À la une des échecs depuis 1959

L ’équipe d’Europe Echecs a réalisé une interview vidéo, au début du championnat du monde, d’Andrei Filatov, mécène du match Anand- Gelfand.

Nous avons été agréablement surpris par la cohérence de ses propos au sujet de l’organisation d’évènements majeurs, par rapport aux déclarations souvent fantaisistes des dirigeants de la FIDE.

Le jeu d’échecs est un sport car la compétition, le classement Elo et les titres font du noble jeu un autre champ de bataille où les humains se mesurent. Mais le jeu d’échecs est aussi un art. Marcel Duchamp disait que « tous les artistes ne peuvent pas être des joueurs d’échecs mais tous les joueurs d’échecs sont des artistes ».

Il est vrai que la beauté du jeu et des fresques qui se dessinent en permanence sous nos yeux ont un effet magnétique sur nous tous, quels que soient nos niveaux respectifs.

Andrei Filatov a rappelé, avec modestie, qu’il n’était pas le premier à organiser un grand évènement échiquéen dans une enceinte culturelle prestigieuse.

Avant ce championnat du monde 2012 joué dans la Galerie Tretiakov, en 2007, un mécène, Jorge Saggiante, organisa le championnat du monde au Sheraton Centro Historico deMexico gagné par Anand.

En 2008, Joseph Resch organisa à Bonn le match Anand-Kramnik à la National Art Gallery.

En 2010, le Premier ministre Bulgare Borissov, mit sur la table la somme nécessaire afin d’organiser le match qui opposa le héros national Bulgare au champion du monde Anand. Ce match se disputa au Central Military Club, prestigieux bâtiment historique du centre de Sofia.

En 2012, Andrei Filatov, une des grandes fortunes de Russie, investit l’équivalent de 4,5 millions de dollars pour que ce match ait lieu. Lors des 6 dernières années, Il aura fallu 4 mécènes différents pour organiser ces évènements.

Son amitié personnelle avec Boris Gelfand date de 1993 lorsqu’il était entraîneur d’éducation physique et d’échecs à Minsk, ce qui l’a mené à cette belle aventure. Andrei Filatov aura réussi à rehausser l’image de ce match de manière opportune et intelligente en l’associant à l’art. Cette initiative dans l’organisation des championnats du monde peut leur redonner l’aura et le prestige qu’ils ont malheureusement perdu depuis des lustres. On ne fait pas de littérature avec des bons sentiments, et on
a du mal à organiser des évènements échiquéens majeurs ayant une résonnance si l’Histoire, comme lors du match Fischer-Spassky ou des matchs Kasparov-Karpov, n’accompagne pas ces champions.

La joute échiquéenne seule a vocation à rester confinée à un public restreint.

L’arrivée magistrale de ce mécène russe, avec son amour de l’art, nous a enthousiasmés.

Bonne lecture à toutes et à tous.

Bachar Kouatly