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Chaque championnat du monde nous livre des enseignements. Le match Anand-Kramnik, qui a vu une victoire sans discussion du champion indien, est un modèle pour la préparation d’avant-match.

En 2000, lors du match Kasparov-Kramnik, ce dernier avait réussi grâce à la variante Berlinoise de la défense Espagnole à neutraliser la préparation de Kasparov avec les Blancs. Son plan de neutralisation avait fonctionné à merveille. Il gagna 2 parties et détrôna « l’Ogre de Bakou » qui dominait le monde des échecs depuis 1985. À Bonn, en octobre 2008, Anand a neutralisé Kramnik avec les pièces blanches en jouant cinq fois sur six 1.d4. Il a fallu un travail inestimable afin de changer de répertoire en un an.

Mais l’effet de surprise fut considérable étant donné qu’Anand a presque toujours joué 1.e4 et est redoutable sur l’ouverture du pion-Roi. Anand a rempli sa mission avec les Blancs en gagnant une partie et en en annulant cinq autres. La stratégie qui consistait auparavant à annuler avec les Noirs et faire pression avec les Blancs, comme l’ont fait beaucoup de joueurs dont Kramnik, a volé en éclats lors de ce match. Anand a choisi de porter le feu là où son adversaire n’en avait pas l’habitude.

Il a pour cela ouvert les hostilités avec les pièces noires lors de la 3e partie du match en choisissant une variante extrêmement aiguë dans la semi-Slave Méran.

La tension qui se dégagea lors de cette partie, à laquelle l’équipe d’Europe Echecs assistait, fut digne d’un grand thriller hitchcockien. En effet, l’incertitude régna tout au long de la partie et, à ce jeu-là, ce fut Anand qui gagna ce premier bras de fer d’anthologie.

Fidèle à sa préparation, Anand ne força pas avec les Blancs lors de la 4e partie. Le tournant du match se situa lors de la 5e partie.

Kramnik chercha à démontrer à son adversaire que la 3e partie n’avait été qu’un accident. Il s’embarqua à nouveau dans la semi-Slave Méran. Mais Anand démontra à Kramnik, qui commit une gaffe en fin de partie, que la stratégie adoptée avec les Noirs n’était pas le fait du hasard. Je pense que psychologiquement l’Indien venait de démontrer au Russe qu’il était le patron de ce duel.

La 6e partie du match enfonça le clou de manière irrémédiable. On savait déjà qu’il serait impossible pour Kramnik de revenir dans ce match. Les 7e et 8e parties furent des promenades de santé pour Anand.

Heureusement pour Vladimir, il trouva des ressources dans la 9e partie qu’il aurait pu gagner mais Anand trouva l’énergie pour sauver la partie nulle.

Lors de la 10e partie, Kramnik réussit pour la seule fois du match à imposer son style de jeu et gagna cette partie. La dernière partie qu’Anand joua fut une formalité. Son audace aura bien payé. Le champion indien marque d’une empreinte indélébile son entrée dans le club des très grands champions de l’histoire des échecs. Il apporte également des pistes nouvelles sur la préparation des grands matchs. L’équipe d’Europe Echecs tient à saluer tous les organi sateurs de la Toussaint. En particulier ceux de Corse avec un circuit qui renforce les échecs français et aussi les 8e Rencontres Nationales et Internationales du Cap d’Agde organisées par la C.C.A.S. qui ont été, de l’avis unanime, les plus abouties.

En ces temps de crise, qui peuvent être difficiles pour certains de nos lecteurs, nous espérons que la lecture de votre revue et le contenu de nos sites internet vous permettront de passer de bons moments.

Bachar Kouatly
Rédacteur en chef