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Magnus Carlsen vient de gagner le tournoi du Grand Chelem qui s'est déroulé à Sao Paulo et à Bilbao. Il signe un parcours extraordinaire, malgré une embûche nommée Caruana en début de tournoi.
Ce garçon, car il fêtera son 22e anniversaire au mois de novembre, est en passe de devenir l'un des plus grands joueurs de tous les temps.
Après les 6 champions du monde mythiques que sont Lasker, Capablanca, Alekhine, Fischer, Karpov, et Kasparov, Carlsen, qui n'a pas encore concouru pour le titre suprême, est en train de les rejoindre.
Comment ne pas être admiratif devant ce talent exceptionnel ?
Il a, pour l'instant, fait un parcours sans faute, tant du point de vue de la combativité, que des valeurs humaines.
L'éducation prodiguée dans un milieu familial harmonieux, et l'entourage de son père Henrik qui l'accompagna à son début de carrière - en sacrifiant la sienne - sont pour beaucoup dans la force tranquille, mais tenace, que dégage Magnus dans chacune de ses parties.
Son côté félin lorsqu'il bouge ou se meut sur sa chaise lors de ses réflexions est un signe particulier jamais vu chez aucun autre joueur.
Sa manière de conduire les parties me fait penser à un triathlète.
En effet, il est rare que Magnus possède un avantage décisif dès l'ouverture, contrairement à Kasparov qui l'obtenait jadis grâce à un travail considérable et à sa science des ouvertures.
Dans le milieu de parties, nous assistons rarement à des joutes tactiques extrêmes, comme le regretté Mikhail Tal y embarquait ses adversaires, même si Carlsen calcule de manière extrêmement précise.
Nous assistons souvent à l'épuisement physique des adversaires au bout de quelques heures de jeu. Carlsen impose, comme les grands champions, une pression permanente. Il gagne souvent à l'usure en faisant imploser ses adversaires lors de la 3e phase de jeu, c'est-à-dire les finales. Carlsen fait du sport. Il applique en cela la méthode de Fischer qui faisait aussi du sport physique lorsqu'il dominait les échecs mondiaux… Mens sana in corpore sano.
Son style limpide rappelle Capablanca, et ses longues parties avec un avantage minime ressemblent aux parties du Karpov de la grande époque.
Pour ainsi dire, ce joueur est déjà complet. Comme le disait le grand-maître serbe Ljubomir Ljubojevic dans l’un de ses aphorismes : "Les échecs tu n'apprends pas, les échecs tu comprends"
Ceci s'applique totalement à Carlsen qui creuse l'écart avec les autres de manière constante et régulière comme le firent Fischer, Karpov, et Kasparov.
Ce « wonderboy » respire naturellement le jeu par enchantement, à la façon de Mozart pour la musique, et les partitions qu'il joue sur l'échiquier sont d'une limpidité cristalline.
Au même moment se déroulait le Grand Prix FIDE à Londres gagné par Topalov, Gelfand et Mamedyarov. Mais ce tournoi, qui connut des rebondissements, ne peut avoir le même éclat en l'absence de Carlsen, Aronian et Kramnik. Espérons que le tournoi des Candidats qui est annoncé à Londres en mars 2013 nous fasse autant vibrer que le tournoi de Sao Paulo et Bilbao qui vient de s'achever.
Le 21 novembre, Radio Nova et Europe Echecs offriront aux auditeurs et internautes une soirée thématique autour du jeu d'échecs dont nous parle Bruno Delport, directeur de Radio Nova.
Le jeu d'échecs est aussi une amicale fraternelle, la preuve en a été donnée à l'occasion de l'organisation d'une rencontre amicale à la mémoire d'un ami trop tôt disparu Daniel Pergericht.
Willy Iclicki et Jean-Claude Moingt en ont été les chevilles ouvrières pour le plus grand plaisir de tous ceux qui furent conviés à ces joutes d'un week-end. Qu'ils en soient remerciés.
Enfin les « Rencontres Nationales et Internationales du Cap d'Agde », dont la dixième édition se déroulera du 26 octobre au 3 novembre 2012, vont devenir annuelles. Voilà une nouvelle qui nous réjouit également.

Bonne lecture à toutes et à tous,
Bachar Kouatly