En bref
Robert Huebner, né à Cologne le 6 novembre 1948, nous a quittés le 5 janvier 2025 après une longue maladie. C’était incontestablement l’un des grands de cette génération. Son approche des échecs était celle d’un puriste, à la recherche de la vérité, un défenseur des échecs classiques, à l’opposé de ce qui se passe aujourd’hui au sommet de la hiérarchie, bien loin des « échecs spectacles ».
Robert Huebner, né à Cologne le 6 novembre 1948, nous a quitté le 5 janvier après une longue maladie. C’était incontestablement l’un des grands de cette génération. La première fois que j’ai eu l’occasion de le voir jouer c’était lors de l’Olympiade de Lugano, sa première participation à un tel évènement. Il ne me reste qu’un vague souvenir, Huebner, 20 ans, jouait sur le dernier échiquier de l’Allemagne de l’Ouest conduite par Wolfgang Unzicker. Il n’était pas encore GMI mais réalisa une bonne performance (+5 =6 -1) Il passa quelque peu sous les radars, ce n’était pas un prodige et sa présence fut éclipsée par les stars de l’époque : Petrosian, Spasski, Korchnoi, Gligoric, Reshevsky, Portisch, Najdorf, Larsen et j’en passe.
Pourtant, deux ans plus tard, Huebner devait se révéler comme ayant la stature d’un super grand-maître au tournoi interzonal de Palma de Majorque. Dès la première ronde, il posa des problèmes à Bobby Fischer pour se retrouver sous le feu des projecteurs en annulant face au futur champion du monde.
Fischer avait survolé le tournoi, distançant ses plus proches poursuivants de 3,5 points. Huebner (+10 =10 -3) partagea la 2e place en compagnie des légendaires Larsen et Geller. et ce Ce fut la révélation de cet interzonal, un exploit qui le qualifia pour les candidats avec en prime le titre de GMI.
« La plus grande sensation du tournoi est sans aucun doute le partage de la 2e à la 4e place et aussi l'obtention de la norme de grand-maître de Robert Huebner. L'étudiant de 22 ans, qui était auparavant relativement inconnu dans le monde international des échecs, s'est hissé du jour au lendemain parmi l'élite mondiale des échecs. » La revue Schach-Echo en 1970
Voici la partie d’après des commentaires (abrégés) de Huebner mais qui reflète essentiellement sa pensée. Vous trouverez cette partie avec l’intégralité des commentaires dans son livre « Materialen zu Fischers Partien » (Rattmann 2004)
Robert James Fischer - Robert Huebner, Interzonal Palma de Mallorca, 1970
1.e4 c6 2.d3
« Un coup pareil va démolir ton image de marque ! » Le GM Evans s’adressant à Fischer dont il était le secondant.
2...d5 3.♘d2 g6 4.♘gf3 ♗g7 5.g3 e5 6.♗g2 ♘e7 7.0-0 0-0 8.♖e1 d4 9.a4 c5
« C'est une suite solide, le pion e5 crée une position de type Est-indienne avec les couleurs inversées. Les Noirs ont perdu un tempo avec c7-c6-c5, mais la Tour des Blancs est mal placée en e1. Si elle revient en f1, les Blancs ont perdu deux tempi. Bien que le Cavalier noir en e7 ne soit pas idéalement placé, il peut atteindre d6 via c8. »
10.♘c4 ♘bc6 11.c3 ♗e6 12.cxd4 ♗xc4 13.dxc4 exd4 14.e5
« C'est une démarche utile. Les Blancs ouvrent une perspective agréable pour le Fou g2 et limitent l’action du Fou en g7. Dans certaines circonstances, l'avancée e5-e6 possède également un pouvoir menaçant. »
14...♕d7 15.h4 d3
« Les Noirs craignent l'initiative des Blancs sur l'aile Roi et s'efforcent donc de jouer immédiatement au centre. »
16.♗d2 ♖ad8 17.♗c3 ♘b4 18.♘d4
« Les Blancs essaient de créer des complications tactiques. Après 18.♗xb4 cxb4 19.♕b3 ♘c6 20.♖ad1 ♖fe8 le pion en e5 sera échangé contre le pion en d3 et une position de nullité apparaîtra. »
18...♖fe8
« Après ce coup, les Blancs ont une chance d'attaquer le Roi noir plus exposé. Pour autant, l’équilibre n’est pas perturbé. »
19.e6 fxe6 20.♘xe6 ♗xc3 21.bxc3 ♘c2 22.♘xd8 ♖xd8 23.♕d2 ♘xa1 24.♖xa1 ♔g7 25.♖e1
25...♘g8 (?)
La position noire est difficile. Huebner a indiqué 25…b6 comme plus précis ou 25…Cf5 comme correct, mais selon le GM Timman 26.h5!? permet de lutter avantageusement pour l’initiative.
26.♗d5 ♕xa4 27.♕xd3 ♖e8
« Les Noirs décident d'échanger la paire de Tours restantes afin de limiter les options d'attaque des Blancs, même aux dépens d'un pion. »
28.♖xe8 ♕xe8 29.♗xb7 ♘f6 (?)
« Il est préférable de jouer d'abord 28…De7 afin de refuser l'accès à d6 à la Dame blanche. Après la retraite du Fou adverse, les Noirs continuent avec 29…a7-a5 et 30…Cf6. Les chances d'obtenir le partage du point sont considérables. Maintenant, les Noirs ont un pion sur a7 à défendre. »
30.♕d6 ♕d7 31.♕a6 ♕f7 32.♕xa7 (?)
« Après cela, les Blancs perdent une pièce et toutes leurs chances de gagner. Au départ, j'étais d'avis que les espoirs de victoire des Blancs étaient faibles même après d'autres variantes, mais je n'en suis plus si sûr. Si les Blancs parviennent à amener leur Roi sur l'aile Dame sans avoir à accepter d'autres désavantages, ils ont toutes les chances de gagner. »
32...♘e4 33.f3 ♘d6 34.♕xc5 ♘xb7 35.♕d4+
« 35.De5+ conduit inévitablement à un échec perpétuel, mais les Blancs aimeraient essayer de voir si les Noirs pourraient dépasser le temps imparti (contrôle au 40e coup) car, bien sûr, il n'y a aucun risque de perdre. »
35...♔g8 36.♔f2 ♕e7 37.♕d5+ ♔f8 38.h5 gxh5 39.♕xh5
39...♘c5 40.♕d5 ♔g7 41.♕d4+ ♔f7 42.♕d5+ ♔g7 43.♕d4+ ♔f7 44.♕d5+ ½-½
« Il n’y a pas eu d’analyses « post mortem ». En règle générale, Fischer n'était pas disposé à le faire lorsque le résultat de la partie était décevant pour lui. » GM Timman
À Séville en 1971, Huebner affronta l’ex-champion du monde Petrosian en quart de finale des candidats. et après 6 parties nulles, il s’inclina dans la 7e puis abandonna le match qui était loin d’être terminé (au meilleur des 10 parties). Huebner révéla une faille de sa personnalité, une fragilité sur le plan psychologique qui devait se manifester à plusieurs reprises durant sa carrière. Il avait joué dans un contexte difficile, une salle qu’il jugeait bruyante, la pression d’un ex-champion du monde rompu à ce genre d’exercice (qui disposait d’un appareil auditif qu’il pouvait débrancher à tout moment) et des joueurs soviétiques qui l’accompagnaient, provoquèrent chez lui une dépression nerveuse (selon le GM O’Kelly).
Huebner en était conscient puisque dans l’un des rares interviews qu’il accorda (New in Chess 1997/2) il déclara : « Des progrès pourraient être réalisés si la raison pouvait prendre le pas sur les émotions. »
En 1972, Huebner privilégia les études et il réalisa son seul grand exploit lors de l’Olympiade de Skopje. Huebner décrocha la médaille d’or au premier échiquier, invaincu (+12 =6). Une petite consolation, il prit sa revanche sur Petrosian qui perdit au temps dans une position jugée égale !
Huebner ne se considérait pas comme essentiellement joueur d’échecs : « Il est vrai que pour moi les échecs ne sont pas une activité importante. J'ai toujours trouvé mes autres activités plus précieuses. J'ai ressenti le besoin de montrer que j'étais capable de faire plus que simplement pousser du bois. Cela n'avait rien à voir avec la reconnaissance sociale, que l'on n'obtiendra de toute façon pas dans ce domaine. Je devais me le prouver. »
Le solide bagage académique du Dr. Huebner fait de lui un cas à part de l’élite mondiale des échecs. Il avait notamment étudié le grec et le latin à l’Université de Cologne et l’étude des papyrus était sa spécialité.
J’ai eu plusieurs fois la possibilité d’échanger quelques mots avec lui, mais il n’aimait pas les journalistes car, selon lui, ils travestissaient la vérité et qu’il fallait ensuite perdre son temps à rectifier. Lors d’un championnat suisse par équipes, mon épouse entama une conversation en italien sur l’Italie, un pays dont il parlait la langue et qu’il appréciait. Dès que je me suis approché pour une demande d’interview, il s’est aussitôt refermé comme une huître. Il a toutefois accepté de me signer quelques-uns de ses livres, sauf celui où il était en mauvais terme avec l’éditeur. Cela me rappelait l’attitude de Bobby Fischer…
Son approche des échecs était celle d’un puriste, à la recherche de la vérité, un défenseur des échecs classiques, à l’opposé de ce qui se passe aujourd’hui au sommet de la hiérarchie, bien loin des « échecs spectacles ».
Son implication presque sans limite dans la recherche de la vérité qu’il voulait démontrer par ses analyses et, dont le côté humain devait prédominer par rapport à la puissance de calcul de l’ordinateur, était une véritable singularité. Robert Huebner s’investissait pleinement dans ce travail, alors qu’aujourd’hui certains pensent qu’en 3 lignes sur les réseaux sociaux affublées de points « ?? » ou « !! » on peut expliquer la complexité d’une partie de haut niveau. En réalité, souvent le « commentateur » n’a fait que suivre la jauge de Stockfish pour ponctuer les coups.
Il consacra un chapitre entier, plus de 40 pages, dans le livre « The Magic Tactics of Mikhail Tal » K. Müller & R. Stolze (New in Chess 2012) à décortiquer la célèbre partie Tal-Keller (Zurich 59). Voici sa conclusion : « La discussion sur cette partie pourrait remplir un livre entier. Ici, nous avons dû nous limiter à quelques modestes suggestions. »
Je retiendrais surtout sa vision du jeu du magicien de Riga : « De mon point de vue, les parties que Tal gagna jusqu’à la conquête du titre mondial sont celles qui sont les plus importantes pour le développement du savoir échiquéen. Avec elles, il a montré à nouveau comment en sacrifiant du matériel on pouvait créer à long terme des perturbations dans la coordination entre les forces opposées, que ce soit parce que le roi adverse était en danger, ou pour d’autres raisons qui ont empêché les pièces de collaborer ensemble harmonieusement. Il n’y a aucun doute qu’il était un pur tacticien comme beaucoup de critiques l’ont dit avec admiration ou en le dénigrant. Quiconque pense qu’il terrassait ou embrouillait ses adversaires avec des sacrifices pour ensuite, lorsqu’ils étaient sous le choc, les duper avec des ressources tactiques, n’ont pas compris la manière de jouer de Tal, qui était essentiellement une méthode de nature stratégique. Quelquefois il l’appliquait correctement, quelquefois de façon inappropriée, comme n’importe quel stratagème qui peut être utilisé à bon ou mauvais escient. Ce qui l’a aidé à réaliser ses objectifs était sa capacité rapide et peu courante pour déceler les éléments tactiques importants dans chaque position. Probablement qu’il ne calculait pas autant que cela, mais immédiatement il percevait les variantes les plus importantes. »
Curieusement, malgré un palmarès des plus étoffés, peu de ses parties alimentent les recueils des plus connues du XXe siècle. Dans le célèbre « Informateur » aucune de ses victoires a été répertoriée comme faisant parties des 10 meilleures attribuées à chaque volume. On a retenu que ses défaites !
Voici sa victoire obtenue contre Tal qui n’était pas au mieux de sa forme à Leningrad (St-Pétersbourg). Commentaires abrégés de Huebner.
Mikhaïl Tal (2655) - Robert Huebner (2600) Leningrad 1973
1.e4 c5 2.♘f3 e6 3.d4 cxd4 4.♘xd4 a6 5.♘c3 ♕c7 6.♗e2 b5 7.a3 ♗b7 8.f4 ♘c6 9.♗e3 ♘xd4 10.♕xd4 ♘e7 11.♖d1 ♖d8 (?)
« Le but de cette décision n’est pas clair pour le moment. Plus flexible était 11...♘c6 12.♕d2 ♗e7 car après 13.0-0 (13.♘d5 exd5 14.exd5 est exclu car les Noirs gagnent une pièce après 14...♘d8 15.d6 ♗h4+ 16.g3 ♕c6) 13...d6 les Noirs peuvent se passer du coup « …Tad8 »
12.0-0 ♘c6 13.♕d2 ♗e7 14.♕e1
« Le coup choisi par les Blancs, qui vise à transférer la Dame en f2,g3 ou h4 et à attaquer le Roi ennemi, est prometteur. »
14...d6 15.f5
« Abandonnant le contrôle de la case e5, les Blancs lancent sans délai une attaque sur l’aile Roi. Il est difficile de suggérer mieux, si les Noirs réussissent à achever leur développement sans être dérangés, ils auront de bonnes chances en jouant Ca6-a5-c4 ou Fe7-c6 au bon moment. »
15...0-0 16.f6
« Les Blancs continuent de manière tranchante. Après d'autres coups, les Noirs obtiennent une position satisfaisante en utilisant la case e5. »
16...♗xf6 17.♖xf6
Un sacrifice de la qualité qui exploite le fait que le Cavalier du roi se trouve éloigné sur c6 et permet de provoquer un affaiblissement de l’aile Roi qui offre des compensations avec des chances d’attaque.
17...gxf6 18.♕h4 ♕e7 19.♖d3
À l’époque Huebner a jugé ce coup comme douteux pour préférer 19.Fh6. Puis en 1996 dans son recueil de parties, il analyse longuement cette position pour conclure : « Après le coup du texte, les chances des deux côtés sont également en équilibre. Le choix semble être une question de goût. »
19...f5
« Les Noirs dégagent la 7e rangée pour leur Dame, qui peut alors participer à la protection des cases g7 et h7. »
20.♗g5 f6 21.♗h6 fxe4
« Les Noirs veulent garder le centre de leurs pions intact, mais le coup du texte permet au Cavalier blanc d'atteindre la case h5, où il exerce une forte pression sur le Roi noir. Les Noirs n'ont aucun avantage. »
22.♖g3+ ♔h8 23.♗g7+
« Après 23.♗xf8? ♖xf8 24.♕xe4 ♘e5 les Noirs auraient gagné sans difficultés. »
23...♕xg7 24.♖xg7 ♔xg7 25.♘xe4 ♘e5 26.♘g3 ♘g6 27.♕d4
« Depuis ce poste central, la Dame est prête à fondre du côté de l’aile Dame noire, tout en gardant un œil sur l'autre aile. Dans cette position, la Dame est au moins aussi forte que deux Tours et un pion. Dès que les Blancs gagneront un pion sur l'aile Dame, sans encourir aucun désavantage en retour, ils auront une position supérieure car les pions centraux des Noirs nécessitent une protection constante. Par conséquent, les Tours sont mal placées. »
27...♔h8 28.♘h5 ♘e5 29.♕h4
À l’époque Huebner avait jugé ce coup fautif pour lui préférer 29.Db6, mais en réalité la position offre des chances égales.
29...♖d7
30.♘xf6?
« Après ce coup, les Blancs perdent de manière forcée. Le coup correct était 30.a4!, les Noirs perdent un pion sur l'aile Dame et les Blancs obtiennent un jeu satisfaisant. » Une erreur qui échappa à de nombreux commentateurs dont plusieurs du niveau de GMI mais à l’époque il n’existait pas la « petite machine » pour la mettre en évidence en quelques secondes.
30...♖g7
« Il n’y a pas de possibilité satisfaisante de protéger le pion g2. »
31.♕h6
Le problème est qu’après 31.g3 ♖gf7 32.♘e4 n’est pas possible à cause de la faiblesse de la case f3. 32...♖f1+ 33.♗xf1 (33.♔g2 ♖8f2+ 34.♔h3 ♖xe2-+) 33...♘f3+-+
31...♖xg2+ 32.♔f1 ♖f7 33.♗h5 ♘g4 34.♗xg4 ♖xg4 0-1
« J'ai qualifié le coup 30.♘xf6 de seule erreur grave dans cette partie. Les finales qui semblaient si prometteuses aux yeux de Tal lorsqu'il a analysé la partie (après 29.♕b6) ne sont à mon avis pas de meilleures options que l'attaque que Tal a choisi de poursuivre selon son inclination naturelle. La différence peut s'expliquer en partie par le fait que Tal n'est pas intéressé à rédiger des commentaires analytiques. Son approche est subjective : il veut expliquer la partie historico-psychologique du jeu, et la situation sur l’échiquier l'intéresse principalement comme arrière-plan de ses pensées et de ses émotions. »
Une déception pour Tal, meilleur Elo du tournoi, qui encaissait sa 3e défaites. Son état de santé fut à nouveau problématique, ce qui forçat les organisateurs à déplacer la partie de la 4e ronde qui aurait dû se jouer le 7 juin, 3 jours plus tard. Huebner partagea la 5e place en compagnie de Larsen et ne put se qualifier pour les candidats. Cette partie illustre le souci de la recherche de la vérité qui caractérise le travail d’Huebner et je ne peux que vous inciter à lire l’intégralité de ses commentaires dans son recueil « Twenty-five Annoted Games » (Ed. Marco Verlag Arno Nickel-Berlin 1996).
J’ai été particulièrement sensible à sa vision sur l’usage de la ponctuation des commentaires : « J'ai ajouté un point d'interrogation aux coups qui changent une position gagnante en partie nulle, ou une position nulle en partie perdante, selon mon jugement ; un coup qui transforme une partie gagnante en une partie perdante mérite deux points d'interrogation. J'ai ajouté des points d'interrogation entre parenthèses aux coups qui sont évidemment inexacts et augmentent considérablement la difficulté de la tâche du joueur, mais ne modifient pas l'évaluation de la position. Il n’y a pas de points d’exclamation, car ils ne servent à rien. Le meilleur coup doit être mentionné dans l'analyse dans tous les cas. Un point d'exclamation ne peut servir qu'à indiquer l'enthousiasme personnel du commentateur. »
En 1976, lors de l’interzonal de Bienne, j’étais dans salle de jeu en compagnie d’Alex Crisovan, l’un des rédacteurs du livre du tournoi, lorsque se produisit un craquage psychologique incroyable. Un véritable « drame » dans la carrière d’Huebner qui le priva d’une qualification pour les candidats au titre.
Dans l’avant-dernière ronde, Huebner était en tête du tournoi et sur le point de remporter la victoire face… à Petrosian ! Lorsque survint cette position, une grande agitation s’empara du public venu nombreux. Un brouhaha inhabituel pour un tel évènement perdura pendant plusieurs minutes.
Après avoir dominé son redoutable adversaire en obtenant 2 pions de plus, passés, sur l’aile Dame, il laissa échapper un gain, pressé par la pendule. Il lui restait moins de 5 minutes pour atteindre le contrôle du temps au 40e coup.
37.g3?
37.♕e8+ ♔g7 38.♖e7+ ♔h6 39.♕f8+ ♗g7 40.♕xg7+ ♔h5 41.♕xh7#
37...♘xf4 38.♕e8+ ♔g7 39.♖e7+?
39.gxf4 ♕xf4+ (39...♕xd5 40.♖e7+ ♔h6 41.♕f8+ ♔h5 42.♖xh7#) 40.♘g3+-
39...♔h6 40.♘f2
40.gxf4 ♕xf4+ 41.♘g3 ♕f2+ 42.♗g2 ♕g1#
40...♗xf2 41.♖xh7+ ♔g5! 0-1
41...♔xh7? 42.♕g8+ ♔h6 43.♕h8+ ♔g5 44.♕h4#.
41...♔g5! 42.h4+ ♔g4 43.♗f3+ ♔xf3 44.♕a8+ ♔g4-+
Robert Huebner est probablement le plus talentueux GMI venu d’Occident de cette génération avec Jan Timman. Je reviendrai sur la carrière de ce joueur exceptionnel dans un prochain numéro de la revue Europe-Echecs.
Georges Bertola
« Je remercie Gérard Demuydt pour la mise en page de cet article. »