À la une des échecs depuis 1959

Depuis que le titre de grand-maître est décerné officiellement, la quête du Graal a vu des centaines de milliers de jeunes joueurs s’attaquer à ce défi.
In fine, le monde des échecs compte aujourd’hui près de 1300 grands-maîtres.
Le paradoxe du grand-maître pourrait être le suivant si l’on se situe du côté du modèle consumériste dominant :
Pourquoi tant d’abnégation, de dur labeur ? De travail d’introspection qui demande un effort énorme afin de parvenir à un niveau de maîtrise nécessitant une rationalisation de tout l’apprentissage qui est fait et, somme toute, récolter des résultats économiques aussi affligeants ?
Les ratios économiques entre le travail consenti et les dividendes sont proches du salaire minimum.
Les grands-maîtres sont-ils réellement dotés de raison ?... Lorsqu’ils auront obtenu leur titre, la plupart d’entre eux se retrouveront dans une impasse.
Voilà le raisonnement type que nous sert la société de consommation dans laquelle nous vivons.
Non, je ne suis pas en train de devenir marxiste…….quoique….. !
Pour continuer à entretenir nos rêves, heureusement qu’il existe encore des aventuriers.
Que ce soit la course autour du monde à la voile en solitaire, le tour du monde en montgolfière sans escale comme Steve Fossett, le dépassement de soi est toujours une aventure incertaine ; mais parce qu’incertaine, tellement exaltante.
Devenir grand-maître c’est faire partie des conquérants de l’inutile.
Parvenir à ce titre tant convoité relève quelque peu d’un « sado-masochisme » cérébral.
Dans le désir de cet accomplissement, il faudra battre des adversaires ; ce qui induira de « tordre l’ego » et donc de faire souffrir certains joueurs.
Mais il faudra aussi surmonter sa propre souffrance lorsque les défaites seront au rendez-vous et si possible en sortir renforcé.
Maîtriser les éléments est une constante dans l’histoire de l’humanité qui a permis à notre espèce d’évoluer vers un mieux être.
Une certaine maîtrise autour de l’échiquier à défaut d’être rémunératrice permet à tous ceux qui pratiquent le jeu à ce niveau, une jouissance (et le mot est faible ! Il suffisait de voir Kasparov exprimer son bonheur dans les analyses post-mortem !) qui justifie les immenses sacrifices consentis.

Bonne lecture à toutes et à tous.

Bachar Kouatly.