À la une des échecs depuis 1959

En 1996, lors des championnats du monde des Jeunes en parties rapides organisés à Disneyland Paris, Monsieur Lin, secrétaire général de la fédération chinoise et représentant officiel de la jeune délégation chinoise, souhaitait que le parrain de l’évènement, Anatoly Karpov, daigne accepter une invitation officielle pour visiter l’empire du milieu. Anatoly Karpov arriva fin août 1997 pour un programme officiel prestigieux qui n’a pas cours en occident lorsqu’il s’agit du jeu d’échecs.
Le sponsor Hewlett Packard, ainsi que les moyens et les supports tels qu’affichages, émissions TV en direct et réception au parlement, montraient que les Chinois avaient l’intention d’avancer leurs pions sur la scène internationale. Karpov fut invité une nouvelle fois en 1998 afin de parcourir cinq provinces chinoises.

Depuis l’émergence de Xie Jun, qui devint championne du monde en 1991, les Chinois se sont hissés dans le trio de tête des nations échiquéennes.
Leurs joueuses championnes du monde, Xie Jun, puis Zhu Chen et Xu Yuhua (et probablement dans le futur Hou Yifan, âgée seulement de 14 ans) sont incontestablement les meilleures joueuses actuelles hormis Judit Polgar. Leurs joueurs, depuis l’emblématique Liu Wenzhen, qui gagna contre le GMI néerlandais Jan Donner aux Olympiades de Buenos Aires en 1978, à Wang Yue qui vient de remporter le premier Grand Prix Fide de Bakou, n’ont pas fini leur marge de progression.
Il manque aujourd’hui aux Chinois un champion charismatique comme Fischer ou Kasparov pour que ce jeu puisse connaître un soutien populaire en Chine.
Il faut savoir que le jeu d’échecs chinois et le jeu de go sont encore beaucoup plus populaires que le jeu d’échecs classique. Un champion du monde chinois pourrait rallier, à ce que les Chinois considèrent comme le jeu d’échecs occidental, un grand nombre de nouveaux adeptes.
Le jeu d’échecs nous a apporté son lot de champions du monde qui reflétaient la puissance politique et économique des nations qu’ils représentaient.
Philidor, considéré comme le meilleur joueur de son époque, a représenté une France toute puissante. Steinitz et Lasker ont gagné alors que l’Empire austro-hongrois était encore conquérant. Les Soviétiques ont imposé leurs champions à partir de 1948 et Fischer a, malgré lui, représenté une Amérique qui était la première puissance mondiale. Anand ne déroge pas à la règle puisque son pays se taille une place de choix sur le plan économique.
Dans les prochaines années, il y a de fortes chances qu’un Chinois devienne le numéro 1 mondial aux échecs...

Bonne lecture à toutes et à tous, bonnes vacances et rendez-vous en septembre…

Bachar Kouatly