qui me motive, c’est le nombre de joueurs. Dans l’Open du Mans, je n’ai pas de très grands joueurs mais il y a 250 participants donc je suis enchanté. Lorsque je vois que dans un tournoi il y avait 10 ou même 12 MI ou GMI mais seulement 80 joueurs, j’observe cela d’un œil plutôt amusé. Tant que les dirigeants français n’ont pas considéré qu’il fallait construire une base solide de la pyramide, il n’y avait rien de fait. J’ai été passionné par la construction de cette base de la pyramide. C’était ma vie, cela reste ma vie. Le sommet de la pyramide, je l’observe et l’aime bien mais ce n’est pas ma tasse de thé. »
Le haut de la pyramide reste pourtant emblématique pour contribuer à la visibilité du jeu d’échecs. Le superbe tournoi de Wijk aan Zee démontre l’intérêt que le public accorde aux parties lentes, même s’il se termine sur une fausse note.
Interrompre et distraire au moment critique le nouvel espoir et héros du tournoi, Alireza Firouzja 17 ans, alors qu’il jouait pour le gain et le partage de la première place est regrettable ! Certes c’était prévu dans le règlement, ce genre d’incident n’aurait pas eu lieu si le Roi Magnus Carlsen était à sa place. Il faut relever aussi que la victoire d’un outsider de 21 ans, Jorden van Foreest, et la révélation d’un autre prodige, le Russe Andrey Esipenko 18 ans, ont apporté un souffle rafraîchissant. Trop de tournois sont organisés regroupant toujours les mêmes joueurs du Top.
La 6e place de Carlsen n’est pas vraiment une contre-performance mais ce qui est nouveau, c’est que tous les joueurs qui le devancent sont plus jeunes !
Contre-performance de la part de MVL, son répertoire restreint doit certainement contribuer à la bonne préparation de ses adversaires mais peut-être ne veut-il rien dévoiler avant de terminer le Tournoi des Candidats. Pour l’instant, en compagnie de Nepomniachtchi, Maxime est le mieux placé et conserve toutes ses chances d’être le Challenger du prochain championnat du monde devant Anish Giri, co-vainqueur du tournoi et Fabiano Caruana, vice-champion du monde.
Les tournois en ligne gardent le vent en poupe car celui organisé par la Ville d’Orsay, sur la plateforme Europe Echecs, a réuni pas moins de… 299 joueurs ! Du plus jeune jusqu’au 8e joueur mondial, Shakhriyar Mamedyarov, tous ont passé un moment convivial parsemé de luttes féroces. Et à la fin… Baadur Jobava l’emporte (encore) !

Toute la rédaction vous souhaite bonne lecture.

Georges Bertola