Grand Prix de Bakou : Ronde 7

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Shakhriyar Mamedyarov | Photo Maria Emelianova | (DR)

En bref

Victoire de Karjakin sur Nakamura et défaite de Caruana face à Andreikin.

Du 1er au 15 octobre 2014, la capitale de l’Azerbaïdjan accueille le premier des 4 Grand Prix du cycle 2014-2015. Onze parties à la cadence de 40 coups en 2 heures, puis 20 coups en 1 heure, et enfin 15 minutes K.O., avec un incrément de 30 secondes par coup à partir du 61e coup. Jours de repos les 6 et 11 octobre. Site officiel : http://baku2014.fide.com avec parties en direct. Découvrez le nouveau site des www.grand-prix.fide.com

Le GM Emil Sutovsky commente en direct le Grand Prix de Bakou avec le GM Evgenij Miroshnichenko en anglais. Emil Sutovsky ajoutait sur sa page Facebook : «Nous espérons que sera exceptionnel et non pas juste un commentaire en direct comme pour n'importe quel autre tournoi.» Sergey Shipov commente en russe, Anar Allahverdiyev et Farid Abbasov en azéri.

Pl. Joueurs Elo Nat Score 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Perf. +/-
1 Gelfand, Boris 2748 ISR 4.5/7 X ½ ½ ½   ½     ½ 1 1   2857 +11
2 Caruana, Fabiano 2844 ITA 4.5/7 ½ X   1 ½   1 ½     0 1 2848 +0
3 Kasimdzhanov, Rustam 2706 UZB 4.0/7 ½   X ½ ½ ½ ½   ½   1   2785 +8
4 Karjakin, Sergey 2767 RUS 4.0/7 ½ 0 ½ X   ½   1 1 ½     2808 +4
5 Radjabov, Teimour 2726 AZE 4.0/7   ½ ½   X   ½   ½ 1 ½ ½ 2809 +8
6 Tomashevsky, Evgeny 2701 RUS 3.5/7 ½   ½ ½   X   ½ ½ ½   ½ 2756 +6
7 Svidler, Peter 2732 RUS 3.5/7   0 ½   ½   X ½   ½ ½ 1 2760 +3
8 Nakamura, Hikaru 2764 USA 3.5/7   ½   0   ½ ½ X ½ ½ 1   2759 +-0
9 Dominguez Perez, Leinier 2751 CUB 3.0/7 ½   ½ 0 ½ ½   ½ X     ½ 2689 -6
10 Grischuk, Alexander 2797 RUS 2.5/7 0     ½ 0 ½ ½ ½   X   ½ 2641 -15
11 Andreikin, Dmitry 2722 RUS 2.5/7 0 1 0   ½   ½ 0     X ½ 2652 -7
12 Mamedyarov, Shakhriyar 2764 AZE 2.5/7   0     ½ ½ 0   ½ ½ ½ X 2651 -11
Résultats de la ronde 7 du 09 octobre 2014 à 12h00
Gelfand Boris 2748 - Kasimdzhanov Rustam 2706 : ½-½ (66) Gambit Dame
Nakamura Hikaru 2764 - Karjakin Sergey 2767 : 0-1 (60) Début Vérésov
Mamedyarov Shakhriyar 2764 - Tomashevsky Evgeny 2701 : ½-½ (31) Défense Slave
Radjabov Teimour 2726 - Dominguez Leinier 2751 : ½-½ (32) Grünfeld
Svidler Peter 2732 - Grischuk Alexander 2797 : ½-½ (30) Sicilienne 3.Fb5+
Andreikin Dmitry 2722 - Caruana Fabiano 2844 : 1-0 (64) Scandinave

Bon, ben, voilà, Fabiano Caruana a repris sa marche en avant à la poursuite de Magnus Carlsen, après son exploit réalisé à la Sinquefield Cup. Douze petits points Elo le séparent du numéro un mondial. Avec 2851,3 il est le troisième joueur à dépasser les 2850 Elo, après Carlsen et Kasparov. L'Italien affronte aujourd'hui la lanterne rouge du tournoi, Dmitry Andreikin, contre qui il l'avait emporté à Dortmund en juillet 2013, avec les Noirs dans une défense Grünfeld.

Juste derrière «Fabi», le vétéran Boris Gelfand continue de faire des étincelles. S'il y a un joueur qui a compris comment jouer la défense Sicilienne, c'est bien lui. Boris est opposé dans cette septième ronde à Rustam Kasimdzhanov, que l'on voit peu dans les tournois de très haut niveau. Nous sommes impressionnés par la créativité du joueur Ouzbek; avec 20.Cd8! et 22.Tf1!? contre Teimour Radjabov; 8.Cb1! (alors que tout le monde jouait 8.Fe3) contre Peter Svidler; et enfin la position gagnante obtenue hier contre Dmitry Andreikin avec toutes les pièces encore sur l'échiquier, on comprend pourquoi Viswanathan Anand l'a pris comme secondant pour ses matchs de championnat du monde de 2008, 2010 et 2012.

Rustam Kasimdzhanov | Photo Anastasiya Karlovich | (DR)

Rappelons que Rustam Kasimdzhanov a été champion du monde en 2004, au cours d’une compétition très controversée : organisée à Tripoli en Libye, les joueurs israéliens ne purent y participer. Par solidarité ou pour d’autres raisons, un grand nombre de grands maîtres annulèrent leur inscription : huit des dix meilleurs joueurs mondiaux du moment (dont les quatre premiers) refusèrent d’y jouer. Rustam Kasimdzhanov aurait dû affronter Kasparov à Dubaï (Émirats arabes unis) en janvier 2005 en vue de réunifier le titre de champion du monde d’échecs. Le match fut ajourné sine die, pour des raisons d’organisation, compromettant ainsi à nouveau la réunification du titre. Source http://fr.wikipedia.org/wiki/Rustam_Qosimjonov

Les mimiques d'Hikaru Nakamura avant de jouer 6.Dg3.
Nakamura-Karjakin
Après 17...0-0
Nakamura-Karjakin
Après 22...Td5
Nakamura-Karjakin
Après 27.Te4

Le début de partie le plus intéressant est sans contestation possible celui de la rencontre entre Hikaru Nakamura et Sergey Karjakin. L'Américain a choisi la très rare attaque Richter-Veresov, après 1.d4 d5 2.Cc3 Cf6 3.Fg5, appelée aussi début Levitski-Veresov en Russie du nom de Gavriïl Veresov, et attaque Richter en Allemagne du nom du joueur allemand Kurt Richter. L'intérêt n'était pas forcément dans les positions obtenues sinon à la pendule. Jugez plutôt : 24 minutes de réflexion de la part de Karjakin pour jouer 5...c4. 34 minutes avant que Nakamura ne continue par 6.Dg3. 16 minutes pour 6...Da5 et 31 pour jouer 8.Rb1. Alexander Grischuk, qui avait déjà annulé contre Peter Svidler et se trouvait aux commentaires avec Emil Sutovsky, déclarait : «Nakamura-Karjakin va être une partie fantastique - j'espère qu'ils auront 1 minute pour 20 coups chacun !» Toujours est-il que les Blancs n'ont rien obtenu de tangible avec ce début et en moins de 20 coups se retrouvaient même devoir prendre des mesures pour ne pas subir une attaque sur leur grand-roque, comme on peut le voir dans le premier diagramme après 17...0-0. Hikaru refuse de défendre passivement et tente de contre attaquer par 18.Td4 Dxc5 19.Tg4. Si Sergey Karjakin avait eu plus de temps il aurait sans doute trouvé 19...h5! qui le laissait avec avantage. Par exemple : 20.Td4 (si 20.Tg3? c3!) 20...b4. Cependant, avec 20 minutes, le Russe a joué 19...Tfd8 et Hikaru a récupéré son pion par 20.Dh6 Df8 21.Dxf6 Rh8 22.Df4, même si les Noirs ont conservé l'initiative sur l'aile-Dame par 22...Td5, comme dans le deuxième diagramme. 23.Cg5 menace de prendre en f7, mais les Noirs ont le choix entre 23...Tcd8 avec un mat en 2 coups sur d1 qui gagne le temps de défendre par ...T8d7, et le coup de la partie : 23...Tf5. Nakamura, avec 13 minutes, a répondu par 24.De3. 24...Td8 25.Th4 Rg8 26.Tg4?!, avec 9 minutes, a reçu la forte réponse 26...h5! qui force 27.Te4, comme dans le troisième diagramme. Ici, les modules donnent 27...Tfd5 avec un grand avantage noir. Toutefois, avec à peine 5 minutes, Sergey Karjakin a préféré le plus simple 27...Db4 qui a transposé en finale de Tours avec un pion de plus après 28.c3 Fxc3 29.Dxc3 Dxc3 30.bxc3 Txg5 31.g3. Un deuxième pion blanc succombera et la technique sans faille de Karjakin poussera son adversaire à l'abandon au 60e coup.

Dmitry Andreikin | Photo Maria Emelianova | (DR)
Andreikin-Caruana
Après 26...h6
Andreikin-Caruana
Après 40...Ta7
Andreikin-Caruana
Après 64.Rb5

C'est assez rare depuis quelque temps pour le signaler, mais Fabiano Caruana a obtenu une position inférieure contre Dmitry Andreikin. Nous l'avons régulièrement fait remarquer : les affrontements entre le premier et le dernier d'un tournoi réservent souvent des surprises. La défense Scandinave choisie par l'Italien lui a causé pas mal de soucis, sur l'échiquier comme à la pendule. D'ailleurs, dans la position du premier diagramme après 26...h6. Andreikin a joué 27.d7 avec avantage blanc et 10 minutes à la pendule, alors que 27...De7 laissait «Fabi» avec seulement 5 minutes. C'est avec moins d'une minute que Caruana va aborder les 6 derniers coups ! Le contrôle du temps est atteint dans la position du deuxième diagramme après 40...Ta7. Le pion b5 va tomber et la position noire est difficile à défendre. Le Russe va prendre son temps avant de continuer et, combinant attaque sur le pion f6 avec l'avancée du pion passé, causera une première défaite de Caruana, troisième diagramme, depuis la ronde 6 de l'Olympiade de Tromso, où l'Italien s'était incliné face à Magnus Carlsen il y a 26 parties de ça !

A la question : Qu'est-ce qui s'est mal passé aujourd'hui ? Fabiano Caruana a répondu : «Tous mes coups étaient plus ou moins mauvais, du premier au dernier. Voilà ce qui s'est mal passé.»