À la une des échecs depuis 1959

Nous n’essaierons pas, une fois encore, de démontrer les raisons pour lesquelles peu de femmes jouent aux échecs. Nous avons remarqué, peut-être est-ce l’air du temps, que les épouses des deux derniers champions du monde occupent une place importante dans les médias échiquéens.
Aruna Anand s’occupe des affaires d’argent et des négociations pour le compte de son mari. Son rôle est donc majeur dans l’ascension de Vishy Anand vers les plus hauts sommets, puisqu’elle lui a permis de se consacrer complètement au jeu. Sa grande courtoisie, ainsi que sa finesse, cache joliment un caractère de fer.
Marie-Laure Germon-Kramnik a connu son illustre mari après sa formidable victoire contre Kasparov en 2000. Contrairement à Aruna, c’est une joueuse d’échecs aux multiples talents. Son charme, son éclectisme, son érudition et sa virtuosité intellectuelle ont pu être synonymes, pour Vladimir Kramnik, d’une certaine idée que ce jeune homme russe pouvait avoir de la France.
Ces deux grands champions sont des modèles d’équilibre. Aruna et Marie-Laure, y contribuent chacune à leur manière grâce à leurs personnalités fortes et attachantes.
Les échecs féminins ont bénéficié de l’irruption de Judit Polgar dans la cour des grands chez les hommes. Elle a certainement brisé un tabou qui n’est pas politiquement correct et qui consistait à croire que les grandes championnes étaient loin du niveau de jeu des meilleurs joueurs mondiaux. Aujourd’hui, Humpy Koneru, Hou Yifan, Marie Sebag et toute une génération de jeunes joueuses sont capables de gagner contre n’importe quel grandmaître masculin. Avant, une telle performance relevait de l’exploit ; aujourd’hui, elle n’étonnera pas grand monde.
La grande place de la photo et l’arrivée de la vidéo sur Internet vont accélérer le mouvement qui est déjà en marche. Les tournois mixtes plaisent et les deux derniers « Circuits Espoirs Europe Echecs » ont montré à merveille combien la présence de jeunes compétitrices comme Marina Brunello à Cannes ou Cécile Haussernot à Genève avait apporté une saveur particulière à ces tournois.

Bonne lecture à toutes et à tous.

Bachar Kouatly