À la une des échecs depuis 1959

Le monde moderne n'échappe pas au rythme effréné imposé par la mondialisation et l'arrivée en force du numérique sous toutes ses formes.
Ceci impose aux joueurs d'échecs d'être à l'affût des dernières nouveautés théoriques, des derniers logiciels et de traquer constamment l'information indispensable.
Le jeu d'échecs, il y a 25 ans, se jouait principalement en parties dites à cadences normales et, lors de certaines compétitions, en blitz.
Aujourd'hui, il y a des parties lentes qui le sont nettement moins avec de l'incrément de temps ou pas, des parties rapides de toutes cadences avec incrément ou pas, ainsi que des blitz de 5 min. ou moins, et, depuis qu'Internet s'est propagé, la cadence d’une minute qu'on appelle « bullet chess ».
Auparavant, il était logique de faire match nul puisqu'on considérait que c'était la conséquence possible d'une partie équilibrée entre les joueurs.
Aujourd'hui, on ne peut plus faire match nul par consentement mutuel, car les internautes veulent du spectacle à tout prix, ce qui exerce une pression et un stress supplémentaire sur les joueurs.
Que dire de Nakamura, à la cadence stakhanoviste, qui aura joué entre mi-avril et fin juin plus de 60 parties à fond, sinon que c'est un rythme frénétique.
Que dire de Kramnik qui, entre le Tournoi des Candidats et le Tournoi de Genève, aura joué, avec les blitz du tirage au sort de Moscou, une cinquantaine de partie pour un joueur ayant une santé plus fragile que les autres.
Topalov aura aussi joué 40 parties en moins de deux mois.
La frénésie de ces joueurs d'échecs nous rappelle étrangement la vitesse à laquelle le monde moderne tourbillonne.
Afin de couvrir tous ces tournois sur Internet et dans votre magazine, Europe Echecs n'échappe pas à cette cadence infernale.
La nécessité d'informer en permanence, liée à un accroissement de l'exigence des lecteurs maintiennent une pression de chaque instant sur tous les collaborateurs d'Europe Echecs.
La question qui se pose à toutes les rédactions aujourd'hui est la suivante : comment pourra-t-on continuer de cette manière indéfiniment?
Malheureusement la réponse est simple: cette spirale frénétique, qui s'apparente à un marathon permanent, ne fait que commencer!
Le blog de Susan Polgar relaye tous les jours 15 articles différents depuis 8 ans sans un jour d'interruption! Aujourd'hui, c'est l’un des blogs d'échecs les plus suivis.
Ceci était inimaginable il y a 15 ans.
Le temps sera un facteur de sélection entre ceux qui parviendront à continuer à produire de l'information et des services, et ceux qui abandonneront épuisés par cette course sans fin et avec très peu de revenus.
L'information prolifique sur Internet permettra à très peu d'élus de produire du contenu à valeur ajoutée susceptible de faire fonctionner un modèle économique.
Néanmoins, nous serons toujours aussi heureux de vous servir le mieux possible.

Bonnes vacances et bonne lecture à toutes et tous.