Walter Browne – Arthur Bisguier, 1974

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Walter Browne

En bref

Les grandes parties du passé par Georges Bertola. « Je pouvais à peine croire en mon prochain coup. J'avais déjà offert un Fou et maintenant j'allais l'incarcérer. Cela avait l'air étrange. Tout était en place, j'ai sauté le pas. » Walter Browne

Le GM Walter Browne est né à Sydney le 10 janvier 1949. « D'un père irlando-américain de la cinquième génération et d'une mère irlandaise-australienne, je suis donc à 90 % irlandais. » aimait-il préciser.

En 1953 sa famille s’installa à New York et c’est vers l’âge de 7 ans que son père l’initia au jeu et immédiatement il fut gagné par la fièvre des échecs.

« Lorsque j’ai eu treize ans, ma mère m'a fait adhérer au Manhattan Chess Club de New York, le club le plus prestigieux du pays. J'étais un compétiteur passionné et j’étudiais les échecs tous les jours, même dans le train pour aller à l'école. »

Bobby Fischer et Walter Browne en 1972

Browne se plongea dans l’étude des parties de joueurs de la trempe de Tal, Botvinnik, Capablanca, Alekhine et Nimzovich. Puis il fit la connaissance de Bobby Fischer.

« A cette époque, au début de 1964, Bobby Fischer a essayé de me donner l’avantage d’une pièce, mais après la deuxième partie il n’a pas insisté. »

En 1970 Browne participa pour la première fois à un tournoi qui réunissait l’élite des joueurs d’échecs, dont son héros Bobby Fischer. Il s’était particulièrement inspiré de son répertoire pour inclure la « Sicilienne Najdorf » et devint à son tour un grand spécialiste de la variante.

Walter Browne Champion des USA 1974

« En avril 1970, pour la première et dernière fois, j'ai participé à un tournoi en compagnie du légendaire Bobby Fischer, à Rovinj-Zagreb, appelé « Le Tournoi de la Paix ».

Avant notre match, Bobby avait une avance de deux points sur ses plus proches poursuivants avec seulement 3-4 rondes à jouer. Pourtant il jouait pour le sang ! C'était enfin à mon tour de le rencontrer et, après avoir survécu à un début difficile (une des premières défense Alekhine jouée par Bobby), j'ai pris l'avantage et j'ai mis Bobby dans les cordes. La partie a été ajournée plusieurs fois sur quatre jours, j'ai raté le gain dans la finale parce que j'ai essayé de gagner de trop belle manière. A l’issue de la partie, nulle après 98 coups, je lui ai montré la variante de gain. »

En 1972 au premier échiquier de l’équipe d’Australie, son pays d’origine, il se fait remarquer avec la 3e meilleure performance derrière les GM Hübner et Hort.

Walter Browne à Skopje (République de Macédoine) en 1972

« J'ai marqué 17,5 points sur 22 et mon équipe a facilement gagné le groupe C. Même si j'ai dû me contenter de la médaille de bronze, j’ai eu plus de points que quiconque à l'Olympiade. J’ai décidé d’abandonner ma nationalité australienne en 1972 pour jouer pour les Etats-Unis au super tournoi de San Antonio. »

Voici une partie qui obtint l’un des meilleurs classements de l’Informateur no. 18. Elle lui permit de décrocher son premier titre de champion des USA en 1974. Titre qu’il remporta à 6 reprises. Browne égalait la performance de Samuel Reshevsky (1911-1992) alors que Bobby Fischer est toujours détenteur du record avec 8 titres ! Son adversaire Arthur Bisguier (1929-2017) avait remporté le championnat des USA en 1954 et opta pour une défense, à l’image de son jeu, solide.

Arthur Bisguier et Walter Browne

Walter Shawn Browne - Arthur Bernard Bisguier, USA-ch Chicago (9), 1974 [C42]

1.e4 e5 2.f3 f6

« La défense de Petroff a été pendant longtemps plutôt méprisée, considérée comme une défense terne et pesante dans laquelle les Noirs visent simplement à égaliser. Cependant, tout récemment, elle est revenue à la mode non seulement comme l'une des défenses les plus solides des Noirs pour égaliser face à 1.e4, mais les Noirs peuvent également devenir étonnamment actifs si les Blancs jouent de manière inexacte. » GM Speelman en 1982

3.xe5

« Actuellement la meilleure façon de traiter la Petroff. » GM Browne en 1974

3...d6 4.f3

Il y a encore quelques défenseurs de la vision romantique pour tenter le gambit Cochrane avec 4.xf7!? (?!). Au début des années 70 la référence théorique était un ouvrage de Paul Keres « Partie des 3 Cavaliers jusqu’au gambit Roi » qui n’en parlait pas, alors qu’il faisait son retour dans les tournois maîtres. Un exemple : 4...xf7 5.d4 c5 6.dxc5 c6 7.c4+ e6 8.xe6+ xe6 avec ce jugement de Karpov : « Les 3 pions ne compensent probablement pas la pièce et les Noirs peuvent lancer toutes leurs forces dans la bataille.  » Voir par exemple la partie Short-Shirov, 2002 : 9.0-0 f7 10.e2 e8 11.e1 d5 12.e5 e4 13.c3 xc3 14.bxc3 e6 15.b1 b8 16.e3 e7 17.f4 hf8 18.d4 g8 19.f1 g5 20.fxg5 xg5 21.xf8+ xf8 22.h5 g6 23.f3+ g7 24.xd5 xc2 25.e6+ g6 26.f1-+ d3? 27.d7?! (27.h4!+-) 27...e3+?! 28.xe3 xe3+ 29.h1 f8 30.g1? (30.f7+!!+-) 30...e5 31.d6 f6 32.h3? d3 33.d5 xc5 34.e7 xe7 35.g8+ h6 36.d1 e4 0-1 (36) Short,N (2663)-Shirov,A (2715) Dubai 2002 (rapide)

4...xe4 5.d4 d5

« 5...e7 est plutôt passif après 6.d3 f6 7.h3 0-0 8.0-0 e8 9.c4 et les Blancs ont profité de leur avantage spatial dans la partie 1-0 (35) Fischer,R-Gheorghiu,F Buenos Aires 1970 » GM Browne

6.d3

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 6.d3

« Avec ce coup, les Blancs commencent à assiéger le Cavalier noir sur e4. C’est la règle empirique suivante qui s’applique pour évaluer les variantes : si les Blancs réussissent à forcer le Cavalier à se retirer ou à s'échanger, ils gagnent un avantage. » GM Keres

6...e7

Le plus offensif 6...d6 est l’autre option, voir par exemple la 4e partie du match Carlsen-Nepomniachtchi, Dubaï 2021. 7.0-0 0-0 8.c4 c6 9.e1 f5 10.b3 d7 11.c3 xc3 12.xf5 xf5 13.bxc3 b6 14.cxd5 cxd5 15.b5 d7 16.a4 xb5 17.axb5 a5 18.h4 g6 19.g4 d7 20.g2 fc8 21.f4 xf4 22.xf4 xc3 23.xd5 d3 24.e7 f8 25.f6+ g7 26.e8+ g8 27.d5 a4 28.f6+ g7 29.g5 a3 30.e8+ g8 31.f6+ g7 32.e8+ g8 33.f6+ ½-½ (33) Carlsen,M (2855)-Nepomniachtchi,I (2782) Dubai UAE 2021.

7.0-0 c6

La recommandation de Jaenisch en 1842 qui amène des complications intéressantes !

8.c4!?

Conforme à la règle de Keres ! « Le regretté grand-maître soviétique Leonid Stein jouait 8.e1 mais le plus pointu est le coup de la partie comme vous le verrez. » GM Browne en 1974

8...b4

Critiqué par les GM R. Byrne et Mednis dans l’Informateur, qui préféraient le plus classique  8…g4 qui développe une pièce.  

« Bien sûr, il est extrêmement tentant de gagner la paire de Fous, mais les Noirs commencent à accuser un sérieux retard de développement, une observation qui devient encore plus pertinente avec le recul. » GM Speelman

9.cxd5

Ici Karpov avait préféré retirer le Fou sur e2 qui est devenu la variante principale, voir par exemple la 41e  partie du match Karpov-Kasparov (Moscou 1985). 9.e2 dxc4 10.xc4 0-0 11.c3 d6 12.b3 f6 13.h3 f5 ½-½ (71) Karpov,A (2705)-Kasparov,G (2715)  Moscow 1985

9...xd3 10.xd3 xd5

« Bisguier bâilla après ce coup, mais j’étais convaincu de l’avantage des Blancs et que le temps nous le dirait. » GM Browne en 1974

11.e1 f5

Si les Noirs réussissent à terminer leur développement ils n’auront pas de problème.

12.c3

Critique est de forcer les événements sur l’aile-Roi, par exemple 12.g4 g6 13.c3 xc3 14.xc3 f6 15.f4 f7 16.h4 h5 17.xc7 he8 18.g5+! fxg5 19.xg5 avec des chances égales, les 2 Rois sont exposés ½-½ (26) Radjabov,T (2761)  -Kramnik,V (2759) Nice 2009

12...xc3 13.xc3

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 13.xc3

Les Noirs ont obtenu un  pion blanc isolé d4 en compensation du retard dans le développement, sans  aucun doute une position critique.

13...c6?

« C'est très naturel mais malheureusement c'est juste trop lent. Browne va avoir l’opportunité d’entreprendre une attaque immédiate et vicieuse. » GM Speelman

« Il est difficile de blâmer un joueur pour un coup naturel comme celui-ci, mais 13...d6 devait être testé. Les Noirs ont les 2 Fous, alors que les Blancs ont un pion isolé. Les Noirs semblerait devoir avoir toutes les raisons d’être satisfaits de l’ouverture. » GM Browne en 1974. Puis il  proposa en 2012 : 14.d5 qui s’oppose au …0-0-0 à cause de 15.e5!. 14...f8 15.g5 f6 16.d4 fxg5 17.xf5 f6 18.c4 d7 19.e6 d8 20.d6 cxd6 21.xd6+-

Le GM Shamkovitch a proposé 13...f6 qui contrôle e5 et g5 et libère la case f7 pour le Roi mais 14.e3 d7 15.h4 laisse les Noirs avec des problèmes.

Le meilleur est 13...e6! et ici :
14.xc7 d6 selon R. Byrne et Mednis dans l’Informateur, une partie Hübner-Smyslov se poursuivit avec 15.c2 0-0 16.d2 f5 17.b3 xb3 18.axb3 f6 avec une position peu claire. ½-½ (44) Huebner,R (2625)-Smyslov,V   (2595) Velden 1983).
14.e5 cherchant à exploiter la position du Roi au centre après 14...c6 15.a5 (15.e1 0-0-0 16.g5 xg5 17.xg5 he8 = Browne) 15...d8! offre le pion « a » pour parer la menace 16.d5 16.f4 0-0 17.c1 b6 avec des chances égales. ½-½ (31) Naiditsch,A   (2678)-Kramnik,V (2772) Dresden 2008.

14.h6!!

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 14.h6!!

« Joué après 45 minutes  de réflexion. J’ai sacrifié mon Fou en toute confiance. Mon adversaire a la paire de Fous et la meilleure structure de pions. Je devais réagir de manière tranchante. Le passif 14.d2 fut joué par Yates contre Kashdan dans  les années 30, mais 14…e6 15.e5 d7 est bon pour les Noirs avec un solide contrôle de la case d5. » GM Browne  

De nos jours, ce coup, qui avait fait l’effet d’une bombe, ne résiste pas longtemps à la « perspicacité » d’un ordinateur ! Plus tard, le MI américain Bernard Zuckerman (né en  1943) révéla que cette nouveauté avait été découverte par son ami et contemporain Bobby Fischer dix ans plus tôt, mais qu’il n’avait jamais pu la placer.

14...g8

« Arthur utilisa 45 minutes pour prendre cette décision compromettante car il ne pourra plus que roquer sur l’aile-Dame. » GM Browne

Accepter la pièce qui ouvre la diagonale a1-h8 ne va pas après 14...gxh6 15.e5 d7 16.ae1 e6 17.d5 et ici :

17...cxd5 (17...0-0-0 18.dxe6 fxe6 19.xe6 d6 1-0 (32) Baert,A (2184)-Dutreeuw,M (2402) Belgium 2000 20.xh6 avec un pion de plus.) 18.xe6 fxe6 19.xh8+ f8 20.f6 gagne GM Browne; 
14...e4 15.xg7 g8 16.xe4! (mais pas 16.f6? 0-0-0! 17.xe7 xg2+!! 18.xg2 xf3+ 19.xf3 g8+-+) 16...xe4 17.e1 xe1+ (17...g6 18.b4! 0-0-0 19.xe7+-) 18.xe1 xg7 proposé par R. Byrne et Mednis. 19.h4! g5 20.e4+- GM Browne

15.e5 d7

Après 15...d6 16.f4 e6 17.ae1 d7 18.d5! cxd5 19.d3+- et les Noirs ne peuvent toujours pas roquer. 19...h8 20.d4 GM Browne

16.ae1 e6

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 16...e6

« Je pouvais à peine croire en mon prochain coup. J'avais déjà offert un Fou et maintenant j'allais l'incarcérer. Cela avait l'air étrange. Tout était en place, j'ai sauté le pas. » GM Browne

17.g5!!

« C'est le seul coup des Blancs pour  garder l'avantage, mais il fait bien plus que ça ! » GM Browne en 1974

« Encore un joli coup qui cimente l’avantage des Blancs. Après 17.g5 les Noirs pouvait répliquer avec 17...d6 18.5e2 h6 19.h4 g5 suivi du 0-0-0.  » GM Speelman. Pourtant 20.d5! maintient l’avantage.

Browne avait considéré aussi 17.xg7 xg7 18.d5 cxd5 19.xe6 xg2+ 20.xg2 fxe6 qui ne lui plaisait pas trop.

17...0-0-0

Le matérialiste 17...gxh6 18.xe6 fxe6 19.xe6 apporte une pression décisive via la colonne ouverte : 19...0-0-0 (19...g7 20.d5 f8 21.xg7+! xg7 22.xe7+ xe7 23.xe7+ f6 24.d6 d8 25.xh7 avec une finale gagnante. Analyses du GM Browne) 20.xe7 xd4 21.h3+ d7 22.xh7 doit gagner.

Plus compliqué est 17...xg5 18.xg5 h6 19.h4 g5 20.g3 la partie reste très difficile pour les Noirs selon les analyses de Browne :

a) 20...0-0-0 21.d5 xd5 22.e7+-
b) 20...f8 21.xe6!? (21.d5!) 21...fxe6 22.d5 cxd5?? (22...e5! « Un sacrifice de pion qui pose encore quelques problèmes et permet d’amener la Tour sur e8 avec tempo pour organiser la défense. » Georges  Bertola) 23.f6+ f7 24.d6++-
c) 20...g6 21.c5 0-0-0 22.a5 f5 23.e5 et les Blancs dominent les cases noires autour du Roi ennemi et scellent son destin.

Faible était 17...f6? 18.xe6 xe5 19.c5+-

« Arthur a dû se sentir rassuré ici car son Roi semble en sécurité et il exerce une pression sur le pion « d ». De plus, le Fou des Blancs a l'air « kaputt ». Les échanges massifs sur e6 ne mènent nulle part. La folie de Walter est sûrement terminée. » GM Browne

18.xf7!

Cette fois suit un autre sacrifice de pièce qui ne peut être refusé.

18...xf7 19.xe7 xd4 20.xf7 xc3

Les Noirs cherchent le salut dans une finale de Tours. Bisguier avait la renommée d’être le champion de la partie nulle…

20...gxh6 21.b3 b6 22.xb6 axb6 23.g3 d7 24.ee7 xe7 25.xe7 d8 était un meilleur essai de défense après 26.xh7 d2 27.b3 xa2 28.xh6 b2 29.h4 xb3 30.h5 b5 31.g4 d7 32.g6 et les pions blancs sont trop rapides. » GM Browne

21.bxc3 gxh6 22.b1!

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 22.b1!

« Une touche finale importante. L'idée est d'échanger d'abord les pions du côté Dame, en laissant les Noirs sans plus qu'une poignée de main. » GM Browne  

« Un joli coup qui force l’échange d’une paire de Tours dans des circonstances très favorables. » GM Speelman

22...g5

« Après 22...b5 23.xa7 je gagnais un pion et, tout aussi important, les Noirs ne peuvent jouer leur Tour en d2 ou d3. » GM Browne

23.h4!

« Crée un trou d’air avec gain d’un tempo. » GM Browne

23...b5 24.xb5 cxb5 25.xh7 d1+ 26.h2 d2 27.xh6

« Il n’y a pas besoin de défendre le pion « f », les pions « g » et « h » sont largement suffisants. » GM Speelman

27...xa2 28.h5 xf2 29.h8+ c7 30.h6 b6 31.h3 a5 32.g4

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 32.g4

32..b4

Une suite tranchante était 32...f3+ 33.h4 xc3 34.d8 c7 35.g5 b4 36.g6 b3 37.h7 b2 38.d1 c1 39.h8 b1 40.d8+ a6 (40...b5? 41.g5++-) 41.f6+ a7 (41...b6? 42.f1++-) 42.f2+ b8 43.f4++- GM Browne

33.cxb4 axb4 34.e8 f1

« Futile. A ce moment j’avais encore 4 minutes pour jouer les 6 coups nécessaires pour atteindre le contrôle du temps. » GM Browne

Si 34...b3 35.h7 b2 36.h8 b1 37.d4+ ne gagne pas seulement la Tour mais permet de mater !

35.g2 f7 36.g5 f5 37.h7 xg5+ 38.f3 h5 39.h8 xh8 40.xh8 1-0

Walter Browne - Arthur Bisguier, après 40.xh8 1-0

Toute résistance est inutile. Si 40...b3 41.e3 et les pièces blanches arrêtent facilement les pions.

« Une partie magnifique de la part de Browne. Il a pénétré au plus profond de la position pour trouver précisément les bons coups tactiques, ce qui est non seulement justifié, mais même exigé. » GM Speelman en 1982

Walter Browne et Ljubomir Ljubojevic à Milan en 1975 | Photo Marianne Bertola

Alors que le tournoi s’achevait, le champion du Monde Bobby Fischer était toujours le centre d’intérêt de la planète échecs mais il ne jouait toujours pas depuis la conquête du titre en 1972. L’affaire du Watergate, qui avait aussi débuté en 1972 avec le cambriolage du siège du parti démocrate, monopolisait l’attention du monde entier avec la mise en accusation du président Richard Nixon le 27 juillet pour entrave à la justice, abus de pouvoir et faux témoignages. Le 8 août 1974 le Président Nixon démissionnait.

La première fois que j’ai rencontré Walter Browne c’était au tournoi de Milan en 1975 et il venait de remporter une superbe victoire contre l’ex-champion du monde Tal ! Un contraste étonnant, autant il paraissait tendu, nerveux, collé sur sa chaise pendant la partie, loin de l’échiquier il devenait calme et sociable.

Max Euwe et Paul Keres en 1975

L’une des dernières images de Keres lors d’une escale à Amsterdam de retour du Canada.

Cette année-là Browne fut le dernier adversaire d’un des plus grands joueurs du XXe siècle, Paul Keres (7.01.1916-5.06.1975) lors de l’open du Canada à Vancouver. Ce dernier devait décéder à 59 ans, victime d’une crise cardiaque lors de son retour à l’aéroport d’Helsinki.

Browne avait perdu mais il affichait fièrement son credo :
« Si Fischer est le Dieu des échecs, alors je suis le Diable. »

La dernière fois que je l’ai vu c’était lors de l’Olympiade de Lucerne en 1982. Il jouait au premier échiquier de l’équipe des USA, mais était déjà sur le retour et avait tendance à consacrer l’essentiel de son temps au poker.

Les Etats-Unis obtiendront la médaille de bronze derrière l’URSS et la Tchécoslovaquie et Browne un résultat en demi-teinte : +4 ; =3 ; -3.

Browne devait nous quitter prématurément le 24 juin 2015, retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel à Las Vegas.

« Un paquet de nerfs et d'agitation, Walter Browne a laissé une impression indélébile sur tous ses adversaires. Mais il était aussi un battant. » GM Timman

Walter Browne, Lucerne 1982 | Photo Burdet

Premier volet d’une excellente autobiographie mais malheureusement Browne ne pourra terminer le 2e volume.

Le livre de Walter Browne

« Je tiens à remercier Gérard Demuydt pour la mise en ligne de mes articles et tous les lecteurs de leur soutien. » Georges Bertola

Sources principales :

– L’Informateur
– Chess Life & Review 1974
– The Modern Chess Sacrifice L. Shamkovitch (Batsford 1980)
– Best Chess Games 1970-80 J.Speelman (London George Allen & Unwin 1982)
– The U.S. Chess Championship 1845-1985 G.McCormick & A.Soltis (McFarland 1986)
– The Stress of Chess W.Browne (New in Chess 2012)

La partie Walter Browne - Arthur Bisguier, USA-ch Chicago (9), 1974 commentée...