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Les 10es Rencontres Nationales et Internationales d'échecs du Cap d'Agde ont connu une affluence record cette année.
840 joueurs et 130 jeunes dans les « colos échecs » ; au total 970 participants à la plus belle manifestation échiquéenne en France.
Les ingrédients sont choisis avec minutie par les organisateurs Pascal Lazarre et Bob Textoris adossés à l'association CAPECHECS. Cette année les partenaires furent nombreux.
L'unité de lieu pour la compétition, l'hébergement, et la restauration font de ce festival un évènement d'une convivialité unique dans le monde des échecs.
Les 2 soirées musicales organisées avec Karim Kacel qui chantait Reggiani et Ahmed Mouici qui a fait partie du groupe « Pow woW » permettent de faire se rencontrer des mondes qui ont en commun la passion et l'amour de l'art.
Le Cap est un rendez-vous qui devient annuel. Et cela s'imposait car l'affluence et le succès en ont tracé la voie.
Le Cap est aussi une vraie rencontre entre les débutants dans les colonies pour les jeunes ou le tournoi « Fil Rouge » et les autres tournois pour les joueurs confirmés.
On y trouve aussi du spectacle avec le Trophée Karpov en signe de reconnaissance à ce grand champion.
C’est la 1re fois qu'un trophée porte son nom hors de sa Russie natale.
Ce tournoi de parties rapides a la particularité de réunir 4 femmes et 4 hommes.
La salle Molière, qui accueille ces joutes, se mue en salle de spectacle le temps des parties.
Vassily Ivanchuk qui en est à sa 4e participation au Cap d'Agde est adulé par tous les spectateurs du tournoi.
Sa quête d'absolu dans chacune de ses parties confine à une pureté d'âme qui est malheureusement rare de nos jours , même chez les grands joueurs.
Le tournoi a connu quelques difficultés pour voir le jour sous cette nouvelle formule à 8 joueurs.

Ivanchuk avait accepté de jouer depuis fort longtemps. Lorsque nous lui avons annoncé qu'il n'y aurait que 8 joueurs au lieu des 16 habituels, il n'hésita pas un instant à confirmer sa participation.
Enfin, pour ceux qui douteraient encore de son amour du jeu et son désintérêt des choses matérielles, dès qu'il eût terminé son match contre Anatoly Karpov il demanda quels étaient les prix du Trophée Karpov car il ne s’en était pas soucié avant le tournoi ! Surréaliste n'est-ce pas? C'est aussi en cela que réside la magie de ce génie.
Comment ne pas s’extasier devant la performance d'Anatoly Karpov qui termina premier au départage au tournoi toutes rondes avec 11,5/14 devant Vassily Ivanchuk.
En demi-finale, il souffrit dans la 1re partie contre Romain Édouard et gagna de manière magistrale la 2e.
Enfin, en finale nous assistâmes à un combat de toute beauté. Peu d'entres nous auraient parié sur le 12e champion du monde (dans sa 62e année) face à Ivanchuk qui demeure un des meilleurs joueurs mondiaux ; mais c'était sans compter sur la volonté d'airain du vieux crocodile russe qui ne lâcha jamais sa proie, le poussant dans ces derniers retranchements et ses réserves nerveuses.
Le match se joua dans les 2 derniers blitz - à l'influx nerveux - et Karpov trouva le jus nécessaire lui permettant de remporter son trophée.
Dès la partie terminée, l'émotion le submergeant, il alla verser quelques larmes dans sa chambre, comme à Lausanne en 1998 lorsqu'il revint de l'enfer après avoir battu Anand dans les parties rapides. Eh oui…. la légende Karpov face à cette grande charge émotionnelle, nous ressemble.
Voilà un beau spectacle d'une intensité extrême que plus de 1 000 personnes au Cap et 300 000 internautes ont suivi en direct.

Bonne lecture et bonnes fêtes à toutes et à tous!

Bachar Kouatly